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Burundi :Albert, le «sauveur» des crocodiles du Nil

thumbs_b_c_5ea6e3d2b63b60a1495ee0c6986c05f4\r\n\r\nL’éleveur de crocodiles rêve de crée un zoo au Burundi à l’image des pays voisins.\r\n

«Ces crocodiles que vous voyez, je les ai pris chez moi pour les protéger de ceux qui les mangeaient à l’époque de la guerre civile», confie à Anadolu Albert Ngendera,  éleveur et «sauveur» de crocodiles au Burundi.

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 Dans son «mini-zoo», situé dans la commune Mutimbuzi, province de Bujumbura, à la frontière burundo-congolaise, quatre petits étangs ont été soigneusement aménagés, et protégés par de gros fils de fer. Huit crocodiles imposants, dont quatre mâles, s’y prélassent.

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«Mon projet a commencé en 1994, en pleine guerre civile, après la mort du président Melchior Ndadaye. Des gens s’entretuaient et la réserve n’était pas protégée. Les animaux comme les crocodiles étaient donc abattus pour être consommés», raconte Ngendera.

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«Et je me rappelle d’une autre image», poursuit-il, «lors de l’investiture de feu Nelson Madiba Mandela (le 10 mai 1994), à la tête de l’Afrique du Sud, un gros crocodile avait été égorgé pour l’occasion. Des invités de marque avaient alors mangé la viande de crocodile et c’est là que j’ai compris que le crocodile était un animal valeureux, respecté et  très important. Donc, à protéger», poursuit-il.

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Dès lors, le «sauveur», met «le moteur en marche».

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«J’ai acheté à des pêcheurs 12 petits crocodiles dont le prix variait de 18 à 37 dollars. Et pour les faire grandir, je les nourrissais principalement de petits poissons et de petits morceaux de viande. Malheureusement, quatre d’entre eux sont morts», se souvient-il.

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Il décide alors, de s’investir davantage dans la sauvegarde des crocodiles restants. «Un projet très exigeant», avoue-t-il.

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Chaque semaine, Albert Ngendera, dépense ainsi près de 400 dollars pour chacun de ses «enfants». Ces dépenses, qu’il avoue être «colossales», ne l’empêcheront pas de vivre son prochain rêve, celui de créer un zoo à l’image de ceux des pays de la Communauté est-africaine qu’il a déjà eu l’occasion de visiter.

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 «Kampala (Ouganda), abrite plus de 5000 crocodiles, Nairobi (Kenya) plus de 10000 tandis qu’à Dar-Es-Salaam (Soudan) Zoo, de nombreux crocodiles sont élevés par des particuliers», détaille-t-il.

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«Et tout cela me motive plus que jamais», lance l’homme, souriant.

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  «Pour moi, ces crocodiles sont mes enfants. C’est pourquoi je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour les nourrir et prendre soin d’eux.» Une passion qu’il partage d’ailleurs avec sa femme. «Peut-être qu’un jour, nous pourrons voir le fruit de nos efforts», espère celle-ci, avec fierté.

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Cependant, les défis sont encore nombreux pour «l’ange gardien des crocos».

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Les petits étangs, à moitié remplis d’eau, stagnants, ne favorisent pas la reproduction de ces animaux.

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«Les œufs sont improductifs, plus de 200 ont déjà pourri alors que je m’étais procuré une pondeuse achetée de Chine à 625 dollars»,renseigne-t-il.

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Un coup dur à son projet, reconnait Albert Ngendera, convaincu que, «si les conditions étaient réunies, il aurait déjà un zoo d’au moins 200 crocos.»

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Si Albert Ngendera, se contente des quelques dollars gagnés des visiteurs ( l’équivalent de 1 dollar pour un burundais, 6 dollars pour un étranger), il se plait tout de même à rêver d’un grand espace qui accueillera de nombreux animaux, notamment des singes, des serpents ou encore des tortues, dit-il.

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Aujourd’hui, l’éleveur a donc décidé de se battre pour obtenir un territoire suffisant et adéquat et il «ne compte pas abdiquer même si les dépenses sont bien plus importantes que les entrées d’argent».

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Néanmoins, il ne pourra pas compter sur le ministère burundais de l’environnement qui rappelle que la convention sur le commerce international de Flore et de la faune sauvages menaces de disparition (Cites) interdit que des animaux comme les crocodiles soient élèves en captivité par des particuliers.

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Au Burundi, le crocodile tend à disparaitre. Tandis que dans le Musée vivant de Bujumbura ils ne sont plus que quatre specimens, dans la réserve naturelle de la Rusizi (rivières par laquelle le lac Kivu se déverse dans le lac Tanganyika) seuls cinq crocodiles sont encore présents, contre une cinquantaine il y a à peine dix ans de cela, d’après les responsables de la réserve, joint par Anadolu.