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De Salman Rushdie à Rasmus Paludan, le Saint Coran, la machine à faire gagner en popularité. (Décryptage)

Qui peut s’imaginer que s’attaquer à la foi musulmane pourrait être ignoré par les 2 milliards concernés ?  Même si la très grande majorité des musulmans se limite à un sentiment de rejet, qui peut être aussi naïf pour croire que d’autres ne vont pas s’engouffrer dans la brèche pour en tirer bénéfice ? L’autre question (éternelle celle-ci), est de savoir si toute expression, fusse-t-elle de haine, est admissible dans le cadre de la liberté d’expression ?

Ce débat des libertés est une chose, mais donner tribune, distribuer des récompenses pour ensuite (et par la force des choses) attribuer protection aux haineux de l’islam en est une autre.

Loin du 11 septembre 2001, c’est ainsi qu’un jour de 1989 que Salman Rushdie fait son apparition par la provocation et la haine anti musulmane, devenant sans conteste le pionnier en la matière. Une fatwa sera lancée contre ce dernier par l’Iran et n’aura de conséquences que d’accroître sa popularité et une existence sous haute protection policière.

Les attaques du 11 septembre aux États-Unis ne feront qu’amplifier le sentiment anti musulman et donneront naissance aux quatre coins du globe à des figures surfant sur l »islamophobie. Toujours au nom de la liberté d’expression, on pourra entendre de la bouche d’une ado « votre religion c’est de la merde » ou d’un journaliste « c’est les musulmans qui amènent la merde en France ». Preuve que cette parole si chérie et prétendument confisquée est libre, libre d’insulter, libre de propager la haine, libre de monter les uns contre les autres.

Rasmus Paludan récidive. Le monde musulman debout, la Suède reste spectatrice et l’OTAN sourde et aveugle

Si les écrivains, journalistes, caricaturistes ou autres marginaux, font (ou tentent) la popularité sur le dos de l’islam et des musulmans, il n’y a qu’un pas pour les politiciens à franchir la ligne. Zemmour en France ou Geert Wilders aux Pays Bas ne sont que les exemples les plus connus. Visiblement il en fallait plus à Rasmus Paludan pour attirer les projecteurs et c’est mission accomplie. Bien qu’étant un habitué des pratiques nazies consistant à brûler les livres, en l’occurrence le Saint Coran le suédo-danois a récidivé une fois de plus sous les yeux de la police suédoise.

Le choix du semeur de haine pour brûler le livre saint des musulmans devant l’ambassade turc à Stockholm n’était pas dû au hasard. En effet la Suède se démène depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour intégrer l’OTAN, mais cette dernière butte sur le blocage de Türkiye qui lui reproche d’héberger des terroristes du Pkk et du Fetö. Plus tôt dans la journée, les autorités turques avaient mis en garde Stockholm après avoir annoncé l’autorisation à Rasmus Paludan de brûler le Coran devant l’ambassade turc.

Déjà la semaine dernière, une manifestation autorisée par la Suède aux militants de l’organisation terroriste du Pkk, où un simulacre de pendaison du président turc avait été mis en scène et le drapeau turc brûlé, avait provoqué des tensions entre Türkiye et la Suède.

Face à ces agissements où l’état suédois reste passif, le silence de l’OTAN, qui devrait lui rappeler les principes fondamentaux de l’Alliance de l’Atlantique Nord, ne passe pas inaperçu. Cette absence fait dire à certains analystes qu’il s’agit d’une manœuvre visant à marginaliser Türkiye au sein de l’OTAN pour la faire passer pour le vilain canard et à terme l’accuser d’être celle ayant laissé la Suède à la porte de l’Alliance. En effet le pays scandinave ne manque pas de surprendre dans ses démarches pour rejoindre l’OTAN, accumulant les manquements et ignorant les conditions d’Ankara.   

Traitement médiatique

Une fois n’est pas coutume, le traitement médiatique n’est pas à l’avantage de Türkiye. Si les médias des extrêmes droite et gauche n’y vont pas avec le dos de la cuillère en faisant porter la responsabilité à Türkiye, les autres omettent tout simplement de rappeler les conditions pour intégrer l’OTAN ou de préciser que le Pkk est une organisation terroriste reconnue par le monde occidental, dont la Suède et la France.

Faisant abstraction des médias extrémistes où la provocation et le parti pris idéologique fait partie de leur nature, les méthodes de ceux réputés mainstream sont plus subtiles. Ainsi ces derniers vont préférer le terme « kurde » à « militant du Pkk » faisant passer Türkiye pour un pays raciste où le kurde n’aurait pas sa place. Quand le militant du Pkk est condamné par la justice française, on précisera alors « de nationalité turque » comme pour semer le trouble.

Enfin le caractère terroriste du Pkk est rappelé comme suivant : « selon la Turquie » en oubliant que la quasi-totalité des pays occidentaux le reconnaissent aussi comme tel. Ainsi la nature exacte du Pkk (mais aussi sa filiale syrienne le Ypg) n’est jamais abordée sérieusement et reste une nébuleuse aux contours flous dans l’esprit du citoyen occidental.

Suprémacistes et militants Marxistes-Léninistes unis contre l’OTAN, Erdogan et l’islam ?

Au vu des manifestations de ces derniers jours à Stockholm, où d’un côté défilent les militants du Pkk et de l’autre où l’on brûle le Coran, la question pourrait se poser. Car même si les motivations des uns et des autres semblent différentes, l’aversion à l’OTAN de ces deux groupes est bien connue. Il en est de même pour Erdogan qui fait subir au Pkk de très lourdes pertes. Pour ce qui est du rejet de l’islam, celui des extrémistes de droite n’est plus à prouver. Quant à celui des extrémistes de gauche, pas de l’islam mais toutes les religions, fait tout simplement partie de la doctrine.

Même si sa manifestation est moins connue, le rejet de l’islam de l’organisation terroriste du Pkk est une réalité. Bien que les kurdes soient réputés très religieux, les militants du Pkk enterrés dans les camps ne sont pas autorisés à des funérailles conformes aux rites islamiques, d’innombrables mosquées ont été mises à sac et des Coran ont été brûlés par le Pkk en Syrie et Irak.  

Incendie d’une mosquée à Deyrizor en Syrie par le Pkk/Ypg. 27 mars 2022

MG