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Travail forcé des Ouïghours : une première plainte française

Ouïghours Zara coton

Plusieurs ONG ont déposé plainte, jeudi, auprès du Tribunal judiciaire de Paris contre quatre multinationales de l’habillement, a fait savoir dimanche sur Twitter, Vincent Brengarth, un des avocats qui va les représenter.

Ainsi, Sherpa, le Collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut Ouïghour d’Europe et une victime ouïghoure représentés par le cabinet Bourdon & Associés, ont déposé cette plainte, « pour recel de crime de réduction en servitude aggravée, de crime de traite des êtres humains en bande organisée, de crime de génocide et de crime contre l’humanité ».

Les plaignants visent particulièrement les sociétés Inditex (détentrice des marques Zara, Bershka, Pull and Bear, Massimo Dutti), Uniqlo, SMCP (détentrice des marques Sandro, Maje, Claudie Pierlot, De Fursac) mais aussi Sketchers.

En fait, les ONG reprochent à ces multinationales « de ne pas fournir suffisamment d’efforts pour s’assurer que leurs sous-traitants ne recourent pas au travail forcé des Ouïghours dans les usines, où sont fabriqués tout ou partie de vêtements ou chaussures qu’elles commercialisent ».

Selon les éléments fournis à la presse, la région autonome ouïghoure du Xinjiang représente près de 20% de la production mondiale de coton et fournit de nombreux géants de l’habillement.

De ce fait, les ONG veulent rendre responsables « ces quatre multinationales ainsi que de nombreuses autres sociétés transnationales, qui continueraient d’y sous-traiter une partie de leur production ou de commercialiser des biens utilisant du coton produit dans la région, se rendant complices des graves crimes qui y sont perpétrés », expliquent les plaignants dans leur communiqué.

D’autres plaintes sont en cours de préparation

« Cette plainte est donc la première d’une série qui se déploiera dans les prochains mois dans d’autres pays européens, et reçoit le soutien de l’ECCHR – Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits humains et du Congrès mondial des Ouïghours », précisent encore les ONG.

Par ailleurs, très actif dans la cause Ouighoure, l’eurodéputé, Raphaël Glucksmann, soutient également cette initiative « afin de mettre en lumière le rôle joué par les entreprises multinationales dans les crimes commis à l’encontre du peuple ouighour et de permettre ainsi aux juridictions françaises de se prononcer sur leur éventuelle responsabilité pénale ».

Enfin, les ONG assurent vouloir « lutter contre l’impunité des sociétés transnationales et obtenir l’accès des victimes à la justice et à la réparation ». Pour cela, les ONG espèrent, notamment par l’intermédiaire des certains eurodéputés d’inclure « ces enjeux dans la directive européenne sur le devoir de vigilance qui sera élaborée dans les prochains mois ».