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De « Communautarisme » à « Séparatisme islamiste», à quelle sauce la communauté musulmane va-t-elle (encore) être mangée ?

musulmans de france

La minute Murat revient sur l’actualité bouillante de l’été. En effet, le gouvernement français, dans la lignée de sa drague de l’extrême droite, prépare une loi sur « le prétendu séparatisme islamiste » qui vise directement la communauté musulmane.

Même s’il ne la nomme pas, le gouvernement est sur le point de franchir un nouveau palier de lutte contre le prétendu séparatisme islamiste. Nous croyions que tous les mots possibles et imaginables accolés à l’islam avaient été employés, mais visiblement il manquait « Séparatisme ». Quand on se penche sur la définition du mot « Séparatisme » on ne peut s’empêcher de se demander par quelle parade le gouvernement compte nous expliquer comment une communauté non homogène, d’origines diverses et croyances divergentes pourraient chercher la scission territoriale et avec quelles revendications ?  Existe-t-il un ou des groupes ayant formulé de telles menaces qu’on nous aurait caché ? 

Avant le prétendu séparatisme islamiste, il y’avait le communautarisme

Mais revenons plutôt au Communautarisme, voici toute une liste de questions auxquelles je n’ai pas la prétention d’apporter de réponses, mais comme l’a si bien dit je ne sais qui « le questionnement est la porte de la connaissance ».

  • Macron est-il en dérive autoritaire ?
  • Est-on à deux doigts d’un apartheid qui ne dit pas son nom ?
  • Pourquoi la France s’entête-elle à ne pas intégrer sa communauté musulmane comme elle l’a fait avec d’autres ?
  • La laïcité/l’exception française, ne l’isole-t-elle pas du reste du monde ?
  • Jusqu’où ira la France dans son acharnement contre l’islam ?
  • Au fil des présidences, la France a-t-elle été prise en otage par l’extrême droite ?
  • Notre Président ne tente-il pas de détourner l’attention pour faire oublier ses échecs face aux attentes des français, aussi bien au plan national qu’international ?
  • Une limite a-t-elle été posée à la pression psychologique sur la communauté musulmane ?
  • Quelle sera la réaction de la communauté musulmane une fois le plan dévoilé ?
  • La lutte annoncée contre le séparatisme n’est-elle qu’une étape dans la politique assimilationniste menée sournoisement depuis des décennies ?   

Des jours difficiles attendent les musulmans

Une chose est sûre, déjà bien fatiguée par tous ces débats et stigmatisations quasi quotidiens, des jours encore plus difficiles attendent les enfants mal-aimés de la République. D’autant plus que la marge de manœuvre de ces enfants se rétrécit de jour en jour. Toute tentative d’inverser la tendance est systématiquement pacifiée tantôt au nom de la laïcité, tantôt sous couvert pour freiner le communautarisme et bientôt contre le prétendu séparatisme islamiste. Tous les raccourcis, les amalgames ou déclarations ambiguës ont libre cours pour noyer les pensées des français, alors incapables de se forger une opinion saine. Ainsi les questions d’immigration légale et non légale, de communautarisme, de terrorisme, d’insécurité, sont allègrement et volontairement entremêlés pour donner l’illusion que le problème numéro 1 est le musulman.

Légitimer la lutte contre la communauté musulmane

Mais pour faire avaler la pilule et légitimer toutes ces atteintes, il a fallu des alibis qu’on s’empresse d’ériger en héros. Ainsi des nouveaux venus dans la lignée de Zemmour ont fait et font encore leur entrée dans le cercle fermé des personnalités ayant l’exclusivité de se prononcer dès qu’il s’agit de l’islam, voire de se prononcer au nom des musulmans. Le seul hic est que ces derniers sont reconnus par les médias et politiques mais nullement par les 1ers concernés. Nous découvrons des « imams »  qui ne savent pas aligner une phrase compréhensible, la première imame, une mosquée gay ou encore des féministes virulentes qui donnent des leçons d’islam qui serait mal pratiqué par les musulmans. Mais bizarrement, l’importance de l’aura auprès des premiers concernés que sont les musulmans, est passée sous silence.

Communautarisme, monopole de l’Islam ?

Vous l’aurez compris !  le « danger » du communautarisme est à géométrie variable. Pourquoi la République ne se soucie pas des communautarismes autre que musulman ?  Et après tout, même s’il y a du communautarisme, pourquoi a-t-il une connotation péjorative quand celui-ci serait islamique et accepté quand il est autre ? D’ailleurs de leurs propres aveux, les élus ne s’estiment-ils pas chanceux quand ils sont invités à certains dîners annuels ou des galas en faveur de telle ou telle communauté ?

Encore une question qui mérite d’être méditée : pourquoi le modèle français (présenté comme une exception) est un échec total ?  Je pense avoir donné un début de réponse sous forme de question plus haut.  Vous ne pouvez-vous poser en nation respectant la liberté de culte ou de conscience tout en cherchant, voir en punissant une composante de votre population en la forçant à nier sa culture d’origine ou ses croyances.

Il est aussi question de repenser la laïcité, une fois de plus on voit bien que ce sujet est en relation directe avec cette sacro-sainte lutte contre le communautarisme (et bientôt séparatisme). De là nous comprenons que les arguments avancés d’anti-laïcité ne tiennent pas ou plus pour combattre la communauté musulmane. Il faut sortir l’artillerie lourde quitte à modifier la conception de la laïcité à l’Aristide Briand.

Par ailleurs il est inutile de rappeler que la France a été (trop) souvent condamnée par la communauté internationale et ONG pour le traitement accordé à sa minorité musulmane, comme dans les multitudes « affaires » de foulard. Je pense que la France fait une grave erreur en voulant remettre à plat sa laïcité et en votant sans cesse de nouvelles lois visant les musulmans.

Tout est encore possible

Et pourquoi ne pas laisser son orgueil de côté et mettre à plat son propre modèle ? Loin d’être un exemple pour l’humanité, pourtant en termes d’approche au communautarisme, les États Unis méritent qu’on s’y intéresse. En effet aux États Unis le communautarisme est perçu comme très positif. Là-bas, plus les cultures différentes co-existent, mieux c’est. Il est même considéré comme le meilleur rempart contre l’individualisme et contre le pouvoir de l’État.

Je pourrais aussi donner l’exemple de l’empire ottoman qui a su faire cohabiter en bonne intelligence pas moins de 70 cultures et croyances différentes durant plusieurs siècles, mais vu la presse dont jouit la Turquie, c’est une mauvaise idée …   

Peut-être certains se demandent pourquoi tous ces a priori sur ce fameux plan dont on ne sait pas encore grand-chose ?

Réponse : Qui aurait la naïveté de croire qu’on nous prépare une bonne surprise ?

Murat Büyük