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A quoi sert l’Assemblée Générale des Nations Unis?

Le monde a besoin de justice, d’égalité, de compassion et de sagesse: les valeurs éternelles partagées de notre humanité que le système actuel de l’ONU ne peut assurer. 

Les leaders mondiaux à New York étaient réunis le 15 septembre à la 72 ième Assemblée Générale des Nations Unis à un moment de chaos et de désordre global. Quelque soit la volonté de l’Organisation Nations Unies et de ses différentes institutions de faire « le bien » à travers le monde, elle est incapable d’agir sur ces problèmes urgents, tant que sa structure organisationnelle actuelle demeurera inchangé.

Depuis sa création officielle en 1945, le système des Nations Unies a été maintes fois contesté pour son manque de leadership fort, de ressources et d’un vrai agenda global partagé. Et cette année n’a pas été vraiment très différent. La plus grande organisation mondiale dans l’histoire avec ses 193 membres, à vue défiler les discours et réunions cherchant à user du forum mondial pour probablement communiquer un agenda économique et politique finalement étroit et limité.

Cela ne veut pas dire que des personnes animés de bonnes intentions, parmi les chefs d’Etats aux délégués et personnels de l’ONU, n’ont pas essayés d’obtenir de vrai changement pour notre village global. Le problème n’est pas plus les individus et leur conscience mais la structure actuelle du Conseil de Sécurité qui favorise les seuls intérêts des cinq membres permanents au détriment du reste du monde. Il n’y a aucune réponse rationnelle ou démocratique à cette question du pourquoi ces cinq membres permanents siègent à ce conseil, et ce, 72 ans après la fondation de l’ONU et comment peuvent-ils justifier le maintient de ce statu quo au 21 ième siècle. Cela explique en grande partie les échecs de l’ONU sur tous les problèmes pressant dans le monde.

Le thème pour l’Assemblée Générale de cette année était « Recentrage sur les Peuples: œuvrer pour la paix et une vie décente pour tous sur une planète durable ». Ceci est un but noble et chacun doit contribuer à sa concrétisation. Mais la réalité sur le terrain en dit long sur les échecs de l’organisation internationale dans son ensemble, incapable de protéger le pauvre et l’opprimé et assurer « une vie décente pour tous ». Dans les faits et la réalité hélas, c’est le capitalisme de copinage qui l’emporte. La réalité ce sont les guerres, les guerres par personnes et organisations interposées (proxy wars) et plus de guerre encore, de sorte que les riches États-Nations puissent montrer leurs muscles et que les sociétés d’armements puissent faire encore plus d’argent. Au final la réalité est que le riche devient plus riche et le pauvre plus pauvre encore, chaque jour. La réalité est que des centaines de millions de personnes à travers le monde vivent dans une situation de pauvreté extrême devant les yeux et l’indifférence totale de l’Europe et des États Unis.

Une récente étude des Nations Unis confirme cette réalité déprimante. Partageant les conclusions de son rapport, Saad Al Farargi, le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit au développement, dit que

« les peuples des pays en voie de développement payent un prix lourd pour les actions globales orchestrées au delà de leurs frontières ».

Il ajoute que

« nous faisons face à l’un des plus grands défis que le monde a eu à affronter, sans l’engagement mondial pour assurer le changement »

L’ONU peut-elle promouvoir « l’engagement globale pour assurer le changement? ». La réponse est non. La raison est que nous vivons dans une époque des États-Nations et grandes compagnies multinationales qui cherchent à user de la globalisation pour servir leurs intérêts et rien d’autre. La structure actuelle de l’ONU ne peut assurer l’équité même parmi les pays membres. In fine l’hégémonie du Conseil de Sécurité de l’ONU sape tout espoir pour obtenir des solutions durables aux guerres, occupations et nettoyages ethniques, en Syrie, en Palestine, en Birmanie…

Les mécanismes de prises de décisions sont paralysés. Comme pour la Syrie précédemment et la Birmanie maintenant, l’ONU n’a pas le moindre pouvoir pour prévenir les conflits et les crimes contre l’humanité. Plus récemment, les violences perpétrés contre le peuple Rohingas en Birmanie ont été constatés pourtant depuis des semaines sur la scène internationale et l’ONU prend enfin une bonne mais tardive décision après que 400.000 musulmans Rohingas aient été forcés à quitter leurs maisons sous les exactions et pression des militaires birmans et des nationalistes bouddhistes.

Le Président de la République de Turquie, Mr Recep Tayyip Erdogan a, à lui tout seul fait un grand nombre de démarches pour mobiliser les Nation Unis et la communauté internationale pour élever la voix et dire son refus des massacres du peuple Rohingas.

La Turquie est le seul pays au monde à délivrer l’aide humanitaire aux Rohingas en Birmanie et au Bangladesh. La première dame de Turquie, Mme Emine Erdogan, accompagnée de deux ministres, est allée au Bangladesh pour constater de visu ce qui s’y passe et y attirer les attentions. Les Rohingas peuvent être sûr que la Turquie poursuivra son aide jusqu’à que le désastre humanitaire cesse.

Erdogan a dit que « Le monde est plus Grand que les cinq », en référence aux cinq membres permanents du Conseil de Sécurité. Le monde a besoin de justice, de paix, d’égalité, de compassion et de sagesse. Le système actuel de l’ONU doit être réformé et restructuré, si les Nations Unis veulent vraiment avoir du sens et de la pertinence au 21 ième siècle.

Le dilemme est que les cinq membres permanent du Conseil de Sécurité devront donner leur consentement pour rendre possible cette réforme et cette restructuration. Bien sûr, ils ne donneront jamais leur consentement. L’autre alternative est de convoquer une Assemblée Générale à l’initiative des 193 États membres qui se rassemblent et forcent le changement. Mais cela n’est pas aussi possible car les petits, pauvres nations du monde, qui sont supposés avoir une voix sur toutes les décisions de l’ONU, sont sous la pression et la tutelle des grandes et riches nations. Les petits et pauvres n’auront jamais l’audace de défier le statu-quo parce qu’ils savent qu’ils feront l’objet de toutes sortent de pressions et d’intimidation de la part de leurs riches « grands frères ».

Il est triste de voir que l’ONU est incapable de sortir de ce dilemme.

L’espoir demeure cependant. Malgré d’immenses obstacles structurels, les pays partageant les mêmes valeurs humaines ayant le même agenda, sagesse et conscience, peuvent toujours faire beaucoup pour le bien des pauvres, des faibles et opprimés du monde. Tout ce dont ils ont besoin est de joindre leurs forces, travailler de manière intelligible sur un agenda commun pour unir leurs forces et avoir le courage et la détermination pour plus de justice, d’égalité et de respect.

Dr Ibrahim KALIN