Le président américain, Donald Trump, a menacé, mercredi, de rompre les aides américaines accordées à tout État qui voterait, aujourd’hui, à l’assemblée générale des Nations unies, en faveur d’un projet de résolution qui condamne sa décision portant reconnaissance de Jérusalem, comme capitale d’Israël.
Cette déclaration intervient après la mise en garde par représentante de Washington aux Nations unies, Nikki Halley, qu’elle transmettra à Trump les noms des pays qui voteront favorablement au projet de résolution sur Jérusalem à l’assemblée générale.
Le président américain n’a, dans des déclarations faites à des journalistes, à la Maison-Blanche, souligné que ;
«tous ces États qui bénéficient de notre argent et qui, ensuite, votent contre nous au Conseil de sécurité ou à l’assemblée générale, ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous».
Il lâche ;
«Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal».
Plus tôt dans la journée du mercredi, des diplomates de plusieurs missions des États membres à l’ONU, avaient révélé avoir reçu des messages écrits de la part de Nikki Halley qui les a mis en garde des « conséquences fâcheuses » du vote en faveur de la résolution sur Jérusalem.
Les diplomates ont indiqué que Halley leur a transmis que le président Trump traitera la tenue de la réunion d’urgence de l’assemblée générale comme étant une « affaire personnelle ». Elle leur a affirmé dans ses messages qu’elle transmettra à Trump les noms des pays qui voteront en faveur de la résolution.
Une honte pour l’ONU
Ces saillies, reprises ce mercredi par Donald Trump, ont sidéré nombre de diplomates onusiens. «Ce n’est pas comme ça que ça marche, on vote sur des principes», a confié un ambassadeur asiatique sous couvert d’anonymat. «On ne peut pas voter A pendant des années et voter soudainement B», renchérit un homologue d’Amérique latine. Avec ces pressions, «les États-Unis peuvent avoir une dizaine d’abstentions de pays qui pourraient aussi choisir de ne pas aller voter», estime un troisième ambassadeur, cette fois d’Europe.
Il est prévu que l’assemblée générale des Nations unies vote une résolution appelant le président américain à revenir sur sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Le ministre palestinien des affaires étrangères, Riyad Al-Malki, qui sera présent à l’ONU pour le vote, a vivement dénoncé les «menaces» et «intimidations» de Washington. Son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, s’est aussi insurgé.
Le ministre turc dont le pays est allié des États-Unis à l’Otan a déclaré ;
«Le monde a changé. La logique du “Je suis fort, donc j’ai raison“ a changé. Désormais, le monde se soulève contre l’injustice. Désormais, aucune nation qui a de l’honneur, aucun État qui se respecte ne courbe l’échine face à ce genre de pressions»
La résolution à l’assemblée générale, proposée par le Yémen et la Turquie, souligne que toute décision sur le statut de Jérusalem «n’a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée». Le texte rappelle toutes les résolutions adoptées par l’ONU ayant trait à la colonisation de territoires palestiniens et soulignant que Jérusalem doit faire partie d’un accord de paix final entre Israéliens et Palestiniens. Avec deux votes successifs au Conseil de sécurité et à l’assemblée générale, les Palestiniens tentent de peser dans un futur plan de paix même si le crédit des États-Unis comme médiateur est sérieusement écorné, indique un diplomate.
Le monde chance, les menaces qui se faisaient dans l’anonymat se font aujourd’hui à visage découvert. L’ONU n’est plus le lieu où la justice doit être la règle mais un endroit où celui qui crie le plus fort, celui qui a le plus gros budget militaire, celui qui est le plus riche fait la loi.
FTU
Sources; The New York Times, AA, Le Figaro