Les fédérations CCMTF (Comité de coordination des Musulmans Turcs de France), CIMG France (Confédération islamique Milli Gorus) et Foi et Pratique, non signataires de la « charte des imams », ont publié, mardi, leur propre déclaration de principe pour un islam en France.
« Notre foi et nos convictions religieuses nous amènent naturellement à honorer fidèlement nos obligations citoyennes », ont-elles affirmé dans un communiqué.
Cibles d’attaques répétées de toute part et de harcèlement par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, les trois fédérations proclament « solennellement » leur « adhésion aux valeurs et principes fondamentaux de la République ».
En effet dans cette « déclaration de principe », les représentants des fédérations membres du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) souhaitent rappeler leur « attachement à la Constitution Française, aux lois et valeurs de laïcité, instaurant des rapports apaisés et confiants au sein de la communauté nationale dans sa diversité et sa pluralité ».
Les trois fédérations ont tenu donc à rédiger leur propre déclaration de principe pour un islam en France après avoir refusé de signer celle imposée par l’Etat. En quatre articles, elles dévoilent ainsi ce qui devrait être une vraie charte, notamment en écoutant les premiers concernés.
Adhésion aux principes de la République
Accusés souvent de ne pas respecter les principes républicains, les fédérations rappellent que « la vie religieuse musulmane, façonnée autour de ses principes propres, se déroule dans le cadre de la Constitution, et de la société françaises ».
De plus, ils expliquent que «la Constitution et notamment son préambule garantit aux musulmans vivant en France la possibilité de pratiquer librement leur religion, d’exercer leurs droits de citoyens ainsi que le vivre-ensemble des différentes religions et cultures».
Tout en concédant que «la Constitution impose également des responsabilités pour la paix, le bien-être et la sérénité de la société », celle-ci garantit « la coexistence pacifique et égalitaire de toutes les religions et cultures différentes en France».
De ce fait, les trois fédérations observent que «ce cadre constitutionnel, que nous défendons fermement, offre aux musulmans de France la possibilité de pratiquer librement leur religion dans le respect de la Constitution, des lois, et des principes républicains».
La Liberté et la Laïcité
Elles expliquent ensuite que les fédérations exercent leurs activités dans le cadre des principes et des lois de la République, «qui fondent l’unité et la cohésion de notre pays et sont le garant du pacte social».
Se considérant comme des «fédérations françaises», elles «s’inscrivent dans les lois de la République qui protège la liberté de pensée, laquelle englobe la liberté de croyance».
«Comme toutes les religions, nous savons distinguer clairement le droit interne des religions du droit positif. A cet égard nos pratiques n’ont jamais contrevenu et ne sauraient en aucun cas contrevenir aux libertés publiques et à l’ordre public, qui s’imposent à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire», poursuivent encore les auteurs du texte.
Selon elles, «celle-ci se comprend d’une part comme la neutralité de l’Etat vis-à-vis des communautés religieuses, et d’autre part, par la neutralité de ces communautés envers l’Etat».
En outre, tout en rappelant la légitimité des organes législatifs, exécutifs et judiciaires du gouvernement, elles défendent aussi «les communautés religieuses qui ont le droit de vivre, de pratiquer et d’enseigner librement leur religion dans le cadre de la liberté de conscience dans un état de droit démocratique et laïc».
L’Egalité et La Fraternité
Rappelant leur attachement «au respect de l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui préconise que tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit», les signataires expliquent «qu’ils agissent avec le sentiment de fraternité requis de l’Islam qui rejette toute discrimination».
«Les pensées et les opinions, quelles qu’elles soient, ne peuvent être imposées à autrui», poursuivent encore les auteurs.
D’ailleurs, «les signataires s’inscrivent pleinement dans le respect des lois de la République et s’engagent à consolider la cohésion nationale, à œuvrer pour la paix civile, et à lutter contre toute forme de haine et de violence».
L’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques
«Rappelant que l’ordre du politique demeure séparé de l’ordre du religieux, nous condamnons et dénonçons toute instrumentalisation de la religion à des fins politiques ou de la politique à des fins religieuses», écrivent, par ailleurs, les signataires.
Ainsi, les trois fédérations s’engagent à «refuser tout courant politique ou idéologique qui viserait à diffuser une doctrine politique au sein de nos mosquées contraire à la Constitution».
Pour conclure ce principe pour un islam en France, les signataires soulignent avec force qu’ils sont «contre toutes les tendances qui tentent de nuire à l’ordre constitutionnel français ou au pacte social».
«Dans la gestion de nos mosquées et les missions de nos imams, nous réaffirmons notre totale liberté et indépendance à l’égard des États et gouvernements étrangers, et notre volonté d’être, au service des musulmans de France dans leur ensemble», expliquent les signataires.