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Offre d’emploi : Reuters recherche journaliste ennemi d’Erdogan (Opinion)

J’ai d’abord jeté un coup d’œil au calendrier pour m’assurer que nous n’étions pas le 1er  avril, puis fais des recherches pour savoir si des fois le réseau n’a pas été piraté. Mais non, aussi incroyable que cela puisse paraître, l’agence de presse britannique Reuters a bel et bien osé déposer sur LinkedIn une annonce ubuesque. 

L’annonce en question émane du Bureau de Reuters Türkiye, l’emploi à pourvoir est Assistant chef de Bureau. Quant au profil recherché est tout simplement surréaliste :

« Au cours de ses deux décennies au pouvoir, Tayyip Erdogan a transformé la Turquie des traditions laïques modernes en une présence diplomatique et militaire affirmée dans des régions s’étendant du Caucase du Sud à l’Afrique du Nord. À un moment critique où le TL a été durement touché et où une inflation élevée menace la candidature d’Erdogan à la réélection dans les mois à venir, nous avons besoin de quelqu’un avec de solides compétences en rédaction et en reportage qui peut livrer des histoires d’entreprise approfondies. »

Démocratie en Türkiye

Pour celui à l’esprit d’analyse aiguisé, cette annonce burlesque démontre qu’une agence de presse étrangère avec un bureau sur le sol turc peut se permettre de narguer ouvertement un Président élu démocratiquement, qu’il qualifie pourtant habituellement de dictateur. Elle démontre aussi que dès qu’il s’agit de Türkiye ou de son Président, l’éthique professionnelle est aux abonnés absents.

Il faut savoir que Reuters n’en est pas à son premier coup d’essai, les risques réputationnelles encourues étant minimes, dès lors qu’il s’agit de Türkiye, cette agence n’hésite pas à propager des fakes news comme en 2013 lors des émeutes de Gezi ou à Afrin en 2018 lors de l’opération Rameau d’olivier.

Cette offre d’emploi démontre aussi qu’en réalité Reuters ne recherche pas un journaliste, mais un ennemi d’Erdogan. Cela présage que les élections présidentielles à venir s’annoncent très mouvementées, aussi bien en Türkiye qu’à l’étranger.

La question est de savoir si Reuters pourrait, avec le même mode opératoire, donner une annonce aux États-Unis ou en Europe contre Biden, Macron ou Scholz ? Et comment réagiraient les électeurs de ces pays si une Agence de Presse africaine faisait la même chose en recherchant un profil capable de verser sa haine dans les colonnes contre les colonisateurs et suprémacistes blancs ?

MD