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Kevin Ozgoz, le comique turc de la scène humoristique française.

Djamel Debbouze, Gad Elmaleh, Malik Bentalha, Dieudonné, Donel Jacks’man, Bun Hay Mean, Ahmed Sylla, la scène humoristique française est  à l’image de la France , un melting-pot de cultures et de traditions. Cependant il manquait un représentant de la culture turque dans cette riche mosaïque de l’humour  jusqu’à l’émergence de Kevin-Orhun Ozgoz.

Ce jeune lycéen de 16 ans, issue d’une famille turque originaire de Bursa, et vivant à Tramoyes dans l’Ain, rêvait d’embrasser une carrière politique depuis sa plus tendre enfance, toutefois, à l’âge de 14 ans son attirance pour l’humour prendra le dessus.

Dans notre épopée des parcours atypiques des franco-turcs, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec ce jeune homme souriant, au regard fougueux , plein d’assurance et sachant ce qu’il veut.

 D’où  te vient cet engouement pour la carrière humoristique?

Depuis que je suis tout petit, j’aime faire rire mon entourage, j’adore rigoler. Je suis depuis toujours fan de Gad Elmaleh et de Djamel Debbouze et je nourrissais le rêve de monter sur les planches un jour. L’humour est un don pour moi, et depuis longtemps, j’ai la conviction que c’est ma voie.

Quelle est la réaction de ta famille face à ta volonté de devenir comédien-humoriste?

Dans un premier ils étaient perplexes car depuis ma plus tendre enfance je voulais faire du droit, c’est vers l’âge de 14 ans que j’ai sérieusement décidé de monter sur scène et de devenir humoriste. Cela a beaucoup inquiété mes parents car le métier d’humoriste n’est pas commun, jusqu’au jour où des professionnels se sont intéressés à moi, que j’ai réellement commencé à travailler avec des gens du métier. Aujourd’hui ils me soutiennent à fond, ils ont confiance en moi.

Te souviens-tu de ta première blague écrite ?

Oui, j’ avais traité de mes absences en cours en les justifiant par le fait que ma mère cuisinait très épicé donc les plats qu’elle préparait tenaient plus du laxatif que d’un repas ordinaire.

Quel est l’élément précurseur de ta jeune carrière d’humoriste? Comment as-tu été découvert ?

J’ai participé à une scène ouverte qui s’appelle « kanditator », professionnels et amateurs d’humour peuvent présenter un spectacle de 5 minutes devant un public. J’avais 14 ans quand je suis monté sur cette scène à laquelle ma mère m’avait inscrit. Suite à cette expérience qui a été un réel succès, les humoristes m’ont conseillé de me présenter au « complexe du rire » qui fonctionne sur le même principe que la première scène et à la fin de ma présentation de 5 minutes, j’ai eu un entretien avec la directrice du théâtre, Cécile Mayet, qui aujourd’hui est devenue ma metteuse en scène et ma productrice.

Tu es toujours étudiant, le fait de monter sur scène, tes répétitions ne nuisent-ils pas à tes études?

Non, ma mère surveille de très près mes études, je monte sur scène une fois dans la semaine et généralement le mardi, ma mère gère mon planning donc je prend la scène en dehors des périodes scolaires.

Quels sont tes projets après le bac? Tu continues tes études?

Après  le bac, je prévois de monter sur Paris, pour m’inscrire au cours Florent qui est une école de théâtre pour parfaire mon jeu de scène.

As-tu prévu un métier de «  secours » si ta carrière d’humoriste ne décolle  pas comme tu le souhaites.

Non, je ne regarde pas sous cet angle, je suis optimiste et je me donne et me donnerais à fond pour réaliser mon rêve, aujourd’hui je n’ai pas la prétention de devenir une star mais mon but est de faire parti des meilleurs humoristes de France.

As-tu eu l’occasion de monter sur une grande scène ?

Jusque là, je ne suis monté sur scène qu’à Lyon et ma plus grande scène a été de faire la première partie du spectacle de Bun Hay Mean, le chinois marrant devant 500 personnes. Ce fût une expérience extraordinaire, le public a été très réceptif à mon spectacle.

Tu as mentionné Gad et Djamel, est-ce leur style d’humour que tu prends en exemple ou as-tu un style propre à toi?

Ceux sont mes idoles mais celui que j’admire le plus et que je prends en modèle c’est Malik Bentalha. Je m’inspire de son travail, mais j’ai créé mon propre style. Mon rêve serait de faire un spectacle en duo avec lui.

Tu écris ton spectacle toi-même ou bien tu joues seulement les sketchs qui sont écrits pour toi?

J’écris tout seul la totalité de mon spectacle mais je travaille ma scène avec Cécile Mayet, ma metteuse  en scène, nous corrigeons ensemble certains passages pour les peaufiner, je répète face à Cécile qui m’aide à améliorer ma maîtrise de la scène.

 Malgré ton  jeune âge , lorsque tu écris ton spectacle  hormis t’inspirer de ta propre vie et de ton entourage, traites-tu des sujets sociologiques, politiques, d’actualités?

Je parle beaucoup de la Turquie. De prime abord, le spectateur ne sait pas que je suis d’origine turque, j’ai un prénom composé : Kevin Orhun  donc il le découvre au fil de mon spectacle. Je traites aussi des sujets comme l’islam et le soit-disant génocide arménien à ma façon.

As-tu déjà visionné les spectacles de Cem Yilmaz? Il explique l’inquiétude et le malaise de ses parents car diplômé  de 2 universités il décide de devenir « comique » et qu’au regard de ses parents être comique n’était pas un métier honorifique comme celui d’un médecin, avocat ou ingénieur.

Oui, j’ai eu cette expérience avec ma conseillère d’orientation en 3ème , lorsque je lui ai dit que je voulais devenir humoriste, sa réaction a été : « c’est une blague?!? »

Penses-tu écrire un spectacle entièrement en turc?

J’ai promis à mon père de jouer un spectacle complet en turc, mais ce n’est pas dans l’immédiat, je dois d’abord faire mon bout de chemin sur les scènes françaises et me parfaire.

Comptes-tu des soutiens dans la communauté turque?

Enormément de soutient dans mon entourage, sur ma page Facebook où des personnes que je ne connais pas, les médias turcs de France, les radios turcs, de nombreuses personnes influentes de la communauté me complimentent et expriment leur fierté et leur soutien. Je reçois beaucoup de messages de félicitation qui souligne le fait que j’honore  mes racines turques. Je suis à la fois ému et heureux de constater que je ne suis pas seul dans cette aventure, ce qui m’incite à redoubler d’effort et tendre à la perfection.

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Charlie Chaplin disait : «  l’obstination est le chemin de la réussite. »,  Medyaturk info souhaite beaucoup de réussite à notre jeune compatriote plein de talent, de confiance en soi et de résolution.

 

ATD