Une commission spéciale de l’Assemblée nationale française a adopté le projet de loi controversé « confortant le respect des principes de la République », qui était préalablement connu sous le nom de « Combattre l’islam séparatiste ».
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé dans un tweet samedi soir, qu’une commission spéciale de l’Assemblée nationale avait « largement » adopté le projet de loi « visant à conforter les principes de la République », selon ses expressions.
Et d’ajouter : « Nous faisons une loi pour l’avenir – et pas seulement pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui -, avec un seul objectif : défendre les valeurs de la République ! ».
Darmanin a souligné que la montée des mouvements d’extrême droite et d’extrême gauche dans le pays constituait également une menace.
Le projet de loi place les musulmans sous un état de « siège »
Le projet de loi fait l’objet de plusieurs critiques dans la mesure où il cible les musulmans en France, à tel point qu’il en viendrait même à imposer des restrictions sur presque tous les aspects de leur vie, cherchant à transformer des faits rares voire anecdotiques en problèmes chroniques.
Le texte prévoit d’imposer un contrôle sur les mosquées et les associations chargées de leur gestion, et le suivi du financement des organisations civiles musulmanes.
Il impose également des restrictions à la liberté des familles de fournir une éducation à domicile à leurs enfants, dans un pays où le port du voile est interdit dans les établissements d’enseignement pré-universitaire.
Le projet de loi interdit aux patients de choisir les médecins en fonction de leur sexe, pour des considérations religieuses ou autres, et rend obligatoire « culture laïque » pour tous les employés du secteur public.
Le projet de loi devrait être présenté à l’Assemblée nationale en février prochain.
Le 2 octobre dernier, le projet de loi a été présenté par le président français Emmanuel Macron sous le nom de « Combattre l’islam séparatiste », et son appellation a ensuite été changée en projet de loi « confortant le respect des principes de la République » suite à la levée de boucliers suscitée par la première appellation.
Les récentes initiatives du président français interviennent à un moment où les musulmans de France se sentent visés et humiliés, et ce, même par la plus haute hiérarchie de l’État qui les cible directement. Macron veut user de son projet flou pour affronter « l’isolationnisme ou le séparatisme islamique », comme il le qualifie, or, la stigmatisation des musulmans de France est un fait qui est déjà bien ancré, prenant des aspects variés allant du social à l’économique.
Plus de musulmans en France
La France compte parmi les pays européens qui ont la plus grande communauté musulmane. Ainsi, à la mi-2016, environ 5,7 millions de musulmans vivaient en France, soit 8,8 % de la population totale. Au sein de l’Union européenne, ce pourcentage se situe à 4,9 %, un taux qui serait revu à la hausse jusqu’à 11,2 % à l’horizon 2050, selon les projections de l’américain Pew Research Center.