Le maire de Saint-Gratien, Julien Bachard, en personne a demandé à une exposante de confession musulmane de quitter le marché de Noël organisé par la Ville.
Les faits se sont déroulés le 30 novembre, le maire accompagné de la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio et de Francis Docquincourt, maire adjoint délégué au commerce.
L’exposante, Zekiye Yildirim, d’origine turque avait pourtant bien réservé un chalet pour une vente de pâtisseries et confiseries.
Zekiye Yildirim déclare :
«C’est le service municipal organisateur de l’animation qui m’a contactée et proposée de disposer d’un stand à ce marché de Noël »
L’Argenteuillaise, originaire de Sannois raconte:
« Je suis arrivé à 9h30. J’ai eu un bon accueil des membres de l’organisation, qui m’ont vue telle que je suis. Les clefs du chalet m’ont été remises. J’ai installé et décoré l’espace de vente. J’étais prête à l’ouverture du marché à 15h, des visiteurs sont venus découvrir mes produits. Tout se passait pour le mieux, jusqu’à 18h et l’arrivée du maire et de sa délégation »
C’est à l’arrivé de la délégation que les problèmes commencent, Zekiye déclare:
« Monsieur Docquincourt est venu vers moi pour me dire, d’une façon gênée, qu’il était désolé de me faire savoir que mon foulard ne passait pas.
« Comprenez-moi j’ai des directives ! », m’a-t-il dit.
« J’ai demandé pourquoi le chalet m’a été qui proposée. »
« Soit vous mettez un bonnet, soit vous vous faites remplacer par quelqu’un d’autre », m’a-t-on suggéré.
Citoyenne de seconde zone
Zekiye souhaite trouver un terrain d’entente :
« Pour éviter le scandale, j’ai demandé à finir la journée (il restait deux heures de vente) et ne plus revenir le lendemain »
La proposition n’a pas convaincu le maire. Accompagné de la sénatrice, il est venu sommer l’exposante de dégager des lieux immédiatement.
Humiliée ne sachant plus où se mettre, elle déclare :
« J’étais stupéfaite. J’aurais préféré partir discrètement, autrement que sous le regard des passants. »
Zekiye Yildirim, qui a toujours vécu en France déplore :
« J’ai préparé des produits pour cette manifestation. J’ai engagé des frais. Mais plus que le dommage matériel, il y a d’abord le dommage moral. C’est la première fois que je me retrouve dans une telle situation. On demande à la communauté musulmane de s’associer aux autres traditions culturelles, or, là je participe à un marché de Noël et on m’expulse ! »
Julien Bachard, maire de Saint-Gratien affirme que « La loi sur la laïcité s’impose ! »
On se demande que vient faire la loi de la laïcité pour un marché de Noël qui est purement et simplement une fête religieuse.
Le principe de laïcité aurait pu s’appliquer pour elle dans un cadre privé, si elle exerçait une mission de service public, ce qui n’a pas l’air d’être le cas en l’espèce. Certes, cette manifestation est organisée par la commune, mais cette personne n’est pas employée de la commune et elle n’exerce pas une mission de service public. On impose la règle de laïcité à des personnes du service public, à partir du moment où elles tiennent une mission de service public.
Sommes-nous encore face un acte d’Islamophobie?
Fatih Tüfekci