Les trois mosquées titulaires de l’agrément interministériel les habilitant à délivrer les autorisations de pratique du sacrifice rituel ont exprimé, jeudi dans un communiqué, leurs inquiétudes de l’interdiction de « l’abattage halal » de poulets à partir de juillet 2021.
Selon ce communiqué, « les responsables de la Grande Mosquée de Paris, de la Grande Mosquée de Lyon et de la Grande Mosquée d’Évry, titulaires de l’agrément interministériel les habilitant à délivrer les autorisations de pratique du sacrifice rituel, et assurant la certification halal des viandes et produits destinés à la consommation de la communauté musulmane, se sont réunis le lundi 15 mars 2021 à la Grande Mosquée de Paris pour examiner les voies et moyens de sensibilisation des pouvoirs publics sur la situation dramatique que risquent de vivre les musulmans de France suite à la parution de l’instruction technique DGAL/SDSSA/2020-722 du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation datée du 23/11/2020 ».
En effet, cette instruction, instaurant des « Contrôles officiels relatifs à la protection animale en établissement d’abattage de volailles au moment de leur mise à mort », impose désormais des conditions d’abattage ne permettant pas de répondre aux principes dogmatiques et fondamentaux de l’abattage rituel Halal.
« C’est aussi un mauvais message que l’on envoie à la communauté musulmane en cette veille de Ramadhan », s’insurgent les responsables de trois mosquées.
D’après ce communiqué, « à compter du mois de juillet 2021, l’abattage rituel Halal de volaille en France ne sera plus autorisé », à cause de l’instruction du ministère.
Les discussions n’ont rien donné
Toujours selon le communiqué, les responsables des Grandes Mosquées auraient déjà fait part de leurs préoccupations auprès du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Agriculture, « sans pour autant parvenir à un résultat satisfaisant, permettant d’assurer le respect des principes de l’abattage rituel Halal tel qu’il était pratiqué jusqu’à présent ».
Ils estiment, d’ailleurs, que « ces dispositions sont une grave entrave au libre exercice du culte » avant d’annoncer « la volonté de mener toutes les actions légales pour rétablir ce droit fondamental ».
Chems-eddine HAFIZ, recteur de la Grande Mosquée de Paris, Kamel KABTANE, recteur Grande Mosquée de Lyon et Khalil MEROUN, recteur de la Grande Mosquée d’Evry précisent, également, qu’un rapprochement avec d’autres responsables religieux, notamment du culte israélite de France, était en cours, « afin d’échanger avec eux sur cette grave problématique ».
Considérant que ce principe ne permet plus aux musulmans de France de consommer selon leur rite, ils demandent « en conséquence, au ministre de l’Agriculture de les recevoir en urgence pour les entendre sur cette question ».
La certification Halal de ces mosquées contestées
Pourtant, la majorité des musulmans contestaient déjà la certification de ces trois mosquées. En effet, selon un spécialiste il existe 3 types d’abattage en France.
1/ Abattage non halal dit conventionnel. Donc avec électronarcose et avec les paramètres électriques imposées par l’Europe. Paramètres qui tuent sans aucun doute la bête avant qu’elle ne puisse respecter les rites du halal.
2/ Abattage halal sans aucune électronarcose. Cela impose la contention, les autorisations préfectorales. C’est la manière la plus clean, le halal sans concessions, comme le fond par exemple AVS, Chahada etc…
3/ Abattage dit halal avec un électronarcose atténuée ne respectant pas les paramètres européens ni étant très scrupuleux d’un point de vu de l’éthique islamique. C’était toléré par la loi. Et la contention n’était pas obligatoire par exemple. C’est ce que faisait parfois la Mosquée de Paris, Evry, Lyon pour avoir davantage de rentabilité.
D’ailleurs, à plusieurs reprises, des sites spécialisés comme Alkanz ont dénoncé cette troisième méthode et aussi le manque de moyen pour faire des contrôles sérieux.
Selon ce spécialiste, cette directive ministérielle fait disparaître le cas 3. En conséquence, pour le spécialiste, « ceux qui faisait le cas 3 doivent choisir leur camps : 1 (Haram) ou 2 (Halal mais avec des complications). Le fait que la communauté juive n’a pas réagi vient du fait qu’elle utilise également la méthode 2.
Tollé sur les réseaux sociaux
Suite à la publication du communiqué, les membres de la communauté musulmane ont dénoncé « une atteinte, une fois de plus, contre la liberté de religion ».
Ces réactions ne concernent pas uniquement la décision du gouvernement, mais touchent également l’attitude des responsables musulmans, notamment celle de la Grande mosquée de Paris et de son recteur.
En effet, plusieurs internautes musulmans considèrent que « le gouvernement prend de plus en plus de liberté dans la lutte contre les musulmans à cause de l’accommodement des dirigeants ».
Un internaute déclare d’ailleurs : les mosquées collabos paient leur comportement de béni oui oui. Ils ont signé la charte des imams en voulant démontré qu’ils étaient « gentils ». Mais ils n’ont pas compris qui étaient en face d’eux. Ils pleurnichent et il méritent bien leur sort ».
En effet, la Grande Mosquée de Paris est accusée de se caler systématiquement sur les positions du gouvernement notamment en ce qui concerne la charte des imams et la loi sur le séparatisme.