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Une Suède à deux vitesses, liberté accordée pour brûler le Coran mais pas la Torah

La Suède n’en finit pas de surprendre, à sa politique brouillonne et laxiste qui l’empêche d’avancer dans le dossier pour intégrer l’Otan, elle vient d’y ajouter celle du deux poids deux mesures, déjà décriée par Türkiye.

En effet après avoir autorisé l’extrémiste de droite, Rasmus Paludan, à brûler un exemplaire du Coran, elle vient de l’interdire pour la Torah. 

La semaine dernière, l’extrémiste Rasmus Paludan avait annoncé vouloir brûler le Coran devant l’ambassade de Türkiye avec l’autorisation de la Préfecture de police de Stockholm et le gouvernement suédois.

Le Premier Ministre suédois, Ulf Kristersson, avait alors dénoncé un acte irrespectueux tout en maintenant l’autorisation au nom de la liberté d’expression qui passerait avant tout.

Un traitement à géométrie variable

Ainsi, un acte extrémiste en appelant un autre, un groupe emmené par un écrivain égyptien installé en Suède, a souhaité mettre à l’épreuve ce principe « immuable » pour lequel la Suède se dit intransigeante.

Cet écrivain demande alors une autorisation pour répéter le geste de Paludan devant l’ambassade d’Israël à Stockholm, chose à laquelle le Préfet de police répond favorablement mais butte sur le refus du gouvernement suédois.

Selon les sources qui divergent, le gouvernement suédois aurait opposé un refus catégorique. Mais selon d’autres sources, le gouvernement se serait démené pour dissuader le candidat à l’autodafé à passer à l’acte.

La proscription formelle de l’islam de profaner les lieux et livres considérés sacrés par les croyants des autres religions, fait dire aux membres de la communauté musulmane que l’action tentée par l’écrivain égyptien à vouloir brûler un parchemin de la Torah n’était qu’une mise à l’épreuve sans but d’aller jusqu’au bout.

La Suède fait des concessions à la tête du client

Malgré les appels à la raison, suivis de mises en garde d’Ankara la semaine dernière pour ne pas autoriser les provocations de Paludan et les militants du Pkk qui manifestent avec les symboles de l’organisation terroriste, la Suède n’avait fait aucune concession invoquant la liberté d’expression. 

Or, les mêmes appels provenant d’Israël, cette fois ci pour empêcher l’autodafé de la Torah, semblent avoir fait réagir les autorités suédoises. Qu’il s’agisse d’une interdiction formelle ou d’une dissuasion négociée, preuve est faite que la Suède, avec la volonté, est capable de gérer les crises.

L’ambassadeur d’Israël avait fermement appelé à « envoyer un message aux racistes et extrémistes abusant de la démocratie » avant de se réjouir de l’interdiction à l’encontre de l’écrivain égyptien de manifester. Ce message de Niv Nevo Kulman est pourtant presque mot à mot les vœux exprimés la semaine dernière par Ömer Celik ou Ibrahim Kalin, le premier porte-parole de l’AKP au pouvoir en Türkiye et le second porte-parole de la présidence turque.

Candidature controversée de la Suède à l’Otan

Alors que les analystes politiques ne s’expliquent pas les agissements de la Suède qui tranchent avec sa candidature à l’Otan, deux d’entre eux avancent une thèse. Selon Nedem Sener et Erem Sentürk, la seule explication serait qu’en réalité la Suède ne veut pas intégrer l’Otan.

Selon ces journalistes, la Suède qui s’est toujours opposée à faire partie de l’Alliance de l’Atlantique Nord, a cédé aux pressions des États-Unis qui souhaitent encercler la Russie. De son côté, la Suède ne voulant pas se frotter à l’Oncle Sam, fait tout pour fâcher Türkiye et la pousser à un refus définitif de l’intégration de la Suède. Cette politique vise à laisser faire ou interdire les actions menées selon les intérêts à parvenir à ce but.

Ainsi la responsabilité d’une Suède restée à la porte de l’Otan serait portée par Türkiye malgré la Suède.

MG