Les nouveaux ministres français désignés lundi soir, à l’occasion d’un vaste remaniement, ont pris leurs fonctions respectives, mardi, laissant remarquer un tournant à droite, par rapport à l’équipe sortante. Certains analystes estiment que la seule chance pour Macron de se faire réélire est de se retrouver face à Marine Le Pen.
La couleur a été déjà annoncée depuis samedi par la nomination d’un nouveau Premier ministre, Jean Castex, qui était secrétaire général de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy.
Mais il n’est pas la seule figure de droite à avoir été promue, à l’occasion de ce remaniement.
Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, a été remplacé par Gérald Darmanin, lui aussi figure emblématique de droite républicaine, de même que le ministre de la Culture Franck Riester, qui a cédé sa place à Roselyne Bachelot, elle aussi ministre sous Sarkozy.
Le ministère de l’Education nationale reste pour sa part à droite, avec le maintien en place de Jean-Michel Blanquer, qui incarne une figure autoritaire du gouvernement.
La surprise d’Eric Dupond-Moretti
La nomination du très médiatique avocat Eric Dupond-Moretti, au poste de ministre de la justice en remplacement de Nicole Belloubet, a en revanche créé la surprise.
Ténor du barreau parisien, connu pour ses coups de gueule et le nombre incalculable d’acquittements qu’il a obtenus dans sa carrière, il a remporté de très nombreuses affaires célèbres.
Du procès d’Abdelkader Merah, à celui de Patrick Balkany , en passant par l’affaire Outreau (pédophilie), il s’est constamment illustré par de magistrales plaidoiries, suscitant l’indignation comme l’admiration.
Ce mardi matin, il a affirmé au cours de sa passation de pouvoir, vouloir faire du ministère de la Justice « un ministère de l’antiracisme et des Droits de l’Homme ».
Depuis l’annonce de sa prise de poste, lundi soir, les milieux d’extrême-droite sont en ébullition notamment sur les réseaux sociaux.
En effet, en 2015, Eric Dupond-Moretti avait affirmé qu’il fallait « interdire le Front National » (parti d’extrême droite devenu Rassemblement National).
Ce remaniement ministériel doit marquer un tournant dans la politique du président Macron pour les deux dernières années de son quinquennat.
Macron face à Le Pen au second tour ?
Dans sa prise de fonction, le nouveau ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin conclut son discours de passation : « Nous devons combattre de toutes nos forces l’islamisme politique qui attaque la République. »
En clair, comme pour ses prédécesseurs la seule obsession est l’Islam. En effet, le terme « islam politique » utilisé par la propagande des Émirats arabes unis, permet donc à Macron et son gouvernement d’incarner une nouvelle « menace », un ennemi de l’intérieur invisible pour faire oublier les préoccupations véritables des français et faire monter le FN.
Ainsi, seul un FN fort peut assurer un second mandat à Macron et il compte bien tout faire pour s’assurer de se retrouver au deuxième tour avec le FN face à lui .
Pour l’instant cela semble bien fonctionner pour le président puisque selon les derniers sondages Macron se retrouvera face à Marine Le Pen au second tour.
Mais les français tomberont-ils une nouvelle fois dans ce piège ? Longtemps, les français avaient le choix entre seulement la droite ou la gauche, puis le parti socialiste a quasiment disparu. Dorénavant, ils ne veulent plus de ce nouveau jeu Macron-LePen.
D’ailleurs, le parti socialiste appelle dès à présent au rassemblement de la gauche.
« Si nous ne voulons plus du duo Le Pen – Macron, il faudra nous rassembler. Il faudra un·e candidat·e du bloc social-écologiste. Peut importe d’où il vient. La seule question est de savoir où il va. »
Olivier Faure – Parti Socialiste
Reste à savoir, si les écologistes vont pouvoir confirmer leurs succès après les grandes villes emportées aux municipales. Ou alors la France choiera un président musulman comme l’avait prédit Michel Houellebecq dans son roman.