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La solidarité des associations turques passe inaperçue en France

ramadan associations turques

Depuis le début de ramadan, des associations et des mosquées turques multiplient les actions de solidarités en faveur des plus démunis en France.

En effet, la crise économique et sociale, sans précédent, aggravée par la pandémie du coronavirus, a plongé beaucoup de Français dans la précarité, poussant des milliers de personnes, des étudiants entre autres, à faire la queue devant les associations humanitaires pour avoir de quoi se nourrir.

De même, le nombre de citoyens qui ne peuvent plus manger à leur faim augmente chaque jour.

Face à la carence de l’Etat, des associations font un travail énorme pour faciliter la vie à certains Français, évidemment, loin des caméras des médias de masse.

Les mosquées en première ligne

Lorsque la Covid-19 a frappé la France, début 2020, les citoyens manquaient cruellement de masques. Beaucoup de pays menaient, alors, une guerre sans relâche, pour pouvoir importer des masques en nombre suffisant.

En France, des mosquées avaient mis en place des ateliers de couture afin de les fabriquer et les redistribuer rapidement. Comme l’avait rapporté l’Agence Anadolu, les mosquées turques aussi étaient devenues des usines de confection de masques.

D’ailleurs, la Turquie, par le biais de Présidence de la diaspora turque et des communautés apparentées (YTB) avait contribué par un financement conséquent.

En outre, la Présidence de la République turque avait envoyé du matériel médical à plus de 100 pays dont de nombreux pays européen.

En outre, des entreprises franco-turques avaient fait don de masques et de denrées alimentaires aux personnels soignants.

Toutefois, force est de constater qu’aujourd’hui, tout cet élan de solidarité a été rapidement oublié, laissant place à une suspicion générale à l’égard de la communauté turque.

Chaque semaine, un nouveau débat sur la communauté turque de France crispe les citoyens et attise la haine.

Suite au refus, pourtant légitimé par les craintes exposées à maintes reprises, de signer « la charte pour un Islam de France », le gouvernement français voulait véhiculer un sentiment antiturc par une diffusion massive d’idées selon lesquelles « les Turcs de France seraient antirépublicains ».

Il est pourtant vrai que la communauté turque de France vivait paisiblement, bien ancrée dans la société française. Elle contribue, en outre, largement à la vie économique, sociale et culturelle du pays, bien à l’écart de toute forme de radicalité ; les mosquées et les institutions légales assurant un énorme travail d’encadrement des jeunes.

Pour preuve, combien de personnes d’origines turques ont rejoint Daech en Syrie ?

Mais quel est donc le problème ?

A observer profondément les événements qui se succèdent, deux aspects problématiques peuvent être relevés, et que la France voudrait imputer aux Turcs de France.

Il s’agit de la question arménienne et du PKK. La position des Franco-turcs sur ce sujet ne date pas d’aujourd’hui, donc, ne dépend pas des partisans du président Recep Tayyip Erdogan.

La France veut pourtant imposer aux Turcs sa propre vision sur un sujet polémique, ne faisant pas l’objet d’un consensus au niveau international, afin de criminaliser leur opinion.

Ainsi, en prenant position, unilatéralement, avec la communauté arménienne et en soutenant le PKK, la France rejette ses citoyens d’origines turques.

Le fait que des partisans du PKK soient arrêtés de temps en temps n’y change rien.

La France fait cela pour sa propre sécurité mais laisse faire les terroristes quand ils ne menacent pas ses intérêts.

Il faudra donc arrêter de faire croire que les Turcs ont un problème avec la France, rien que parce qu’ils pensent différemment concernant certains sujets particuliers.

D’ailleurs, ils montrent à chaque occasion leur attachement à la France sans pour autant renier leur origine.

Le mois de ramadan, une illustration de la solidarité

Sur les réseaux sociaux, des dizaines d’associations d’origines turques partagent leurs actions en faveur des étudiants et des plus démunis.

Ces associations, bien qu’elles soient accusées de tous les torts, elles ne font pas de la rancune et continuent de prouver leur attachement à la France.

Cela est, d’ailleurs, vrai pour toutes les mosquées, puisque sous couvert de lutte contre « l’islamisme et le radicalisme », elles sont spécifiquement visées.

Malgré ce climat de rejet, les mosquées en général et les mosquées turques de Milli Gorus et de DITIB en particulier, distribuent des repas dans des résidences étudiantes et dans les rues.

Au cours des années précédentes, avant le coronavirus, beaucoup de mosquées offraient des repas directement sur place où des musulmans et des non musulmans se côtoyaient paisiblement.

Le mois de ramadan permettait à de nombreux sans domicile fixe d’avoir au moins un repas complet le soir.

Pourtant, certains aiment vivre des crispations et des polémiques stériles. Ces débats s’enveniment tellement, que les actes islamophobes se multiplient, allant jusqu’à des menaces de mort à l’encontre de personnalités musulmanes.

Pour un musulman, toutes les actions qu’il accomplies seront récompensées après le décès. De ce fait, il n’attend pas grand-chose de ce monde. Mais tout de même, malgré tant de solidarité, d’efforts et de bonne volonté, ces actions passent inaperçues.

Où son les bonnes nouvelles ?

Combien de médias mainstream ont rapporté les actions de ces mosquées de ces entreprises franco-turques ? En revanche, quand un petit incident survient, ils ne ratent pas l’occasion pour remonter les citoyens français contre « ces immigrés ».

Quand les mauvaises nouvelles occupent 90% du temps d’information, contre 10% seulement pour les actions caritatives, les citoyens français développent forcément une mauvaise image de la population turque.

Il faut dire que les mauvaises nouvelles, allant dans le sens des théories de « Grand Remplacement » sont nettement plus vendeur.

En conclusion, il faudra vraiment revenir à la raison et repartir sur des bonnes bases.

Les Turcs de France font partie de la société française. Les instrumentaliser à des fins politiciennes pour récolter quelques voix supplémentaires ne fera qu’aggraver la situation des plus fragiles.

Il faudra travailler ensemble, non seulement pour mettre fin au radicalisme, mais aussi à la pauvreté qui demeure, quand même, une préoccupation majeure de nos concitoyens. Les associations constituent un atout majeur pour la France et sa cohésion, pourvu qu’elle le comprenne.

Fatih KARAKAYA