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L’Etat français assume de cibler les mosquées

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L’Etat français va « particulièrement regarder ce qui va se passer dans les lieux de culte » qui refuseraient de signer sa « charte des principes pour l’Islam de France », a prévenu, lundi matin, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

La veille, dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) sa ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa, avait annoncé les mêmes procédés à l’encontre des associations qui refuseraient de signer la charte laïque imposée par le gouvernement.

Darmanin estime que les mosquées et fédérations qui s’opposent à ladite charte, « ne souhaitent pas dire qu’elles sont compatibles avec les valeurs de la République ».

Il se félicite du fait que la loi « séparatisme », qui sera discutée dès ce lundi après-midi à l’Assemblée Nationale, « donne des pouvoirs extrêmement forts à l’Etat pour intervenir, désormais, pour lutter, pas simplement contre le terrorisme mais contre le séparatisme ».

« Nous ne pouvons plus discuter avec des gens qui refusent d’écrire sur un papier que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu », prétend, par ailleurs, le locataire de Beauvau, induisant d’emblée qu’un croyant qui respecterait sa religion n’est pas compatible avec le respect de la République.

« Il doit y avoir des mosquées en France, et des ministres du culte, mais ils ne doivent pas être payés par des États étrangers».

GERALD DARMANIN

En mettant en opposition le respect de la religion et le respect de la République, le ministre oublie néanmoins de préciser quels sont réellement les points de crispation de cette charte.

La charte des imams imposé par l’Etat

Composé d’une dizaine d’articles, le texte, signé par le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) rejette une prétendue « instrumentalisation de l’islam à des fins politiques et/ou idéologique » et indique que « les signataires s’engagent, donc, à refuser de s’inscrire dans une quelconque démarche faisant la promotion de ce qui est connu sous l’appellation d’islam politique ».

Le contrat précise, en annexe, que par « islam politique, la présente charte désigne les courants politiques et/ou idéologiques appelés communément salafisme (wahhabisme), le Tabligh ainsi que ceux liés à la pensée des Frères musulmans et des courants nationalistes qui s’y rattachent ».

Le CFCM refuse donc, via cette charte, que les « lieux de culte servent à diffuser des discours politiques ou importent des conflits qui ont lieu dans d’autres parties du monde ».

Mais le texte ne s’arrête pas là : il prend une claire position politique en niant un « racisme d’Etat », alors même que la France a pourtant déjà été condamnée notamment en 2016 pour des contrôles au faciès.

« Dès lors, les dénonciations d’un prétendu racisme d’Etat, comme toutes les postures victimaires, relèvent de la diffamation. Elles nourrissent et exacerbent à la fois la haine antimusulmane et la haine de la France », affirme alors le texte, sans aucune retenue.

Parmi les huit fédérations qui composent le CFCM, trois ont, pour l’heure, refusé de signer, à savoir, le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), la Confédération islamique Milli Görus (CIMG) et Foi & Pratique .