« Cette étrange obsession française pour le voile », écrivait en avril 2016, l’historienne Françoise Feugas dans les colonnes de l’OrientXXI, tout comme d’autres médias, à l’instar de France Inter ou France Culture qui feront état de ce même constat au fil des années. Ainsi force est de constater que rien n’a changé depuis si ce n’est que désormais la haine antimusulmane est légitimée et alimentée par des musulmans apparentés.
En effet, alors que l’on pensait que le racisme antimusulman émanait de l’extrême-droite, à laquelle les électeurs sont appelés à faire barrage à chaque élection, on réalise aujourd’hui que ce fléau touche désormais tous les partis.
Ainsi, au niveau du Parti présidentiel, La République en Marche (LREM), les déclarations tous azimuts de ses membres à l’encontre des musulmans démontrent à elles seules, cette « hystérie politique » théorisée par l’anthropologue Emmanuel Terray.
Le discours d’Emmanuel Macron participe à cette haine
A peine arrivé au pouvoir, Emmanuel Macron n’a eu de cesse d’attaquer ce qu’il appelle l’Islam radical, l’Islam politique et désormais le « séparatisme ». Pour mener à bien son combat, il a nommé Christophe Castaner puis Gerald Darmanin comme ministre de l’Intérieur qui, dans la lignée de Nicolas Sarkozy et Manuel Valls, perpétue une lutte qui n’a pour but que de fractionner la société.
Ainsi, le nouveau ministre, qui semble prendre à cœur cette lutte, a déclaré devant des représentants musulmans du Conseil Français du Culte Musulman que « le projet de loi prévue contre les musulmans ne devait pas toucher les autres religions », comme le rapporte le journal Libération.
En d’autres termes, contrairement à ce qu’affirment les membres du gouvernement jurant que cette loi concerne le séparatisme, cette déclaration tombe comme un coup de massue sur les musulmans de France. En effet, le fait que le ministre ne voit aucun inconvénient à viser directement les musulmans confirme ainsi l’existence d’un rejet, voire un racisme à l’encontre de la communauté musulmane jusqu’à la tête de l’état.
Par ailleurs, cela démontre aussi que l’inquiétude de l’exécutif se confirme non pas au niveau du respect des droits de l’Homme mais dans les conséquences négatives aux autres religions. Ainsi, si on prend l’exemple de l’abattage Halal, le gouvernement pourrait l’interdire alors que sous peine d’être accusé d’antisémitisme, la même interdiction ne pourrait s’appliquer à l’abattage Casher.
Dans ce cas, le gouvernement français nous mène-t-il exactement dans le sens contraire de ce qu’il prétend lutter à savoir « un communautarisme légal » ? Cet état d’esprit illustre parfaitement une islamophobie irrationnelle en France.
Islamophobie veut dire la haine antimusulmane
Jusqu’à présent, aucun président français n’a prononcé le mot islamophobie. Il faut dire les extrémistes ont réussi à convaincre les Français que le mot « islamophobie » a été inventé par les Iraniens dans le but d’interdire toute critique de l’Islam.
Pourtant en réfutant la banalisation d’un mot aussi significatif, les politiciens français participent à la haine envers les musulmans.
De l’islamisme à l’Islam
Tandis que le monde entier n’a eu aucun mal à utiliser le terme « islamophobie » pour désigner la haine antimusulmane, la France s’est retranchée derrière son refus de la multiculturalité pour accentuer ses agressions et ses provocations envers sa population musulmane. Ainsi, les discours d’Emmanuel Macron banalisant l’hostilité envers les musulmans, le discours de haine s’est libéré envers l’Islam et non plus l’islamisme que certains prétextaient pour légitimer la désignation du musulman comme ennemi.
Aujourd’hui, on peut tout à fait demander l’interdiction du voile dans l’espace public tout en prônant sur des chaines de télévisions, la liberté d’expression. La caractéristique principale de ces islamophobes est de désigner directement le musulman mais surtout la musulmane.
Il n’y a plus de frontières entre islamisme et islam, entre radical et pratiquant. Ainsi, dans son édition du 28 septembre, le Parisien explique le radicalisme par le fait que des « sportifs ne prennent pas de douche nu devant les autres notamment des enfants ». Pourtant, quelques recherches auraient permis d’expliquer que la pudeur est une règle essentielle de l’Islam. Face à ce titre racoleur, le ministre de l’intérieur s’est empressé d’écrire sur Twitter « qu’il ne tolérera pas ce genre de séparatisme ». En conséquence de quoi nous devrions établir une corrélation entre nudité et laïcité ? Pour être un bon républicain, faut-il arborer la tenue d’Adam ?
Les musulmans sont abasourdis aujourd’hui par le niveau de ces débats, ils sont tétanisés à l’idée que l’on puisse devenir aussi hystérique. Et pourtant, ils ont les mains liées, ils ne peuvent pas hausser la voix sous peine de passer pour des « ennemis de la république ». Les pouvoirs publics expliquent que dans une République toute contestation est la bienvenue sauf quand elles émanent des musulmans.
La Gauche a perdu toutes ses valeurs
Dans ce contexte d’hostilités permanent à leur égard, les musulmans pouvaient chercher un peu de réconfort auprès des partis de gauche. Malheureusement cette gauche a perdu toute crédibilité au sein des citoyens et les accusations d’islamo gauchisme a définitivement tué cette gauche qui ne se relèvera plus. En somme, cette gauche ne trouve plus la force de défendre les droits humains en France. Pire encore, des personnalités comme Manuel Valls se comportent exactement de la même manière que la droite.
De même, chez les écologistes où le soutien commence sérieusement à manquer. Même si la direction du Parti vert s’est désolidarisée de son futur probable candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, qui a pris position contre le voile à l’Assemblée, il devient de plus en plus difficile au sein des écologistes de prendre position en faveur des musulmans.
On pourrait saluer, en revanche, le bon sens de Jean-Luc Mélenchon qui appelle « à éviter une guerre de religion ». Mais comment être sûr de cet homme politique qui estimait en 2010 que « les femmes voilées se stigmatisaient toutes seules » ? Peut-être entre-temps, a-t-il perçu le filon lui permettant d’atteindre le vote des musulmans, mais aussi faut-il rappeler que le candidat Manuel Valls en « avait aussi marre de la stigmatisation des musulmans ». A croire qu’une fois élus, ils oublient toutes les valeurs qu’ils défendaient.
Les musulmans apparentés en première ligne dans la haine antimusulmane
Les politiciens sont de plus en plus critiqués pour leur incompétence dans la résolution des problèmes des Français. Alors, semble-t-il pour détourner le débat des véritables préoccupations de la population, ils emploient des stratégies comme par exemple pousser les médias à mettre sur le devant de la scène des personnalités en apparence musulmanes afin d’échanger, de manière virulente, sur l’Islam.
Ainsi, on retrouve du matin au soir, les mêmes personnalités médiatiques de cultures musulmanes pour alimenter la haine antimusulmane, polémiquant de manière totalement stérile sur tous les sujets pour peu qu’ils impliquent un rapport, même indirect, avéré ou inventé, avec les musulmans.
Parmi ces figures star de l’immigration hostiles à l’Islam, on retrouve Zineb El Rhazoui. En mars dernier, elle écrivait sur son compte twitter « Vive la France ! Mort à l’Islam ! Allah n’existe pas » ! Ainsi elle mettait en relation la « vie de la France à la mort de l’Islam ». Sans la mort de l’Islam, la France n’existerait pas ?
Haine antimusulmane dépassée par la droite
Tandis qu’un tel discours de la part d’un membre de l’extrême-droite passera pour une incitation à la haine, quand il vient de la part d’une fille immigrée cela devient légitime. Le plus surprenant encore c’est que les personnes qui soutiennent cette « liberté d’expression », appellent à faire barrage contre à l’extrême droite lors des élections.
Bien entendu El Rhazoui peut aussi compter sur les autres musulmans apparentés comme Zohra Bitan, Nader Nemouche ou Hala Ouikili pour mener un combat islamophobe.
D’ailleurs, quand on analyse le procédé des islamophobes, on remarque que « les musulmans apparentés » qui sont recrutés par les médias d’opinions, interviennent quasi quotidiennement à la télé pour parler des musulmans sans les musulmans.
En effet, l’absence de musulmans dans ces débats devraient faire bondir les militants des Droits de l’Homme, pourtant la peur de se faire lyncher les poussent à garder le silence.
On note, en revanche, quelques personnalités comme le député Aurélien Taché ou Clément Viktorovitch qui refusent de voir la vie uniquement en noir et blanc et apportent des nuances vitales au vivre-ensemble. Quant aux autres, c’est à dire « les musulmans » qui oseront contester la version de diffuseurs de haines seront, de facto, accusés « d’islamistes », « radicalistes », « frères musulmanistes ».
La liberté à géométrie variable
Les français savent que la liberté d’expression est à géométrie variable en France. En effet, comment dans ce cas accepter que des humoristes comme Dieudonné peuvent ne plus utiliser les réseaux sociaux tandis que d’autres artistes se disant ouvertement islamophobes peuvent continuer à inciter à la haine antimusulmane. Enfin comment expliquer que Hervé Ryssen, écrivain et auteur de propos antisémites puissent aller en prison alors que le multirécidiviste Eric Zemmour continue de sévir sur les plateaux télés en toute impunité ? Telle est la grande question que les français devraient se poser.
Fatih KARAKAYA
Rédaction avec Anadolu Agency