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Non l’abattage de poulet halal n’est pas interdit (pas encore)

poulet abattage halal

L’abattage du poulet Halal n’est pas en danger, estime l’union française des consommateurs musulmans dans un communiqué de presse, publié vendredi.

En effet, l’association de défense des droits des consommateurs musulmans fustige l’attitude des trois mosquées françaises qui ont alerté les musulmans sur la possibilité de voir la fin des poulets Halal en France.

La directive ministérielle, publiée en octobre 2020, traite principalement des procédés régissant l’abattage des volailles avec ou sans assommage préalable. Mais ce n’est que jeudi 17 mars que les 3 recteurs des mosquées de Paris, Lyon et Evry avaient exhorté le gouvernement « à revenir sur cette décision estimant qu’elle mettait fin à l’abattage de poulet Halal ».

« C’est tout le contraire », précisent les responsables de l’association qui voient « une bonne nouvelle dans cette directive ».

D’après les explications de l’union, « la technique obligatoire en France consiste le plus souvent à électrocuter les volailles (électronarcoses) avant leur saignée. Mais il existe encore une dérogation pour un abattage rituel sans assommage (sans électronarcose) préalable ».

D’après le communiqué, la directive confirme d’ailleurs cette dérogation mais précise les conditions de son application.

Trois modes d’abattage en France

Le communiqué explique ainsi « qu’il existait jusqu’à ce jour trois modes d’abattage en France ».

D’après les directives, la première consiste en un abattage non Halal dit conventionnel, donc avec électronarcose, en respectant l’intensité des chocs électriques imposée par l’UE. Cette intensité tue l’animal avant qu’il ne soit saigné.

D’après l’association, « plusieurs entreprises de volailles Halal avaient recours à ce procédé alors que le rite musulman l’interdit ».

En revanche, l’union des consommateurs musulmans précise qu’il existait aussi une dérogation pour les cultes, notamment juifs et musulmans, qui permettent l’abattage sans aucune électronarcose.

« Ceux qui utilisent ce procédé d’abattage Halal doivent installer un système (très coûteux) de contention maintenant les volailles », explique également le communiqué avant de préciser que « les autorisations préfectorales sont obligatoires et sont délivrées au compte-goutte ».

De ce fait, ce système augmente le prix de revient et tous les grands abattoirs industriels en France refusent généralement ce type de production.

Toujours selon l’union, rares sont les certificateurs Halal qui n’autorisent pas l’électronarcose, c’est le cas d’AVS ou Halal Service par exemple.

« La directive est simplement venue préciser les conditions d’utilisation des systèmes de contentions, mais le texte prévoit qu’il est toujours possible d’abattre rituellement sans assommage et en particulier sans électronarcose », se réjouit le communiqué.

Enfin, toujours selon le communiqué, il existait une troisième méthode « d’abattage dit Halal avec une électronarcose atténuée ne respectant pas les paramètres européens ».

Le Halal pas garanti avec cette méthode

Pour l’union, la méthode d’abattage par électronarcose atténuée est doublement incohérente. En effet, « d’un côté, au niveau du respect de la norme Halal, une basse intensité ne garantit aucunement que les volailles ne meurent pas par électrocution ».

« D’un autre côté, au niveau de la maltraitance animale, une basse intensité peut ne pas étourdir les volailles, elles subiront alors une souffrance inutile tout au long de la chaîne d’abattage », ajoute l’union des consommateurs musulmans.

L’union dénonce donc la pratique de l’électronarcose atténuée « qui ne garantit pas le Halal mais permet de baisser les couts de production ».

Selon l’union, « cette directive ministérielle fait disparaître le 3ème cas à partir de juillet 2021 », laissant ainsi la place au 100% Halal ou pas du tout Halal, en supprimant le doute.

« Les organismes de certification et les industriels qui pratiquaient le 3ème cas doivent désormais choisir entre le cas 1 (Haram) ou le cas 2 (Halal sans électronarcose) », se réjouit l’Union, qui y voit une « clarification pour les consommateurs qu’ils soient ou non musulmans».

Par ailleurs, l’Union dénonce l’attitude des trois mosquées qui délivraient donc « des certificats Halal douteux ».

L’union estime que pour les organismes de certification qui délivraient donc des autorisations de « pseudo Halal sur la volaille avec une électronarcose atténuée, (sont) une vraie catastrophe et ils devront s’attacher à un respect plus rigoureux et plus exigeant de la norme Halal, telle qu’elle est établie par nos Textes ».

Elle réfute ainsi le communiqué des 3 mosquées qui pratiquent l’assommage et en particulier l’électronarcose.

Les trois mosquées vont-elles changer de méthodes ?

Cette directive n’a pas fait réagir la communauté juive de France car elle pratique l’abattage sans électronarcose. Pourtant, les trois mosquées avaient affirmé vouloir « l’aide des juifs afin de convaincre le gouvernement de changer de position ».

L’union espère d’ailleurs que « les trois mosquées et d’autres certificateurs sauront évoluer dans le bon sens et exiger l’installation d’un système de contention sur les sites d’abattage ».

« Dans un contexte de lois qui ne cessent de mettre les musulmans dans le viseur, il est temps de cesser les compromissions qui bafouent notre éthique », explique le communiqué.

Enfin, le communiqué appelle « le consommateur à être extrêmement vigilant sur les produits estampillés Halal ».

Fatih KARAKAYA