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Adnan Menderes, le premier ministre de l’époque était exécuté le 17 septembre 1961

Cinquante-shuit ans se sont écoulés depuis le premier coup d’État de l’histoire de la République de Turquie. Le premier coup d’État contre la démocratie turque remonte au 27 mai 1960, lorsqu’un groupe d’officiers s’est emparé de l’administration du pays sous prétexte que «le Parti démocrate (DP) entraînait la Turquie au régime de répression et à la guerre entre frères».

Le «Comité de l’Unité nationale» formé par 37 officiers a d’abord dissout le Parlement et suspendu la constitution. Le président de la République, Celal Bayar et plusieurs membres du DP, dont le Premier ministre Adnan Menderes, ont été arrêtés.

Ce fut le premier coup d’état en Turquie. Il a eu pour conséquence de suspendre la démocratie. Le DP était arrivé au pouvoir en 1950 avec le slogan «Assez! La parole au peuple!» après le passage au pluralisme politique. Il est resté dix ans au pouvoir. Depuis la création de la République en 1923 seul le CHP était autorisé à participer aux élections. Même si les femmes avaient le droit de vote avant les françaises, elle ne pouvait voter que pour le seul parti.

D’ailleurs, Ataturk ne s’est jamais présenté à une élection à suffrage direct. Il a toujours été élu par le parlement.

Les événements menant au coup d’état se sont enchaînés rapidement lorsque le président du Parti républicain du peuple (CHP), Ismet Inonu, avait été la cible d’attaques  (il a reçu un coup dep oing par un citoyen) lors de déplacements en Turquie. Ismet Inonu était le successeur d’Ataturk. Il avait été son premier ministre avant d’être évincé par celui-ci. Après la mort d’Ataturk, il a réussi à devenir président de la Turquie.

Des étudiants étaient dans les rues et manifestaient contre le gouvernement. Un étudiant, Turan Emeksiz, a été abattu par la Police, lors des manifestations estudiantines à Istanbul. «La loi martiale» a donc été proclamée à Istanbul et à Ankara, suite aux événements.

Un groupe d’étudiants a organisé une manifestation à Ankara, le 5 mai 1960, sous le nom de code «555K» signifiant «le 5ème jour du 5ème mois, à 5 heures à la place Kizilay».

Des étudiants de l’École militaire se sont rassemblés pour une manifestation silencieuse le 21 mai de la même année, à Ankara.

Un groupe de généraux et d’officiers «gênés par ces événements», qui avaient formé le Comité de l’Unité nationale, ont mis la main sur l’administration de l’État sous prétexte que «le DP entraîne le pays vers un régime de répression et un conflit entre frères».

Le coup a été annoncé par le colonel Alparslan Turkes sur les ondes de la radio d’Ankara. 

Le matin du 27 mai 1960, le Colonel Turkes a lu ce message: «Les Forces armées turques ont pris le contrôle de la gestion du pays, pour ne pas permettre un conflit entre les frères, à cause de la dépression dans notre démocratie et les récents événements affligeants. Nos Forces armées ont mené cette opération pour sauver les partis de cette situation irréconciliable, d’assurer la tenue d’élections justes et libres le plus rapidement possible, sous le contrôle d’une administration impartiale, au-dessus des partis, et de céder l’administration à celui qui remporte les élections, quel que soit son camp».

Menderes en compagnie du président Celal Bayar

Ainsi, le Comité a dissout la Constitution et le Parlement, suspendant les activités politiques. Le président Celal Bayar, le Premier ministre Adnan Menderes, des membres du gouvernement, des députés du DP, le chef de l’État-major, le général Rustu Erdelhun et des responsables de haut niveau ont été placés en garde à vue.

Le Premier ministre Menderes qui était alors en visite dans la province de Kutahya (Centre-ouest), a été arrêté, emmené à Ankara, puis mis en détention sur l’île Yassiada (mer Marmara), comme les autres membres du parti.

Les jugements à Yassiada ont commencé le 14 octobre 1960 et se sont achevés le 15 septembre 1961. Les procès concernaient 19 dossiers, qui ont été fusionnés dans le procès dit de «la violation de la Constitution».

La peine capitale a été requise pour 288 accusés sur un total de 592. La Cour suprême a prononcé la condamnation à mort de quinze accusés, dont l’ancien président Celal Bayar, l’ancien Premier ministre Adnan Menderes, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Fatin Rustu Zorlu, et l’ancien ministre des Finances, Hasan Polatkan. La décision pour ces personnes a été prise à l’unanimité.

Par contre, le jury a décidé, à la majorité, de la condamnation à mort de l’ancien président du Parlement, Refik Koraltan, de ses anciens adjoints Agah Erozan et Ibrahim Kirazoglu, de l’ancien président de la Commission d’Enquête, Ahmet Hamdi Sancar, des anciens membres de la Commission, Nusret Kiriscioglu, Bahadir Dulger, de l’ancien ministre Emin Kalafat, des anciens députés Baha Aksit, Osman Kavrakoglu, Zeki Erataman et de l’ancien président de l’État major, Rustu Erdelhun.

Par contre, 31 accusés ont été condamnés à perpétuité, dont des anciens ministres et députés. Certains accusés ont par ailleurs été condamnés à des courtes peines d’emprisonnement.

Plusieurs dirigeants étrangers ont appelé à maintes reprises le Comité de l’Unité nationale que présidait Cemal Gursel, à suspendre les condamnations à mort.

Par la suite, le Comité a annulé la condamnation à mort de nombreux détenus, sauf pour Celal Bayar, Adnan Menderes, Hasan Polatkan et Fatin Rustu Zorlu.

Le verdict pour Celal Bayar, 77 ans, a été commué en condamnation à perpétuité, du fait de son âge avancé. Il a été transféré de Yassiada à la province de Kayseri en Anatolie centrale, d’où il a été évacué le 7 novembre 1964 pour maladie. Né en 1883, Bayar est décédé à Istanbul le 22 août 1986, à 103 ans.

Fatin Rustu Zorlu et Hasan Polatkan ont été exécutés le 16 septembre 1961. Pour sa part, Adnan Menderes, ancien Premier ministre, a été exécuté, le 17 mai 1961, après une tentative échouée de suicide.

Le colonel, Alparslan Turkes s’était opposé par la suite à la condamnation à mort des hommes politiques. Le comité l’a exilé dans la Turquie profonde. Il a alors crée sa proproe formation politique qui le MHP actuel ( Parti du Mouvement du Peuple).

La «réputation et l’honneur» d’Adnan Menderes et de ses collègues leur ont été rendus par le Parlement turc, avec l’adoption d’une loi le 11 avril 1990. En vertu de cette loi, les dépouilles de Menderes, de Polatkan et de Zorlu ont été transférées de l’île d’Imrali à un mausolée à Istanbul, le 17 septembre 1990, après une cérémonie officielle.

Une Commission chargée d’enquêter sur les coups d’État a été mise en place par le Parlement le 11 avril 2012, soit 52 ans après le premier putsch auquel a assisté la Turquie.

Adnan Menderes reste dans la mémoire du peuple truc comme celui qui a été élu démocratiquement pour la première fois. Il a aboli plusieurs inetrdictions dont notamment l’appel à la prière obligatoire en Turc.

Avant et après cette période des milliers de personnes ont été arbitrairement condamnés. L’armée et le CHP ont imposé un mode de vie aux citoyens. De fait de cette période sombre, le CHP n’a jamais réussi à venir au pouvoir sans être dans une coalition.

Source AA

Fatih KARAKAYA