L’accord du 18 mars 2016 conclu entre la Turquie et l’Union Européenne promet, entre autre, la libéralisation des visas aux citoyens turcs, ainsi qu’un soutien financier pour l’accueil des réfugiés syriens en Turquie, et une révision de l’union douanière.
L’UE avait alors déclaré que « la mise en œuvre tous les pays membres de la feuille de route pour la libéralisation des visas pour les citoyens turcs sera accélérée pour être achevée au plus tard fin juin 2016. La Turquie prendra toutes les mesures nécessaires pour satisfaire aux exigences restantes « .
L’UE a énuméré 72 critères comme conditions à remplir par la Turquie. Jusqu’à présent, il ne reste plus que six critères à remplir par Ankara, dont l’un est considéré comme très controversé par la partie turque.
Pour Bruxelles, la Turquie doit réviser sa « législation et ses pratiques en matière de terrorisme conformément aux normes européennes » afin d’approuver la libéralisation des visas pour les citoyens turcs.
Cependant, la Turquie s’attend à ce que l’UE soit plus indulgente à l’égard de ce critère, en particulier après la tentative de coup d’État repoussée du 15 juillet 2016.
6 milliards € de fonds promis, 3 milliards versés
Outre la libéralisation des visas, l’Union Européenne a également promis une aide financière de 6 milliards d’euros (3+3) aux ONG pour financer des projets en faveur des réfugiés syriens et la Turquie a accepté d’aider à empêcher les migrants irréguliers de se rendre en Europe. Ces montants ne sont pas un chèque en blanc versé au gouvernement Turc mais des subventions aux projets d’ONG ( Écoles, centre de santé , gestion des camps de réfugiés …)
Le transfert de tous les fonds devaient avoir lieu avant la fin de 2018. Mais jusqu’à présent, la Turquie n’a même pas reçu la moitié de ce montant.
La Turquie accueille déjà près de 4 millions de migrants en provenance de Syrie à elle seule, plus que tout autre pays au monde, et a dépensé, sur son propre budget, plus de 40 milliards de dollars (36 milliards d’euros) pour les réfugiés.
Par ailleurs, en contrepartie de l’aide financière et l’accueil des réfugiés sur le sol turc, l’UE devait mettre en place le programme de réinstallation volontaire des réfugiés. Il n’a jamais vu le jour.
La relance des négociations d’adhésion
L’accord UE-Turquie promet également « de relancer le processus d’adhésion » de la Turquie à l’Union. Le processus est dans l’impasse car aucun nouveau chapitre n’a été ouvert depuis le 30 juin 2016.
Par ailleurs, Bruxelles a profité de la recrudescence des tensions liées aux explorations énergétiques de la Turquie en Méditerranée orientale pour arrêter les pourparlers de haut niveau avec Ankara.
La modernisation de l’union douanière
Dans le cadre du même accord avec la Turquie, l’UE s’était engagée à « moderniser l’union douanière », mais Bruxelles reste réticente à respecter cet engagement également.
Une baisse de près de 97% des passages irréguliers vers l’Europe grâce à la Turquie
L’accord, et son application par la partie turque, a empêché la perte de nombreuses vies humaines, mais a également considérablement réduit le nombre de traversées en mer Égée. Depuis la signature de l’accord, le flux migratoire vers l’Europe a diminué de 97%.
Selon les chiffres officiels des Nations Unies, le nombre de personnes ayant traversé la Mer Egée en 2015 était de plus de 856 mille. En 2018, il n’était que de 32 494.