Un citoyen turc a reçu un refus de la nationalité française pour ses positions politiques. En effet, Murat Buyuk, habitant de Dole, est arrivé en France à l’âge de 4 ans en 1977. Mais apparemment, pour le ministère de l’intérieur, 43 ans de vie dans ce pays tout étant un bon citoyen ne sont pas des motifs valables.
Lorsque Murat Buyuk, 47 ans, a fait une demande de nationalité française, il ne s’y attendait pas du tout à voir ce refus de la nationalité française pour un motif aussi ridicule.
En effet, lui qui n’a jamais connu le chômage, qui a toujours payé ses impôts et qui parle parfaitement le français n’avait pas prévu le coup.
Pourtant, comme un coup de massue, l’adjoint chef l’a assommé avec son motif inattendu.
En effet, votre engagement politique envers votre pays d’origine étant avéré, votre loyalisme envers notre pays et ses institutions n’est pas garanti.
Philippe Landrieve – Adjoint au chef du bureau des décrets de naturalisation
C’est par ces mots qu’il apprend le refus de nationalité. La lettre ne précise pas quels sont ses engagements politiques. Il est évident que c’est plus pour ses positions politiques sur la France elle-même que le problème se pose. En conséquence, on apprend que le délit d’opinion est de nouveau en vigueur en France sans jugement ni emprisonnement. Par contre, l’opinion politique est punie plus subtilement, de manière soft.
Contestation sur les réseaux sociaux
Lorsque la lettre du refus de la nationalité française a été rendu publique, plusieurs franco-turcs sont montés au créneau pour dénoncer la décision.
De son côté, le français Mourad Ghazli, qui vit en Turquie, parle de la dictature de Macron pour évoquer cette histoire et appelle les franco-turcs à retourner en Turquie.
De ce fait, Murat Buyuk signe une tribune dans les colonnes de Medyaturk pour faire une mise au point. Ce refus de la nationalité française est une supercherie pour lui.
Lettre ouverte au ministre de l’intérieur
M. le Ministre, j’aurais aimé commencer mon plaidoyer par un titre comme « J’accuse !» et le publier dans un quotidien comme l’Aurore. Mais je ne suis pas Émile Zola, l’Aurore n’existe plus et je doute que le Figaro, qui l’a intégré depuis, consent à le publier.
Au risque de vous conforter dans vos idées préconçues, je le publie dans ce média franco-turc sous une plume beaucoup moins talentueuse que celle de Zola mais néanmoins tout aussi virale.
Je conviens que les conséquences de l’injustice au quelle je fais face sont loin de m’envoyer au bagne. Toutefois le déshonneur subit et le jugement sans preuve semblent être bel et bien, notre point commun avec le lieutenant Dreyfus. L’Histoire retiendra que plus d’un siècle plus tard « Le Juif » a été remplacé par « Le Musulman » et de surcroît « Le Turc » dans mon cas, duquel il faut se méfier, celui qui se fond dans la foule pour mieux porter atteinte à la République.
M. le Ministre, je suis arrivé en France à l’âge de 4 ans, aujourd’hui j’en ai 47. J’ai reçu mon éducation à l’école de la République où on nous apprenait la grandeur de la France sur les questions des Droits de l’Homme et du Citoyen, Démocratique et Laïque. Et même si on pouvait le ressentir de la part de certains professeurs zélés, j’avais compris que la France Républicaine n’avait pas pour projet d’encourager ses citoyens à nier ses origines ou son histoire personnel.
M. le Ministre, depuis quand l’engagement politique supposé ou réel envers son pays d’origine est un signe de duperie ?
Depuis quand se préoccuper de la prospérité de son pays d’origine et du bien-être de ses ressortissants, dont la famille, ne garantit pas le loyalisme envers son pays d’adoption dans lequel on vit depuis 43 ans ?
Quel paradoxe M. le Ministre !
Alors que vous doutez de ma sincérité, c’est bien en vous basant sur mes déclarations réelles et sincères que vous avez forgé votre opinion.
- Non je ne suis pas engagé dans quelque parti politique turc que ce soit, même si je ne vois pas quel peut être le problème. Si tel était le cas nous n’aurions pas de députés français fêter la victoire des dirigeants étrangers face caméra ou d’autres qui se font porte-drapeaux de tel ou tel pays, et ce sous le toit de l’Assemblée Nationale.
- Oui je suis de près l’actualité de mon pays d’origine comme je m’intéresse à l’actualité de bien d’autres pays et du monde en général.
- Peut-être que cela vous a échappé mais je m’intéresse de plus près à l’actualité de la France, comment peut-il en être autrement alors que ma vie est ici ?
- Oui j’ai de la sympathie pour le président turc, mais cette sympathie n’a rien irrationnelle, elle s’explique seulement par le fait que depuis son arrivée au pouvoir, je me fais moins de souci pour ma famille de Turquie. Si cela peut vous rassurer, ce dont j’en doute, j’ai une certaine admiration pour le Général De Gaulle, mais aussi pour les Français Gilets Jaunes et les grévistes du moment.
Mon attachement à la France est réel
Croyez-moi M. le Ministre, ma sympathie pour le Président turc ne m’aurait pas empêché de secourir cet enfant suspendu au balcon si j’en avais eu l’occasion et la force. Elle ne m’aurait pas empêché non plus de venir en aide à nos concitoyens de confession juive dans l’hypercasher lors des attaques de 2015, c’est juste que l’occasion ne s’est pas présentée. Bien évidemment je ne l’aurais pas fait pour un quelconque bénéfice personnel mais uniquement par bienveillance.
M. le Ministre, sachez que c’est avec la même sincérité que je me serais exprimé si l’on m’avait demandé mon avis sur certains groupes terroristes qui ensanglantent mon pays d’origine et dont la France reconnaît également le caractère terroriste ou encore sur un prétendu génocide auquel mon pays d’origine n’a de cesse être accusé.
M. le Ministre ! que ma francité soit actée ou pas par votre ministère, cela ne changera rien ni à ma personne, ni à mes opinions. Je continuerai à servir la France à travers mes engagements associatifs et professionnels. Pour la grandeur de la France, je continuerais à œuvrer pour la Justice et l’Égalité des citoyens. Je continuerai aussi sans complexe à œuvrer pour la culture turque, je l’apprendrai et la ferai aimer à mes petits-enfants comme je l’ai fait avec mes enfants. Le monde est devenu un village M. le Ministre il est temps de briser les frontières dans nos esprits.
Moi c’est fait…