Depuis la semaine dernière, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et ex-secrétaire général de l’UMP, propose l’interdiction des « listes communautaristes » prétextant la montée d’un « islam politique ». Il en appelle même à modifier la Constitution pour stopper ces listes.
Plusieurs constitutionnalistes affirment qu’il n’existe pas de base juridique pour interdire ces listes.
D’ailleurs quand on analyse l’approche des médias français, on voit que c’est le côté cultuel qui pose problème. Et quand on parle de cultuel on parle forcément de l’Islam. Car les autres partis qui ne défendent pas les intérêts des musulmans passent mieux dans l’opinion publique.
Une fois de plus seuls les musulmans sont visés
Ainsi, certains spécialistes affirment que le Parti chrétien-démocrate concerne tous les Français.
Ce qui ne serait pas le cas l’UDMF qui ne parlerait qu’aux musulmans. Dans e cas, la Lutte Ouvrière qui ne parle qu’aux ouvriers ne pourra plus présenter de liste?
Pourtant, les partis concernés réfutent les accusations dont ils font l’objet.
« On milite pour l’unité nationale”, explique Nagib Azergui, fondateur de l’UDMF, qui précise qu’il n’y pas “que des musulmans”. Pour lui les militants s’inscrivent dans un combat “politique” et non pas “religieux”.
De son côté, le PEJ accuse les partis traditionnels de détourner les problèmes de la France envers les immigrés. Selon les responsables, « l’incapacité des politiques à diriger la France, les poussent à désigner les citoyens d’origines étrangères comme ennemis ».
« C’une manière de cacher les incompétences », affirme un militant du parti égalité justice.
Dans une tribune, l’islamologue et conférencier Yannis Mahil fustige cette volonté d’interdire les listes communautaristes et assimile cela à une forme de censure.
Ces propositions liberticides et anti-démocratiques d’interdiction des listes « communautaristes » sont problématiques à plusieurs niveaux.
Tout d’abord quelle est la définition de « communautarisme » ? Personne n’en donne une définition claire.
Ensuite, dans le débat public ce mot s’utilise toujours pour stigmatiser les arabes, les noirs et les musulmans ! En effet, on n’entend pas parler de communautarisme pour les bourgeois blancs, les corses ou les franco-italiens. Même pour le Front National, un parti communautariste gaulois et xénophobe, personne demande son interdiction !
L’interdiction sera du fait un délit d’opinion
Il est donc clair que pour interdire ces listes, le jugement se fera sur l’origine et la religion des gens, ce qui est une rupture d’égalité flagrante associée à une discrimination raciste quasi-assumée.
Sans parler de l’hypocrisie sur la question de l’appartenance religieuse, car des musulmans français qui s’engagent en politique sont taxés de communautarisme alors qu’il y a toujours eu un en France des partis d’inspiration chrétienne, notamment démocrate-chrétien, principalement au Centre et à Droite.
Les français noirs, d’origine maghrébine et/ou musulmans sont sous représentés dans tous les partis traditionnels. Les questions sur lesquels ils sont souvent plus sensibles (racisme, quartiers populaires, justice sociale, mémoire de l’immigration, religion, voir certaines questions de politique internationale) ne sont pas traitées comme il se doit dans ces partis. Beaucoup se sont d’ailleurs battus en interne pour faire changer les choses, souvent en vain. Et nombreux été marginalisés au sein de ces partis. Il est donc naturel qu’ils créent des listes autonomes et tentent de faire entendre leur voix comme dans toute démocratie normale.
En plus, depuis plus de 20 ans, lorsque des arabes et des noirs un peu trop revendicatifs adhéraient aux partis traditionnels on les accusait d’entrisme. Et quand ils créent des listes autonomes on les accuse de communautarisme !
En fait la seule possibilité c’est soit de rester à la marge des espaces de pouvoir et de décision soit de devenir un noir ou un arabe de service ?
La censure derrière l’interdiction des listes communautaristes
En réalité, cette mesure qui tente de se couvrir d’une légitimité pseudo républicaine, vise à empêcher des populations des quartiers populaires, des français noirs, arabes et/ou musulmans d’investir le champ politique en tant que citoyens pour apporter un renouveau politique et prendre leur place légitime dans un espace où ils sont sous-représentés et peu entendus.
Et évidemment, comme au niveau local ces nouveaux acteurs remettent en cause l’hégémonie politique des partis de droite et de gauche. Et certains notables locaux, bien installés pensent que le vote des français issus « de la diversité » est acquis. Même si leur politique est catastrophique, cela gêne fortement !
Car s’il y a bien une chose qui se partage encore moins que l’argent c’est le pouvoir !
C’est donc bien une manœuvre anti-démocratique visant à exclure des concurrents politiques gênants par la censure et à écarter des citoyens français de plus en plus visibles. Certes on ne veut pas les voir prendre leur place légitime.
Comme l’affirme Yannis Mahil, cette polémique autour de l’interdiction des listes communautaristes est en réalité une volonté de stigmatiser les musulmans.