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Les trois fédérations du CFCM non signataires de la «Charte» s’expliquent

CIMG CCMFT

Le CCMTF, CIMG, et Foi&Pratique, qui n’avaient pas signé la « Charte des principes de l’Islam de France » lundi à l’Elysée, ont justifié les raisons de leurs désaccords dans un communiqué publié mercredi.

Le communiqué rappelle que « Comité de Coordination des Musulmans Turcs de France (CCMTF), la Communauté Islamique du Millî Görüş (CIMG) et Foi & Pratique, en tant que fédérations composantes du CFCM (Le Conseil français du culte musulman) sont impliquées très activement depuis le début du processus de formation du Conseil National des Imams (CNI) ainsi que dans l’élaboration de sa charte ».

Cependant les trois fédérations « regrettent que cette charte ait été signée d’une part avant d’avoir obtenu l’approbation de toutes les composantes du CFCM – conformément au principe de consensus qui a été respecté au sein de cette institution jusqu’à aujourd’hui – d’autre part sans aucune consultation des imams qui sont les premiers concernés, ni des CRCM et CDCM (conseils régionaux et départementaux du culte musulman) ».

Par ailleurs, les dirigeants des fédérations notent aussi que « la Grande Mosquée de Saint Denis de la Réunion, composante fondatrice du CFCM, ne souhaite pas signer cette charte et ne fera pas partie du futur CNI, se donnant ainsi la possibilité de préserver son mode de fonctionnement actuel ».

Accord sur le principe pas sur la forme

Les fédérations souhaitent également « partager publiquement nos positions sur certaines questions soulevées lors du processus de formation de la CNI ». Ainsi, les responsables soulignent qu’ils sont « évidemment d’accord avec la demande de non-ingérence des Etats, la non-instrumentalisation des religions et le respect de la Constitution et des principes de la République ».

En revanche, « ils pensent que certains passages et formulations du texte soumis sont de nature à fragiliser les liens de confiance entre les musulmans de France et la Nation ».

En outre, toujours selon le communiqué, « certaines déclarations portent atteinte à l’honneur des musulmans, avec un caractère accusatoire et marginalisant ».

Toutefois, les trois fédérations estiment que la mise en place d’un Conseil National des Imams « sera bénéfique sur la base d’un texte commun permettant aux musulmans de prendre leur juste place au sein de la communauté nationale ». D’ailleurs, les signataires du communiqué jugent que « la légitimité du CNI dépendra directement de son acceptation par la communauté musulmane de France ».

Consultation élargie

De ce fait, les trois fédérations appellent « à prendre en compte toutes les sensibilités des composantes du CFCM et les contributions des imams » avant d’ajouter que « l’adhésion à cette charte doit obligatoirement passer par une consultation élargie, démocratique et participative ».

Le communiqué prévient aussi que « chaque composante du CFCM doit se reconnaître dans son contenu sans quoi il n’est pas utile de signer un texte que notre communauté ne peut accepter sereinement ».

Après avoir rappelé « leurs adhésions à la Constitution et aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité, qui sont les principes fondateurs de la République », les représentants des trois fédérations ont reconnu « la nécessité de la mise en place du CNI par le CFCM et ses fédérations ».

« Nous soutenons les efforts visant à mettre en place le CNI pour mieux expliquer l’Islam au regard du contexte social et promouvoir la cohésion nationale. Nous agissons avec la confiance, le soutien et la sensibilité de nos coreligionnaires. En tant qu’institutions religieuses toujours ouvertes au dialogue dans un esprit constructif, nous continuerons d’apporter nos contributions aux travaux concernant le CNI », explique également le communiqué.

« Cette charte rendue publique doit subir des amendements en prenant en compte les contributions de tous ».

Lundi 18 janvier, 5 des 8 fédérations avaient signé la « Charte des principes de l’Islam de France » à l’Elysée en présence du président Emmanuel Macron et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

En revanche, cette charte ne fait pas l’unanimité au sein communauté musulmane qui estime qu’il s’agit « d’une ingérence flagrante de l’Etat dans les affaires religieuses en prétextant des affaires marginales ».