Le nom de Karim Benzema était dans tous les esprits cette semaine, après sa sélection en équipe de France pour l’Euro 2020 qui doit débuter dans une quinzaine de jours.
La légende du football français et attaquant madrilène n’avait plus été sélectionné par Didier Deschamps pour des raisons purement extra-sportives, alors même que son parcours au sein du Real de Madrid est sans équivoque.
Karim Benzema affiche un palmarès digne des plus grandes élites du football international. Quatre fois champion de France avec l’Olympique Lyonnais, quatre fois vainqueur de la Ligue des Champions avec le Real, trois fois lauréat du championnat d’Espagne, ou encore trois fois gagnant de la Supercoupe d’Espagne, ses trophées parlent pour lui.
Mais en France, il suffit d’évoquer son nom pour susciter les pires crispations identitaires.
De l’ancien premier ministre Manuel Valls aux partisans du Rassemblement National en passant par des militants islamophobes, tous ont un avis, sans aucun lien avec le sport, sur le joueur.
Dans une tribune publiée ce vendredi sur le site d’Europe1, Manuel Valls revient sur cette affaire qu’il a largement contribué à alimenter.
« Ne soyons pas naïfs, la vérité du terrain ne suffira pas » écrit sans détour l’ancien candidat à la mairie de Barcelone, avant d’assurer que c’est surtout « son attachement au pays dont il porte les couleurs qui sera observé ».
Ainsi l’ex-socialiste assume d’exiger de Karim Benzema, d’afficher son patriotisme. Cette injonction, qui n’existe que pour l’attaquant d’origine algérienne, pose question.
À l’extrême-droite, certains pointent son refus de chanter la Marseillaise, ou vont jusqu’à l’accuser d’avoir craché à la fin de l’hymne national français.
Karim Benzema refuse les accusations
Si Benzema est effectivement au cœur de nombreuses polémiques, il est important de préciser qu’elles ont, pour la plupart, été montées de toutes pièces.
S’agissant de l’hymne national, des dizaines de joueurs français ne le chantent pas, sans que cela ne soit relevé par personne.
Il a par ailleurs été forcé de sortir du silence lorsqu’il a été pointé du doigt pour un prétendu crachat.
« Je trouve ça lamentable. C’est nul d’inventer des histoires comme ça, de dire des choses graves (…). Pendant la Marseillaise, je suis concentré, je pense aux victimes, aux familles, à ma famille, aux gens qui m’aiment, au football. Je suis sincère et sérieux dans mon regard. Je crache à la fin, comme à tous les matchs, comme tous les joueurs. Et en plus, je me tourne. A aucun moment, dans ma tête, je ne pense à cracher sur la Marseillaise ou à des choses comme ça. C’est lamentable de me faire passer pour quelqu’un qui ne respecte pas le pays, les morts. Ça, ça fait mal » s’était-il défendu à l’époque.
L’affaire Nicolas Anelka
En 2010, à Knysna en Afrique du Sud, et sous les yeux du monde entier, les Bleus, qui participent à la Coupe du monde, refusent de sortir de leur bus pour protester contre la non-sélection de Nicolas Anelka.
Si cet événement a été l’une des plus grosses crises traversées par la Fédération Française de Football, le nom de Karim Benzema est aussi systématiquement associé à cet épisode. Il est accusé d’en avoir été l’un des instigateurs alors même qu’il n’était lui-même pas présent ni sélectionné pour cette Coupe du monde.
Mais ce qu’oublient de mettre en lumière les détracteurs du joueur, ce sont toutes les illustrations de son attachement à la France.
Par ailleurs, si légalement, il aurait pu préférer payer ses impôts en Espagne où il évolue depuis 12 ans, Karim Benzema continue de s’acquitter d’une grande partie de ses impôts en France. Une démarche louable pourtant très peu relayée par ceux qui sont dérangés par sa sélection sous les couleurs tricolores.
Fier de retourner en équipe de France
Suite à l’annonce de son retour sous le maillot bleu, après plus de cinq années d’absence, la star madrilène a donc fait part de son émotion sur les réseaux sociaux.
« Tellement fier de ce retour en équipe de France et de la confiance que l’on m’accorde. Merci à ma famille, mes amis, mon club, à vous… et à tous ceux qui m’ont toujours soutenu et me donnent de la force au quotidien » a-t-il écrit avant d’utiliser le hashtag #AllezLesBleus et #AlHamdulilah ».
Une dernière allusion à sa religion, qui a fini par enrager certains polémistes extrémistes, dont notamment Eric Zemmour qui s’en est insurgé au cours d’un débat sur la chaîne CNews.
Enfin, Karim Benzema est, sans aucun doute, visé pour des faits très simples : il est d’origine algérienne, affiche fièrement ses origines, son histoire ,.. Il est aussi issu d’un quartier populaire, et reste un modèle pour de nombreux jeunes issus de l’immigration … Un modèle auquel rien ne laissait présager un tel destin.
Une réussite insolente aux yeux de ceux qui voudraient un autre modèle.