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Comment Washington a fait perdre Erdogan via la J.P Morgan

Turquie des nouvelles qui sont pas très bonnes ?

Ce n’est pas que ce soit des nouvelles pas très bonnes, c’est plutôt que ce sont des nouvelles tout à fait extraordinaires puisque c’est la première fois qu’on voit une banque américaine, « une banque d’affaires », attaquer un pays entier. Aujourd’hui, les banques ont pris le pouvoir sur les politiques et c’est elles qui tirent véritablement les ficelles. C’est ce que Pierre Jovanovic écrit sur « quotidien.com ». Maintenant, les Américains, quand vous n’êtes plus d’accord avec eux, au lieu de vous balancer des bombes incendiaires et bien ils vous balancent des bombes financières sur la figure. Nous l’avons vu avec le Venezuela par exemple.

Mais là c’est nouveauté c’est que ce soit Erdogan qui est attaqué par la JP Morgan, une semaine avant les élections municipales qui était très importante pour le parti d’Erdogan.

Erdogan a été élu brillamment en juin 2018, 2 ans après la tentative de coup d’État de 2016. A l’époque aussi, des attaques d’envergures moins importantes avaient eu lieu. Mais là,  les Américains en fait se sont dit, « on va lui pourrir ces élections (Municipales) » et donc la JP Morgan a manipulé la Lire turque une semaine avant les élections juste avant que les Turcs aillent voter. La livre a perdu 10 à 15% en l’espace d’une semaine et ça a suffi effectivement pour que 2 % des Turcs votent contre Erdogan. Et du coup il a perdu, son parti a perdu la ville d’Istanbul et d’Ankara (31 mars 2019) et ça a été un choc dans le pays.

Le président turc subit malgré tout le revers d’une économie en récession marquée par une inflation record et un chômage élevé. L’augmentation des prix a fortement impacté le quotidien de certaines familles. Beaucoup de turcs s’inquiètent de la situation économique et la devise a chuté de 30 % l’année dernière faisant grimper les prix de nombreuses denrées.

Que certains jugent qu’Erdogan soit un dictateur ou pas peu importe. Ce que nous pouvons vous dire c’est que le pays est dans une évolution économique absolument extraordinaire et si nous devions mettre le dynamisme économique d’un pays sur une échelle de, un à dix, la Turquie est à neuf et la France est à deux. Il a une différence fondamentale aujourd’hui entre la Turquie et la France parce que la France est devenue un vassal des États-Unis. La Turquie ne l’est pas. La Turquie aujourd’hui travaillent avec les russes, cela ne plaît pas aux américains, cela ne plaît pas aux marchands d’armes et du coup ils ont massacré littéralement Erdogan.

C’est la JP Morgan qui s’est attaqué (à détruire l’économie turque).  C’est absolument extraordinaire et pas un mot, c’est du jamais vu ça, pas un mot dans la presse occidentale. Quand nous disons occidental, nous disons presse ; allemandes, espagnoles ect. Et bien entendu cette presse est tenue majoritairement par les banques et donc personne n’a daigné en parler.

Erdogan lui-même à la télévision turque a dit à l’intention des banquiers de la JP Morgan :

« Je sais qui vous êtes. Je sais où vous êtes. J’irai vous chercher les élections. »

Est-ce que vous imaginez François Hollande par exemple dire « L’ennemi c’est la finance » et dire aux banquiers de la JP Morgan ou la Goldman Sachs « Bande d’enfoirés je sais où vous êtes j’irais vous chercher les élections » ? Non, c’est énorme.

Dans le détail, sur les marchés financiers d’un seul coup d’un seul vous avez eu des montants colossaux de gens qui ont balancé, commencé à vendre de la lire turque ce qui effectivement a eu comme levier qu’il n’y avait pas d’acheteur de l’autre côté. Cela a fait mécaniquement baisser la lire turque. Cela était systématique (la lire augmente, ils vendent, elle remonte, ils vendent). Certains opposants d’Erdogan étaient contents. Vous imaginez en France des gens être heureux de voir l’économie française tomber dans les abysses.

Au fait, ils ont fait à la lire turque ce qu’ils ont fait pour la manipulation du cours de l’or.  Rappel qu’il y a plusieurs traders qui sont en prison pour ça. Quand c’est pour l’économie turque, silence radio.

Cela a coûté entre 2 et 4 milliards de dollars par jour à la Turquie, à la banque centrale turque pour rééquilibrer ou de faire remonter le cours. Donc c’est des autoroutes, des lycées, des tribunaux, des hôpitaux et des dispensaires qui ne seront pas construits pour le bien-être des citoyens. C’est-à-dire que vous avez aujourd’hui une banque américaine, La JP Morgan qui au nom de Washington, des États-Unis et de la Cia, parce que la Cia joue un rôle déterminant dans cette affaire, n’hésitent pas à mettre 80 millions d’habitants à la poubelle, qu’il crève la faim, ils s’en foutent complètement (Pourvus de l’AKP perde les municipales). Précédemment, le président américain Donald Trump avait décidé de doubler les tarifs douaniers sur l’acier l’aluminium turc.

Cela est tellement épouvantable, c’est amoral ces attaques, c’est même plus amoral, c’est même criminel. Jusqu’à présent, par exemple lorsque les Américains attaquaient l’Iran ont leur interdisant d’être dans swift. Un swift c’est le réseau de télécoms bancaire. Dans le cadre de l’Iran, à la limite les gens (l’Occident, les journalistes, les politiques) pouvaient le comprendre mais là dans le cadre de la Turquie nous avons vraiment du mal à comprendre. Foutage de gueules, surtout que l’on vous dit :

« Les Russes se sont immiscés dans nos élections françaises, dans les élections européennes et ce sont eux (les Russes) qui ont fait lire Trump. » 

Il se trouve que quand c’est les Amériques qui s’immiscent dans une élection, c’est bouche cousue. Là, cela s’est passé aux yeux de tous, le 30 avril 2019, ce n’était pas il y a dix ans, c’était hier et bien par un mot dans la presse. Vous voyez à quel point les journaux comme le JDD, comme BFM, l’Express, enfin tout groupe Drahi et j’en passe et des meilleurs sont à la botte des intérêts américains.

Si vous regardez bien d’ailleurs sur quotidien.com les unes de l’express et de différents journaux il traite Erdogan de la même façon, c’est absolument fascinant, les deux sont des dictateurs, les deux sont des criminels, les deux sont des fous et ainsi de suite. Et aujourd’hui l’express continu avec son dernier numéro « Comment Erdogan a infiltré la France »

L’attaque de la JP Morgan est avalisée par Washington. Washington dispose de la planche à billets donc la JP Morgan ne va pas attaquer la Turquie avec ses propres donniers. Vous pensez bien que c’est Washington qui a fait tourner la planche à billets, en disant « tu as besoin de combien ? (Pour faire couler la Turquie).  « Oh j’ai besoin, on va dire 100 milliards ». « OK, je t’imprime 100 milliards ». On fait tourner la planche à billets pour déstabiliser un Etat. La photocopieuse c’est de l’escroquerie, c’est une tout autre série d’escroqueries mais c’est normal si vous voulez on est en train de descendre dans un système d’entonnoir.

L’économie mondiale c’est à partir du moment où ils ont commencé à imprimer de la « fausse monnaie » on parle de liquidité interbancaire ça va de plus en plus vite.

En Turquie ça dépasse l’entendement, la JP Morgan s’attaque à un pays entier ouvertement, c’est une première. La JP Morgan est aujourd’hui l’une des banques les plus puissantes du monde avec Goldman Sachs. C’est un état dans un état. Malgré toutes les escroqueries absolument phénoménales auxquelles toutes ces banques se sont livrés, lorsqu’elles sont mises devant les tribunaux cela met dix ans à être jugé. Et bien entendu la banque trouve toujours le moyen pour ne pas être sanctionné.  « Écoutez on vous file 10 millions, 100 millions à 1 milliard mais vous ne foutez la paix. Nous ne reconnaissons rien » et puis ils jettent en pâture à la justice de trois lampistes un trader, « tien bouffez ça ».

Ce qui est arrivé en Turquie peut-il arriver en France ? Je vous donne un exemple lorsque François Hollande a voulu se retirer les troupes françaises de l’Afghanistan. À l’époque c’était Obama qui était président des États-Unis. Celui-ci a immédiatement convoqué Hollande et donc bien entendu le bon petit caniche s’est rendu à Washington. Obama a dit Holland la chose suivante : « Bon alors c’est simple si tu retires tes troupes tu vas payer tes bons du trésor beaucoup plus cher ». Et comme par hasard, de retour de Washington, dans la semaine dans les deux trois jours le taux d’intérêt de la France a augmenté. Une fois que François Hollande est revenu sur sa décision en disant : « bon finalement on va laisser de nos militaires en Afghanistan », aussitôt les taux d’intérêt que la France est obligée de payer à baisser. Et vous avez un autre exemple c’est Silvio Berlusconi qui a été détruit par la banque centrale européenne. Le président de la FED de New York qui a raconté que Jean-Claude Trichet qui était Président de la banque centrale européenne qui l’avait appelé pour que la FED participe à la mise à mort la mise à mort de l’Italie via les bons du trésor.

Silvio Berlusconi a été forcé de partir. Et Timothy Franz Geithner qui était Président de la fédéral Reserve bank of New York entre 2003 et 2009 a dit « je ne veux pas avoir de sang sur les mains » sous-entendu « je veux pouvoir me regarder dans la glace ». Ils ont refusé mais cela n’a pas empêché effectivement toutes les banques européennes et la banque centrale européenne de s’acharner sur des taux d’intérêt de l’Italie. Les Italiens étaient obligés de payer et c’est cela qui a fait partir Berlusconi. C’est ainsi que les banques ont eu la peau de Berlusconi parce que celui-ci voulait protéger les Italiens contrairement aux Pro-Européens qui se foutent totalement de l’intérêt du citoyen. Ce qui intéresse les Pro-Européens c’est la politique de l’Europe et combien de millions ils vont toucher à la fin du mois.

C’est terrible de voir ça mais là un cran a été franchi avec la Turquie ou la JP Morgan a ouvertement attaqué un pays et Erdogan. Nous invitons tous nos lecteurs à lire la page de la banque centrale de Turquie qui répond à l’inquiétude des marchés.

 

La banque centrale turque est obligée de reconnaître qu’elle perdait entre 3 et 4 milliards par jour pour pouvoir sauvegarder sa monnaie. Les États-Unis via les banques avaient fait une première tentative en 2018. Il y avait Andrew Brunson, un espion de la Cia qui était déguisé en pasteur. Il était agent de liaison avec les YPG (branche syrienne du groupe terroriste du PKK). Les Turcs l’ont mis en prison et la Cia bien entendu a fait des pieds et des mains pour le récupérer. Donald Trump a pris les choses en main en disant « bon il (Erdogan) veut pas nous rendre notre agent alors nous allons lui massacrer sa monnaie. L’attaque a commencé au mois d’août et la monnaie avait perdu 30% de sa valeur en l’espace d’un mois. Chères lecteurs, vous imaginez un pays entier qui perd 30% de ces économies, 30% dans ces échanges quand ils sont en dollars. La Cia voulait se venger l’immense raté de leur tentative de coup d’État ratée du 15 juillet 2016 qui ressemble à la baie des cochons de Cuba en avril 1961. Et donc en 2016 les États-Unis avaient utilisé un opposant politique qui vit qui vivait à millier de kilomètres de là et dont les Turcs s’en moquaient éperdument (sauf ses partisans). Mais contrairement à l’Occident Erdogan est extrêmement est apprécié par son peuple. Vous arrivez dans un pays et vous avez le chauffeur de taxi qui au lieu d’avoir la photo de la vierge Marie, vous savez une photo d’Atatürk. Ce n’est pas en France que vous verrez un chauffeur de taxi mettre une photo de générale de Gaulle ou d’Emmanuel Macron. Le pays très attaché à sa racine politique et c’est là où les analystes américains se sont cassé les dents dans leur tentative de coup d’État. Les États-Unis se vengent sur Erdogan qui en plus a eu le malheur dé d’acheter les S400 russes, d’une valeur de 2,5 milliards et Erdogan va payer Poutine en rouble. Cela ne plaît pas aux Occidentaux car ces nouveaux systèmes de défense seraient déployés hors de la structure de l’OTAN dont la Turquie est pourtant membre. Mais cela ne dérange absolument pas de la Grèce est le modèle S300.

Les États-Unis lui font donc un chantage sur la livraison des F-35 américain alors que la Turquie participe à sa fabrication, c’est un comble. Erdogan a touché les marchands d’armes au cœur avec son couteau.

La Turquie n’est plus l’ancienne Turquie que l’on manipulait de l’extérieur à base de coup d’État pour mettre en place un pantin à la botte des États-Unis.

 

Tufekci fatih