MEDYATURK | Publié le . Mis à jour le

Sofagate: L’Europe confirme que la Turquie n’est pas responsable

Ursula von der Leyen

Dans l’affaire polémique présentée comme le « Sofagate » par divers médias européens, l’ancien Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a tenu à souligner jeudi, que selon le protocole de l’Union européenne (UE), la position du Président du Conseil de l’UE, Charles Michel prévaut à celle de la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen.

Lors de la visite du duo européen à Ankara le 6 avril, Michel et le Président turc, Recep Tayyip Erdogan s’étaient assis sur des chaises côte à côte alors que la présidente de la Commission européenne avait pris place sur un autre ou sofa face au Ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu.

Se souvenant d’avoir également connu des situations de protocole similaires au cours de son mandat, Juncker a souligné dans un entretien accordé au site Web d’information « Politico » que lors de ses voyages avec les présidents du Conseil de l’UE dans le passé, il était « clair pour tout le monde que, du point de vue du protocole, le président du Conseil est le n ° 1 et le président de la Commission est le n ° 2 ».

Notant qu’il a toujours suivi l’ordre protocolaire lors de ses voyages avec Donald Tusk ou Herman Van Rompuy, les présidents du Conseil européen de l’époque, Juncker a déclaré : « Normalement, j’avais une chaise à côté de la chaise du président du Conseil, mais parfois il m’arrivait d’être assis sur un sofa ».

Le président Erdogan a accueilli devant le palais présidentiel ses convives

Cependant, Juncker a estimé que le protocole appliqué à Von Der Leyen aurait dû être différent, « Je pense que ce serait bien de faire asseoir Von Der Leyen au même niveau que Michel, mais en termes de protocole, le président du Conseil vient en premier », a-t-il souligné

Image
Dans cette photo plus large, on voit également le ministre des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu assis sur un sofa

Libération : « les Turcs n’ont aucune responsabilité »

Après ce qui a été qualifié d’incident protocolaire ou de « Sofagate » par une partie de la presse européenne, le quotidien français « Libération » a publié un article intitulé « Recep Tayyip Erdogan a-t-il humilié Ursula Von Der Leyen ? »

L’article a notamment souligné dans cette scène décriée comme misogyne par une partie de la presse, le respect à la lettre par Ankara du protocole européen à appliquer lors des visites diplomatiques.

« Reléguée sur un canapé à l’écart lors d’une rencontre avec les présidents turc et du Conseil européen, la cheffe de la Commission s’est montrée grandement offensée », a noté le quotidien français, avant de préciser qu' »En réalité, la scène, présentée comme misogyne par de nombreux médias et internautes, respecte scrupuleusement le protocole européen ».

LIBERATION

« Comme toujours, il faut se méfier des images. En réalité, les Turcs ne sont absolument pour rien dans cette chorégraphie qui doit tout au protocole de l’Union européenne », souligne le journal « Libération.

Image
Juste après avoir accueilli, les responsables européens, Erdogan a reçu Volkan Bozkir, président de l’Assemblée de l’ONU

Ancien ambassadeur de France : « La Turquie met en œuvre le protocole de l’UE »

Le diplomate français, Gérard Araud ayant représenté sa nation en tant qu’ambassadeur auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU), en Israël et aux États-Unis, a également émis des commentaires sur le « Sofagate », à travers son compte Twitter.

« L’organisation d’une rencontre officielle n’a rien à voir avec galanterie, bonnes manières ou sexisme mais obéit à des règles précises. On a écrit des volumes là-dessus. Le schéma proposé par le protocole turc respectait scrupuleusement ces règles », a d’abord souligné le diplomate français.

Ancien ambassadeur d’Italie

L’ancien ambassadeur d’Italie à Ankara, Carlo Marsili, a déclaré qu’il trouvait déplacées et insensées, les accusations de sexisme portées à l’encontre du Président Erdogan.

Marsili a déclaré dans un communiqué adressé l’agence Adnkronos, que la chancelière allemande Angela Merkel s’était plusieurs fois rendue en Turquie pour des visites officielles et qu’une situation similaire à celle du 6 avril ne s’était jamais produite.

Marsili notant également avoir personnellement supervisé les préparatifs pour de telles visites officielles lorsqu’il était ambassadeur a déclaré que « Tout ce qui va se passer étape par étape lors de telles visites, est clairement défini ». Le diplomate italien a ajouté que « Si Michel et Von Der Leyen sont au même niveau, il suffit de le déclarer et d’exiger cette égalité ».

« Les délégations protocolaires des deux parties doivent se parler à l’avance et se mettre d’accord entre elles. Je ne comprends pas pourquoi il n’y aurait pas eu d’accord entre elles auparavant », a estimé Marsili ajoutant que « L’ambassade aurait dû le signaler, si l’ordre en question ne convenait pas. En général, dans ce cas, l’autre partie se conformerait » a souligné le diplomate italien.

Porte-parole de l’UE

À l’occasion de sa conférence de presse mercredi, le porte-parole de la Commission européenne a également a également traité de la polémique relative à l’événement protocolaire lors de la visite du binôme européen à Ankara mardi.

Eric Mamer, a répondu aux questions sur le sujet et a déclaré que de tels incidents pouvaient survenir lors de telles visites. Le porte-parole a déclaré qu’il voulait attirer l’attention sur « le message que l’on veut transmettre » sur les relations de l’UE avec la Turquie.

« L’équipe de protocole du Conseil de l’UE s’est rendue en Turquie, mais la Commission européenne a géré le protocole par le truchement de la délégation de l’UE en Turquie », a noté Mamer.

« C’est vrai qu’il y a un incident. Mais la Présidente Von Der Leyen a quand même décidé de continuer la réunion. Je pense que tout le monde devrait se concentrer sur les relations avec la Turquie », a estimé le porte-parole.

Mamer a déclaré que les chefs des institutions de l’UE devraient être traités de la même manière, le porte-parole estimant que l’équipe de Madame Von Der Leyen devrait prendre les mesures nécessaires pour éviter qu’un incident similaire ne se reproduise.

Michel attristé par l’ombre faite par la polémique à l’importance de la visite

Le Président du Conseil européen, Charles Michel, a fait l’objet de nombreuses critiques pour s’être assis aux côtés du Président turc lors de son entretien avec ce dernier au complexe présidentiel d’Ankara le 6 avril, et qu’Ursula Von Der Leyen ait dû s’asseoir plus loin.

« Certaines images ont donné l’impression que j’étais insensible à la situation. Elles ne reflètent pas la vérité », a déclaré Michel en réponse aux critiques. Le Président du Conseil européen a exprimé son regret que le schéma protocolaire mis en place lors de la réunion ait éclipsé l’importance de cette visite.

De son côté, le président de l’Union Populaire Républicaine (UPR), François Asselineau a démontré que le SOFAGATE était avant tout une guerre interne de l’Union Européenne. Il a ainsi partagé sur son compte twitter plusieurs photos d’Erdogan avec des responsables politiques femmes.