« L’islamogauchisme, slogan politique utilisé dans le débat public, ne correspond à aucune réalité scientifique », estime le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), dans un communiqué publié mercredi.
Répondant à une intervention de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, qui avait fait savoir, mardi 16 février, qu’elle avait mandaté le CNRS pour faire « un bilan de l’ensemble des recherches qui se déroulent dans notre pays », sur ce sujet.
En réalité, la ministre visait les chercheurs et les universitaires qui travaillaient sur les questions coloniales et raciales.
En effet, depuis quelques mois, les membres du gouvernement français prétendent que «les universités sont gangrenées par des universitaires qui s’allient aux islamistes pour diviser la France».
Face à ces accusations récurrentes, les chercheurs du CNRS sont donc montés au créneau pour dénoncer l’attitude du gouvernement.
Ainsi, l’institution « condamne avec fermeté celles et ceux qui tentent d’en profiter pour remettre en cause la liberté académique, indispensable à la démarche scientifique et à l’avancée des connaissances, ou stigmatiser certaines communautés scientifiques ».
Délégitimation de la recherche
Par ailleurs, le CNRS reproche, en particulier, les tentatives de délégitimation de différents champs de la recherche, comme les études postcoloniales, les études intersectionnelles ou les travaux sur le terme de «race ou tout autre champ de la connaissance ».
Le communique explique aussi que le rôle du CNRS, et plus généralement de la recherche publique, «est d’apporter un éclairage scientifique, une expertise collective, s’appuyant sur les résultats de recherches fondamentales, pour permettre à chacun et chacune de se faire une opinion ou de prendre une décision». Même en cas de controverses scientifiques, « c’est le seul moyen de progresser », insiste encore le CNRS.
Instrumentalisation de la science
Pour les chercheurs du CNRS, le terme « islamogauchisme » et l’exploitation politique est d’ailleurs une « regrettable instrumentalisation de la science ». Estimant aussi que « ça ne sera pas la dernière », le CNRS note « qu’il y a des voies pour avancer autrement ».
« C’est dans cet esprit que le CNRS pourra participer à la production de l’étude souhaitée par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation visant à apporter un éclairage scientifique sur les champs de recherche concernés » conclut le CNRS.