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Incendie de Rome en l’an 64 : et si c’était Erdogan ? (Opinion)

pkk kurde police

Sur la foi de Suétone, il a été longtemps admis que l’incendiaire de Rome était Néron, or aujourd’hui, il existe un très large consensus pour considérer que les origines du feu sont accidentelles.

Pourtant, si l’histoire s’était basée sur les écrits de Tacite, le bon sens l’aurait emporté, ses explications plus réalistes et factuelles n’auraient plus laissé de doute à la version de l’accident et Néron n’aurait pas porté la terrible responsabilité de l’incendie durant des siècles.

Mais, voyez-vous, cette « thèse » ni vendeuse, ni sensationnelle, ne profite à personne. Alors quoi ! Néron n’aurait pas mis le feu à sa capitale pour la rebâtir ? Il n’aurait pas chanté la fin de Troie du haut de la tour de Mécène sur l’Esquilin pendant que la ville brûlait ? Circulez, il n’y a rien à voir ? Non, non et non ! Il y a forcément un coupable. Et si ce coupable n’était autre que… Erdogan ?

Trêve d’ironie, c’est toutefois bien ce qui se joue à chaque fois que le Pkk est touché. Et, c’est ce qui s’est encore passé le 23 décembre 2022 à la suite d’une fusillade ciblant un « centre culturel kurde » à Paris, qui dès l’information passée, les militants du Pkk se sont jetés dans la rue pour scander « Erdogan assassin ». Alors que l’enquête n’avait pas, ou tout juste, débuté, que « nos » militants de la cause mortifère « kurde » du Pkk avait déjà trouvé le responsable.

Le bon sens et la dignité voudraient que suite à un pareil événement, on se laisse le temps du deuil et de l’enquête. Outre le manque de respect aux victimes, cette précipitation démontre que la stratégie bien huilée mise en place, pousse ces militants à agir très vite pour faire passer le message anti Türkiye avant que la vérité n’éclate, l’Histoire ayant démontré que les probabilités ne vont pas dans le sens espéré.

Voyons alors un peu qui est ce piètre « agent d’Erdogan » sur le sol français.

Le présumé tireur au casier judiciaire chargé, William M. est un ancien conducteur de train de 69 ans qui venait de sortir de prison, condamné pour tentative d’homicide et violences aggravées, 2016 tentatives d’homicide sur personne vulnérable, 2019 détentions illégale d’armes, 2021, attaque au sabre d’un camp de migrants. Lors de l’attaque, William M. aurait proféré des propos racistes. Avec tout ça, comment s’empêcher d’ironiser à nouveau, en affirmant qu’il a le profil parfait d’un agent pas bien discret travaillant pour les services secrets turcs.

Même si on imagine que l’identité de l’assassin a pu décevoir les milieux du Pkk, il n’empêche que ces accusations fallacieuses et systémiques ont atteint l’objectif recherché. En effet, certains médias ont relayé les slogans des militants du Pkk, les noms d’Erdogan et de Türkiye ont circulé dans les colonnes, en parallèle à cette fusillade la mention à une autre affaire survenue en 2013, a été ressuscitée. De manière plus professionnelle, en comparaison à la fusillade du 23 décembre de la rue Enghien, en janvier 2013, trois militantes de l’organisation terroriste du Pkk étaient assassinées dans leur repère rue Lafayette à Paris et déjà les militants du Pkk s’étaient affolés pour rejeter la responsabilité sur… Erdogan.

Chose que les sites internet pro Pkk n’ont pas manqué de rappeler, comme « Kurdistan au féminin » ou le journal « l’Humanité » qui visiblement connaient l’identité du ou des assassins mieux que la police.

Or à l’instar de Tacite, si nous analysons les événements de la rue Lafayette de manière objective, quel serait l’intérêt de Türkiye d’attaquer des militants du Pkk de petites envergures ou leurs locaux (sous couvert d’associations) sur le sol français ? Chose qui mettrait en péril les relations franco-turcs déjà bien compliquées ? 

A contrario, nous savons que pour se financer, le Pkk fait du trafic d’armes et du trafic de drogue, il rackette les commerçants kurdes proches ou non du Pkk au nom de la « Kampanya », d’ailleurs les associations servent à la collecte de l’impôt révolutionnaire. 

Il n’hésite pas exécuter les « Hevals » et « Hevalas » (combattants et combattantes dans le jargon du Pkk) qui auraient le malheur de vouloir quitter l’organisation terroriste.  Mais, nous savons aussi que tout cet afflux d’argent engendre parfois des tensions au sein du Pkk qui finissent par des règlements de compte internes.

Aucune preuve de la responsabilité de la Turquie

À ce jour la responsabilité de Türkiye dans cette affaire n’a toujours pas été établie et ne le sera probablement jamais, parmi le peu d’information à ce sujet, nous savons que les victimes se trouvaient dans un local dit « centre d’information du Kurdistan » où il y a un interphone, les portes n’ayant pas été forcées, nul besoin d’être Sherlock Holmes pour se faire une idée de ce qui s’est passé et l’identité du ou des assassins.

Outre la « Kampanya » collectée, les centres dits « culturels », aussi bien en France qu’en Türkiye, servent aussi à recruter des « combattants » de plus en plus jeunes.


Quand le recrutement ne se fait pas de gré, le Pkk n’hésite pas alors à kidnapper les enfants.

Surmontant les peurs de représailles du Pkk, les Mères (kurdes) de Diyarbakir sont en sit-in devant les bureaux de la branche politique du Pkk, le Hdp, ce depuis le 3 septembre 2019 pour condamner les enlèvements et espérant le retour de leurs enfants.

Les pressions sur les Kurdes, mais pas que…

Quelle tristesse d’être envahi par le sentiment d’incapacité à faire comprendre au monde occidental, berné par une prétendue « cause kurde », que les Turcs et Kurdes sont un modèle de bon vivre ensemble, voilà maintenant plus d’un millénaire.

Certes, les citoyens turcs de culture kurde ont été victimes des premières heures de la proclamation de la République et ensuite des coups d’états à répétition en Türkiye. Il est aussi vrai que leur culture a été ignorée, leurs droits élémentaires ont été bafoués. Mais, durant ces années noires, quelle composante de Türkiye n’a pas été victime, à part la bourgeoisie kémaliste et autres satellites de l’outre Atlantique ? Les religieux n’ont-ils pas été emprisonnés et torturés ?

Les mosquées n’ont-elles pas été fermées ? Adnan Menderes, premier Ministre, n’a-t-il pas été pendu tout comme le savant musulman Iskilipli Atif Hoca ? Durant le début des années 80, avec la junte militaire au pouvoir, Kenan Evren n’a-t-il pas affirmé qu’au nom de la parité, il a fait pendre tantôt des militants de Droite et tantôt de Gauche ?

Et pourquoi des femmes et des hommes comme Orhan Miroglu, intellectuel kurde conservateur, emprisonné et torturé, n’a jamais basculé dans le séparatisme du Pkk ? Et pourquoi est-il la cible, comme tant d’autres kurdes, du Pkk ? A-t-il compris qu’opposer turcs et kurdes est une erreur monumentale et que la voie empruntée par le Pkk est sans issue où il n’y aura que des perdants ? Que les seuls gagnants sont ceux qui soufflent sur les braises ? 

Des fakes news 

Enfin, je vous laisse tirer vos conclusions quant à l’intérêt de fabriquer continuellement des preuves là où il n’y en a pas à partir de cette photo largement partagée et reprise par la propagande du Pkk sur les réseaux sociaux.

La photo de ces enfants, victimes de la guerre en Syrie, date de 2013, la propagande du Pkk la reprend et la partage comme s’il s’agissait de victimes de l’opération turque à Afrin pour déloger les éléments nuisibles à sa frontière en 2018. 

Ajout de dernières minutes

Les partisans du PKK ont manifesté ce samedi à Paris. Comme d’habitude, au lieu d’être pacifistes, ils se sont pris police, ont tout cassé sur le passage. La France découvre le vrai visage des partisans du PKK

MD