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Macron, la gifle et la menace d’une extrême droite violente

action française

C’était sans aucun doute l’événement le plus marquant de la journée de mardi. Alors en déplacement dans la Drôme, pour ce qui s’apparente à un Tour de France auprès de la population, le président français Emmanuel Macron est giflé par un homme, devant de nombreux témoins qui immortalisent la scène avant de la publier sur les réseaux sociaux.

Très vite, la séquence est partagée à très grande échelle et l’ensemble de la classe politique française, y compris l’opposition, condamne évidemment cette atteinte physique et violente au Chef de l’Etat.

Damien, 28 ans, l’auteur de cette désormais célèbre gifle, est immédiatement interpellé avant d’être placé en garde à vue, au même titre que l’un de ses amis, présent sur les lieux au moment de l’agression pour filmer la scène.

Mais très vite, ce qui a cristallisé l’attention de tous, c’est le slogan, utilisé par le groupuscule royaliste d’extrême droite Action Française, et repris par l’agresseur au moment d’asséner cette gifle.

« Mont-joie Saint-Denis ! À bas la macronie » s’est effectivement écrié le jeune homme.

Si à ce stade, ses amis, qui témoignent dans la presse locale, affirment qu’il est apolitique, et sans histoires, les faits laissent perplexe.

Qui est l’Action Française ?

Né en 1898, l’Action Française est un mouvement royaliste et nationaliste classé à l’extrême droite. Très vite, de ce courant de pensée, naîtra une revue puis un journal quotidien.

Le mouvement revendique aujourd’hui plus de 3 mille adhérents.

Dans un livre intitulé « Les milieux militaires et l’Action française de 1898 à 1940 » et publié par l’historien Olivier Forcade, ce dernier revient notamment sur les convergences entre le groupuscule et les milieux militaires.

Selon lui, « dès sa fondation, la doctrine du mouvement répond largement aux aspirations politiques du monde militaire : l’unité et l’appel au soldat, la patrie et la défense nationale, la religion et une conception organiciste de la société, porteuse incidemment d’un anti-intellectualisme lié au refus de l’individualisme et à la nécessité de la discipline collective dans les armées ».

Le spécialiste d’histoire contemporaine estime qu’historiquement, « l’Action française a su séduire des composantes de la société militaire, tant dans le corps des officiers que dans la société militaire au sens large, incluant les familles et les réseaux de sympathie ».

Quel est le profil de l’agresseur ?

Alors qu’il se trouve toujours en garde à vue, l’homme qui a giflé Emmanuel Macron possède des comptes très parlants notamment sur le réseau social Facebook.

Abonné au profil de « Papacito » qui publiait lundi sur Youtube, une vidéo sous forme de tutoriel pour exécuter des militants de gauche, il suit aussi de très près, les activités de Julien Rochedy, directeur du Front National Jeune de 2012 à 2014.

Damien T. semble par ailleurs passionné de l’époque médiévale et pose, sur les réseaux sociaux, paré de vêtements d’époque et armé d’une épée.

À ce stade, son profil politique et n’est pas établi avec certitude et le procureur de la république de Valence fait, dores et déjà, savoir qu’il n’avait aucun antécédent judiciaire, tout comme son complice présumé.

L’étau se resserre néanmoins sur ce dernier après les perquisitions menées à son domicile.

Selon les informations publiées ce mercredi par la presse française, des armes (dont la nature n’est pas précisée) ainsi qu’un exemplaire de Mein Kampf ont été retrouvés à son domicile. Des éléments qui tendent à compléter un profil déjà limpide.

Quels précédents de violences similaires ?

On se souvient tous de la gifle qu’avait reçue Manuel Valls en 2017, à l’époque où il était encore Premier ministre mais il n’est pas le seul politique à avoir fait les frais de violences.

En 2018, des jeunes sympathisants de l’Action Française, avaient là-aussi agressé le député de gauche Eric Coquerel en lui envoyant une tarte à la crème au visage aux cris de « Mont-joie Saint-Denis ».

Mais ces événements sont sans commune mesure avec l’attaque qui a par exemple visé le président Jacques Chirac victime d’une tentative d’assassinat.

Le 14 juillet 2002, en plein défilé de la fête nationale à Paris, Maxime Brunerie, militant d’extrême droite, a tenté de tirer sur le chef de l’Etat avant d’être stoppé dans son entreprise meurtrière par des citoyens présents.

Si les services de sécurité de la présidence de la république sont aguerris et formés pour éviter les agressions, il n’en demeure pas moins que certaines violences sont difficiles à éviter.

Les fouilles, et précautions d’usage ne permettent pas d’éviter les agressions comme celles vécues mardi par Emmanuel Macron, qui sont indétectables en amont.

Ce dernier a par ailleurs réagi par voie de presse en rappelant qu’il entend parfaitement les protestations mais qu’il ne peut pas accepter de violences dans le cadre d’un exercice démocratique.

À noter également que la montée en puissance de l’extrême droite inquiète au plus haut point et que près d’une demi-douzaine d’attentats liés à ce courant, ont été déjoués par les services de l’Etat depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron.