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Faut-il aller voir le film de Naim Suleymanoglu ?

naim l'haltérophile

Naim Suleymanoglu est le grand haltérophile turc de tous les temps. Il a battu plusieurs records du monde dont la plus part lui appartenait déjà. Le 22 novembre un film retraçant sa vie est dans les salles de cinémas. Faut-il aller voir le film de Naim Suleymanoglu ? Murat Buyuk vous donne quelques détails de sa vie afin d’éveiller en vous des curiosités.

Si vous avez moins de 25 ans, vous avez peut être entendu le nom de Naim Suleymanoglu. Mais n’aurez certainement pas vécu ces moments historiques où en 1986 le monde entier découvre un jeune haltérophile issu de la minorité turque de Bulgarie.

Cette célébrité, il l’a doit autant à ses exploits sportifs hors normes, qu’à sa défection rocambolesque digne des meilleurs films d’espionnage.

De son enfance à l’âge de jeune adulte, Suleymanoglu se réfugie dans l’haltérophilie pour échapper à la chape de plomb pesant alors sur la minorité turque, ainsi en 1984 :

– interdiction de parler le turc
– bulgarisation des noms turcs
– interdiction de pratiques religieuses
– intimidations et violences policières
– arrestations arbitraires …

Bref une politique d’assimilation instaurée par le régime communiste de Todor Jivkov qui poussera Naim à prendre son destin en main.

Cette année, une équipe de télévision nationale bulgare débarque au centre d’entraînement. On lui demande d’affirmer, face caméra, qu’il s’est toujours senti bulgare. Que Suleymanoglu n’était qu’un nom d’esclave ottoman (!)
Il refuse.

On lui prête alors des propos qu’il n’a jamais tenu :

« Le sang bulgare coule dans mes veines » ou « je veux représenter la Bulgarie avec mon véritable nom » (le regime lui avait attribué le nom de Naum Shalamanov)

Exode vers la Turquie, ses terres ancestrales

Issu d’une famille modeste turque resté en Bulgarie après l’éclatement de l’Empire Ottoman, Naim subit de plein fouet la politique impitoyable d’assimilation. Citoyen de seconde zone, il décide au risque de porter préjudice à sa famille, de se faire la belle.

En décembre 1986, alors en compétition à Melbourne en Australie, aidé par des agents turcs, Naim fait sa défection et se réfugie à l’ambassade de Turquie.

Accueilli en héros, on retiendra donc les images aux côtés du Président Özal qui avait joué un rôle central pour sa libération des griffes communistes jivkoviennes.

Naim suleymanoglu avec le président Turgut Ozal

Grâce à lui, la Turquie venait de trouver un héros national. Il faut rappeler que cette époque était celle où le pays était plongée dans des tourments économiques et sociales. Ce dernier le rendra bien jusqu’à son dernier souffle. Quant aux turcs, ils auront gardé pour lui, une place à part dans leurs coeurs.

Selon le chercheur Thomas Séon qui élabore une relation entre la force produite et la masse des haltérophiles, Naim est le sportif ayant réussi la meilleure performance de tous les temps.

Surnommé Hercule de Poche, finalement, Naim s’est éteint très tôt à l’âge de 50 ans le 18 novembre 2017, d’une insuffisance hépatique. Il se repose ainsi au cimetière militaire d’Edirnekapı à Istanbul.

Le film de Naim Suleymanoglu

Tout d’abord, le film a été accueilli très positivement en Turquie. Il retrace très équitablement sa vie. C’est donc un film émouvant où on voit au fil du temps la naissance d’un héros.

Mais surtout, le film met en avant le combat politique de Naim. En effet, celui-ci a utilisé le sport pour attirer l’attention sur les violations des droits de l’Homme en Bulgarie.

De ce fait, ce film raconte avant tout, l’histoire d’un sacrifice, et non pas d’une vie.

Pour l’instant peu de salles françaises proposent ce film.