Les ministres des affaires étrangères turc et luxembourgeois se sont disputés au sujet des critiques des dirigeants européens sur l’état de la démocratie en Turquie et d’une éventuelle intervention militaire unilatérale de l’armée turque en Syrie.
Le 14 janvier, lors d’une conférence de presse avec Mevlüt Çavuşoğlu à l’issue d’une réunion bilatérale à Ankara, le ministre luxembourgeois des affaires étrangères, Jean Asselborn a déclaré :
«Bien que nous comprenions la réaction du gouvernement turc après le coup d’État manqué, nous sommes préoccupés par certaines des mesures prises et par leurs effets à long terme. En outre, vous continuez à emprisonner des journalistes, des universitaires et des représentants de la société civile.»
Le ministre en visite a évoqué les mesures prises par le gouvernement à la suite de la tentative de coup d’État de juillet 2016 par FETÖ, qui a coûté la vie à plus de 250 personnes.
Des dizaines de milliers de personnes liées au groupe du prédicateur Fethullah Gülen ont été arrêtées ou licenciées au cours d’un état d’urgence imposé deux ans à la suite de la tentative de coup d’État à la demande d’Ankara visant à écarter les bureaucrates liés aux FETÖ des institutions de l’État.
L’UE a sévèrement critiqué la Turquie à propos de la purge et a bloqué les négociations d’adhésion à part entière avec la Turquie en raison de ce qu’elle a appelé la détérioration des normes démocratiques.
Respecter les principes judiciaires universellement acceptés, tels que la présomption d’innocence et prendre des mesures concrètes en matière de droits de l’homme en coopération avec l’Union européenne et le Conseil de l’Europe figurent parmi les attentes, a ajouté Asselborn, citant les préoccupations de l’UE concernant l’état de droit en Turquie.
Le ministre a toutefois renouvelé le soutien continu du Luxembourg à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, tout en se félicitant des mesures prises récemment par le gouvernement turc pour améliorer la situation des droits de l’homme et la démocratie en Turquie .
Çavuşoğlu, pour sa part, a reproché à Asselborn d’avoir un double discours qu’il s’agit des pays européens ou de la Turquie. Les pays européens ne se sont jamais critiqués lorsque l’un d’entre eux, comme la France ou la Belgique, a déclaré l’état d’urgence pour lutter contre le terrorisme, mais quand c’est la Turquie personne ne se gêne a déclaré Çavuşoğlu.
Çavuşoğlu a ajouté :
«Nous ne pouvons accepter que des pays européens, y compris le Luxembourg, restent silencieux sur les mesures prises par d’autres pays de l’UE au nom de la solidarité, mais qu’ils essayent de donner des leçons à la Turquie. Ce que nous voulons voir, c’est de la sincérité. Je vous le dis, nous rejetons toutes ces critiques.»
Différents à propos de la Syrie
Çavuşoğlu a également critiqué l’appel d’Asselborn à la Turquie de ne pas intervenir unilatéralement en Syrie.
Çavuşoğlu a déclaré :
«Si nos actes unilatéraux vous préoccupent autant, alors venez (vous les pays Européens) combattre ensemble le terrorisme. Ce que nous avons fait jusqu’à présent en Syrie contre le PKK et Daesh est également très important pour la sécurité de l’Europe.» « Aujourd’hui face à Daesh il y a 65 pays, le Luxembourg compris (Coalition internationale). Mais à ce jour celui qui combat Daesh c’est la Turquie. Tout l’argent que vous avez versé à ce jour dans le pays (Syrie) est dans les poches du YPG et PKK. »
« Il est à noter que rien qu’en Syrie nous avons mis hors d’état de nuire plus de 3 000 membres de Daesh. J’ai assisté à toutes vos réunions (Réunions de la coalition), chacun de membres était là pour dire regardé je suis là, prenait la parole durant 2 minutes et rentrait chez lui. Le travail sur le terrain restait à la charge de la Turquie. Concernant l’Irak nous avons mis hors d’état de nuire plus d’un millier membre de Daesh. Ce que je veux dire par là c’est qu’aucun ces pays ne s’est battu face à face autre que la Turquie. Quand nous combattons groupe terroriste x vous nous applaudissez mais quand il s’agit du groupe terroriste y vous nous critiquer. Quand a pris de leur défense, si vous les aimer tant ces terroristes prenez les chez vous. D’ailleurs beaucoup d’entre eux ont pris refusé chez vous (en Europe) et ne sont pas inquiétés lorsqu’ils récoltent de l’argent (pour le terrorisme). »
FTU