La trêve entrée en vigueur mardi à Hodeïda, principal front de la guerre au Yémen, est « vouée à l’échec » si les rebelles continuent à la violer et si les Nations unies tardent à agir, à affirmer mercredi la coalition menée par Riyad.
Malgré un accord incluant un cessez-le-feu « immédiat » conclu le 13 décembre en Suède entre le régime soutenu militairement par l’Arabie saoudite et les rebelles Houthis, des affrontements parfois violents ont encore secoué par intermittence Hodeïda, ville clé de l’ouest du pays.
C’est par le port de cette ville que transite l’essentiel de l’aide et des importations alimentaires du Yémen, pays pauvre de la péninsule Arabique menacé par la famine en raison du conflit déclenché il y a quatre ans.
À Hodeïda les combats cesseront quand Éden sera capable de verser les salaires et dans cet objectif-là Banque centrale du Yémen attend une injection de trois milliards de dollars de la part du Koweït et des Emirats Arabes Unis (EAU), alors que le pays dévasté par la guerre cherche à revitaliser une économie en ruine. S’ils se confirment, ces dépôts s’ajouteront à 2,2 milliards de dollars de fonds injectés par l’Arabie saoudite pour enrayer une chute du riyal yéménite.
Aucun des deux pays ne s’est exprimé sur la question. Le Premier ministre yéménite Maïn Saïd a pour sa part déclaré qu’il ne voulait pas donner des détails sur cette injection de fonds tant qu’elle n’aura pas été confirmée.
Maïn Saïd a déclaré :
« Il va y avoir des discussions sur la capacité de la Banque centrale à gérer ces dépôts.»
La banque centrale, dont le siège a été transféré à Aden en 2016 depuis la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles Houthis, peine à payer les salaires du gouvernement et à revitaliser l’économie ruinée par une guerre.
L’Arabie saoudite a versé 200 millions de dollars à la banque centrale du Yémen début octobre et avaient déjà versé 2 milliards de dollars en janvier.
La main d’Erdogan
Cet accord de cessez-le-feu obtenu en Suède fait suite à une pression internationale sur le prince Mohammed ben Salmane Al Saoud (MBS) pour trouver une solution, voir obtenir la paie au Yémen. Cette pression fait suite à l’affaire Kashoggi, journaliste assassiné dans l’ambassade saoudienne à Istanbul. Le président de la République de Turquie en avait fait presque une affaire personnelle demandant une condamnation voir des sanctions militaires ou économiques contre Riyad et le prince.
Il semblerait que pour sauver le soldat MBS il faille lui redorer son blason et la fin du conflit au Yémen semble être une opportunité.
La guerre au Yémen a fait au moins 10.000 morts selon l’ONU. Des ONG estiment que le bilan réel des victimes directes ou indirectes du conflit est largement plus élevé.
Fatih Tufekci