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Les associations turques rejettent les accusations

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Les responsables de la Confédération islamique Millî Görüş (CIMG France), du Comité de Coordination des Musulmans Turcs de France (CCMTF), et de l’association musulmane « Foi & Pratique » ont tenu, ce mardi, un point presse pour donner leurs versions des faits, après avoir fait l’objet d’attaques particulièrement violentes de la part du ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Ces attaques se sont multipliées ces dernières semaines, depuis que la municipalité de Strasbourg a voté le principe d’une subvention pour la construction de la mosquée Eyyûb Sultan.

N’ayant pas signé « la charte de principe pour un islam de France », pourtant facultative, ces trois fédérations ont été accusées d’être anti-républicaines, proches de la Turquie.

Présent lors du point presse, Fatih Sarikir, président de la CIMG France, a tenu à clarifier la position de son association.

« Notre réticence à signer la charte proposée résulte du fait qu’à nos yeux, elle ne respecte pas la séparation essentielle entre la dimension étatique et religieuse. Cette séparation, entérinée par la loi de 1905, est pourtant l’un des biens les plus précieux de notre République. Certains passages de la charte pourraient donner aux musulmans le sentiment qu’ils auraient, plus que les autres, l’obligation d’exprimer leur respect pour les lois et les principes de la République. D’ailleurs, la situation actuelle nous montre que nous sommes en train de le vivre. Or, la République est une et indivisible, assure l’égalité devant la loi de tous ses citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion », a-t-il déclaré.

Les fédérations veulent une charte juste

Alors que les trois fédérations avaient souligné à plusieurs reprises les raisons de leurs réticences, le président de CIMG France et également secrétaire général de CFCM, Sarikir, regrette que ni « les autres fédérations signataires, ni le gouvernement aient entendu ».

« Il ne saurait pas être admis qu’une seule composante du peuple français soit obligée d’exprimer spécialement son allégeance, et que sa pratique religieuse soit soumise à des contraintes spécifiques à travers une charte lui imposant des devoirs que les autres n’auraient pas », s’indigne encore le président.

« La cible de cette charte a été complètement modifiée et dévoyée de son esprit initial, nous ne parlions même plus de la formation des imams. On nous a présenté un document où nous n’avions pas mis la moindre virgule. C’était intolérable et inadmissible », a encore expliqué Fatih Sarikir.

Face aux déferlements médiatiques et politiques, il ne cache pas « son désarroi et sa consternation » et regrette « la récupération de notre abstention par certains hommes et femmes politiques ».

Regrettant « le niveau de désinformation qui a atteint son paroxysme à travers les déclarations médiatiques de responsables politiques » il ne s’étonne de la menace du ministre de l’Intérieur qui « n’a pas hésité à brandir contre la subvention – pourtant légale -, la charte provisoire qui n’a aucune valeur juridique ».

Refus des accusations d’extrémismes

Depuis des jours, le mouvement Milli Gorus est présenté comme un « mouvement extrémiste, à la fois nationaliste et islamiste, nostalgique de l’Empire ottoman et du califat, violemment anti-Occidental, anti laïc et antikurdes et proche d’Erdogan ».

Toutes ces accusations font aussi bondir, Eyup Sahin, président de la Confédération islamique Millî Görüs du Grand Est et président de la mosquée Eyyûb Sultan.

« Nous avons été qualifié d’ennemi du vivre-ensemble, de personnes avec qui il ne faut pas discuter, d’ennemi de la République. Tout cela n’est pas tolérable dans un grand pays comme la France », explique aussi le président de la mosquée.

Rappelant que son association est avant tout française, Eyup Sahin rejette avec véhémence « l’ingérence de la Turquie ».

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Chantier de la Mosquée Eyyub Sultan (Milli Gorus) Strasbourg

Autre point de discorde, l’association est présentée comme un acteur de « l’islam politique ». Sur ce point aussi, Eyup Sahin a rappelé « qu’ils n’étaient pas un parti politique et ne défendaient pas de projet politique »

« Nous n’avons pas d’agenda politique ».

EYUP SAHIN

Le détachement des imams

De son côté, Murat Ercan, un cadre de CCMTF à Strasbourg a tenu à souligner que « le détachement des imams avait était conclu entre la France et les pays musulmans il y’a plusieurs années ». « Nous ne pouvons pas être responsables de ces accords » a-t-il martelé.

Tout en concédant que la situation avait changé, Ercan a expliqué les projets qu’avaient entamé le DITIB (la direction des affaires religieuses) pour former des imams français.

D’ailleurs, les trois fédérations ont publié un nouveau communiqué, dans la foulée du point presse, dans lequel elles expliquent leurs propres principes et « leur adhésion aux valeurs et principes fondamentaux de la République ».