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Ces fakes news qui nourrissent la haine des musulmans

Darmanin fake news

De plus en plus d’internautes s’insurgent contre les « fakes news », ces fausses informations qu’utilisent les membres du gouvernement français qui permet de faire appel à des sentiments haineux envers une partie de la population en particulier les musulmans.  

Pourtant, le gouvernement lui-même se plaignait des fakes news et avait mis en place fin avril 2020 une page dédiée afin de « rétablir la vérité ».

« La crise du #COVID19 favorise la propagation de #fakenews, avait écrit, jeudi 30 avril, la porte-parole du gouvernement. « Plus que jamais, il est nécessaire de se fier à des sources d’informations sûres et vérifiées. C’est pourquoi le site du @gouvernementFR propose désormais un espace dédié. »

Mais quelques jours plus tard, la page avait disparue parce que d’une part les rédactions des médias avaient protestés mais aussi parce que le gouvernement s’était rendu compte que ses propres mensonges étaient pointés du doigt.

Si la page dédiée aux mensonges sur la crise sanitaire a bien disparu en revanche, la stratégie à disqualifier les musulmans en recourant à la manipulation est toujours présente.

Agression d’un musulman « parce qu’il fêtait Noel »

Le 26 décembre, coutumier des affirmations approximatives, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a affirmé sur Twitter :

« A Belfort, un jeune homme agressé parce qu’il aurait fêté Noël et ne serait pas un «bon arabe». Circonstance «aggravante» : être fils de policiers. La justice a ouvert une enquête. Pas de place pour le séparatisme dans notre pays, pas de place pour le racisme d’où qu’il vienne. »

GERALD DARMANIN

En tant que ministre et garant de la paix sociale, Gérald Darmanin n’a pas attendu le fin mot de l’histoire pour attiser la haine envers les musulmans. Désormais, pour lui et ses compères, tout est devenu « une histoire de séparatisme ». Ainsi, si deux jeunes l’un français, l’autre « de quartier » se battent pour une banale histoire, le ministre est capable d’en déduire que « c’est du « séparatisme » afin de justifier le « projet de loi réconfortant les principes républicains ».

Pourtant, quand il a été accusé de viol, il a réclamé « la présomption d’innocence » pour sa personne et n’hésite pas à déclarer coupables les citoyens « musulmans » avant qu’ils soient jugés.

« Une question d’égo »

Mais en réalité cette attaque n’avait rien de « séparatiste » encore moins une histoire de religion. Ainsi, le procureur de la République de Belfort a démenti point par point les affirmations de Gérald Darmanin. Il a par ailleurs déploré « la circulation d’informations inexactes susceptibles d’engendrer un trouble à l’ordre public ». Peut-être visait-il particulièrement le ministre mais en tout cas, cette histoire a tellement circulé que « beaucoup de citoyens » se sont réconfortés non pas dans les principes républicains mais dans l’idée de « l’incompatibilité des musulmans à vivre en France ».

Finalement, le procureur a révélé qu’il s’agissait d’une banale histoire « d’égo » entre deux adolescents. Malgré tout, le ministre n’a pas présenté d’excuse et n’a pas effacé son tweet qui a recueilli des milliers de commentaires haineux. Ainsi un certain Patrick Greiner écrivait : « L’esprit islamiste gagne du terrain, chaque jour, M. le Ministre. L’esprit islamiste prospère sournoisement. Ce n’est pas un séparatisme. C’est une idéologie ».

Agression d’une femme en jupe courte à Strasbourg

Il faut dire que le ministre de l’intérieur n’est pas le seul à pratiquer « l’agitation de chiffon rouge » pour orienter la colère des citoyens français envers les musulmans.

En effet, au mois de septembre 2020, une femme avait affirmé « avoir été agressée par des hommes parce qu’elle portait une jupe trop courte ». Aussitôt, la Ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, en charge de la citoyenneté, Marlène Schiappa s’était déplacée à Strasbourg pour soutenir la plaignante.  À ce jour, l’enquête peine à prouver les accusations de la jeune fille, et pourtant la ministre persiste et continue d’affirmer « rien ne prouve la non-agression de la jeune fille ».

fakes news marlène Schiappa

Pour enfoncer le clou, la ministre omniprésente sur les réseaux accusent de « misogynie », les hommes qui critiquent son comportement.

D’ailleurs comme pour le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, Shciappa recourt également à des approximations ou des affirmations non sourcées justifiant son projet de loi sur le séparatisme. « La polygamie, le certificat de virginité, le mariage forcés » sont des exemples qui illustrent bien ces fakes news.

Plusieurs cas de mensonges

Ces deux cas emblématiques ne sont pas les seuls malheureusement, comme le relève les journalistes de Mediapart David Perrotin et Ilyes Ramdani. Depuis quelques années, au sein du gouvernement « la récupération des faits divers » devient une constante afin de marginaliser les musulmans. On se souviendra de la déclaration de Jean-François Copé qui affirmait qu’un « enfant s’est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu’on ne mange pas pendant le ramadan ».

Cette anecdote semble si loin qu’on retiendra plus récemment l’histoire « des femmes interdites dans les PMU », ou des « gentils garçons blancs agressés par des banlieusards », du « couple policier attaqué suite à la diffusion de vidéos d’eux », « d’un policier renversé par chauffard en fuite ».

« La loi sur le séparatisme est forgée à partir de fakes news et d’alternative facts. Sans parler des motifs de dissolution de @Barakacity et du CCIF » note aussi Fateh Kimouche, fondateur du site d’information Al Kanz.

En résumé ces fait divers attirent l’attention des politiques parce qu’ils répondent à un besoin de nourrir les fantasmes identitaires et renforcer l’islamophobie. D’ailleurs ces mensonges deviennent si dérangeants que dans son édition du 1er décembre 2020, le journal Libération n’avait pas hésité à qualifier de « Le mytho de l’Intérieur » en parlant de Gérald Darmanin.