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Turquie: sa conquête d’autonomie militaire dérange

Les États-Unis devraient déplacer ses armes nucléaires de la base aérienne d’Incirlik et commencer à chercher des alternatives au hub militaire en Turquie, un pays qui ne peut plus être utilisé à sa pleine capacité, avait déclaré des analystes et d’anciens responsables militaires.

L’armée américaine maintient environ 50 ogives nucléaires à Incirlik, selon les organisations de contrôleur nucléaire.

« C’est le pire endroit possible de garder les armes nucléaires », avait alors déclaré Joseph Cirincione, président du Fonds Ploughhares, un important groupe de défense des intérêts à but non lucratif.

La relation tendue entre les États-Unis et la Turquie, un allié de l’OTAN, se sont détériorer à la suite d’une tentative de putsch contre le gouvernement d’Ankara le 15 juillet 2016. Les critiques disaient que la Turquie se comportait plus comme un adversaire qu’un allié.

Depuis la tentative de coup d’État, le président turc Recep Erdogan a fait arrêter, limoger les membres du groupe FETÖ de la fonction publique et militaire, responsables de la tentative de putsch dont son chef Fethullah Güllen est un invité d’honneur, résidant aux USA en Pennsylvanie. Ce qui suscita des inquiétudes au sein de la maison blanche.

La Turquie dérange car Washington avait retiré ses missiles Patriot de la frontière turco-syrienne en août 2015 pour que celle-ci ne puisse plus se défendre contre une attaque de Bashar El Assad. La Turquie a alors décidé de se défendre avec l’achat de systèmes de défense aérienne fabriqués en Russie. L’Allemagne a récemment retiré ses forces d’Incirlik pour une base en Jordanie. En effet l’Allemagne utilisait ses avions Tornado de nuit pour cartographier les différentes factions en Syrie mais refusait de les mettre à disposition d’Ankara. Ceux qui dérangeaient Berlin c’est qu’Ankara puisse attaquer le Parti de l’union démocratique (PYD) la branche Syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) groupe terroriste. À savoir que le PYD est considéré comme une armée régulière par les États-Unis qui leur à fournit des armes pour combattre Daesh. Sachant que des lances roquettes capables d’abattre des avions ont aussi été livrés alors que Daesh ne possèdent pas d’avions de combat. Ce qui agaçait Ankara de voir Washington insulter son intelligence.

Préoccupation des ogives

Aujourd’hui, l’armée des États-Unis s’inquiète des ogives nucléaire d’Incirlik. Paradoxalement cette inquiétude n’existait pas lors de la tentative de coup d’État alors que des avions des putschistes avaient justement décollé de la base d’Incirlik.

En effet, normalement les USA auraient dû renforcer la sécurité des ogives nucléaires durant la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016. Cela à eu pour conséquence pour Washington de perdre la confiance d’Ankara.

Un ancien haut fonctionnaire de l’OTAN, déclara «Incirlik n’est pas sûr pour nos conjoints et nos enfants, il n’est pas bon que 50 bombes d’hydrogène soient là», a-t-il déclaré.
«S’il y a des armes nucléaires stockées en Turquie, elles devraient être enlevées compte tenu de l’instabilité, à la fois dans le pays et à travers la frontière en Syrie et en Irak», conclu-il.

Les forces américaines ont été une présence constante à Incirlik depuis les premiers jours de la guerre froide, lorsqu’une alliance avec la Turquie a servi de rempart contre l’Union soviétique au carrefour entre l’Europe et le Moyen-Orient.

Les membres de la famille des forces américaines étaient souvent une présence constante sur la base, mais cela a changé en 2016 quand des membres de FETÖ ont tenté un coup d’État qui impliquait du personnel turc basé à Incirlik.

« Compte tenu des événements récents en Turquie, en particulier Ankara qui à déclarer vouloir acheter un système de missiles S400 russes, l’OTAN serait sage d’envisager un plan B dans le cas où l’on demande à l’alliance de quitter Incirlik », a déclaré James Stavridis, retraité Amiral et ancien commandant suprême de l’OTAN-Europe.

L’achat de S400 par la Turquie, un membre de l’OTAN agace les USA. De son côté Ankara devient encore plus méfiant de Washington car d’autres membres de l’OTAN possèdent des S300 modèle précédent de système de missiles russes; Grèce et Bulgarie.

« Les bombes stockées à Incirlik sont des B61 qui, à leur rendement maximal, sont environ 10 fois plus puissantes que la bombe d’Hiroshima. Il y a peu ou pas de valeur stratégique pour garder les armes à Incirlik, où il n’y a pas d’avion capable de transporter les bombes. Les ogives sont plus un héritage de la guerre froide qu’une partie cruciale de la stratégie de dissuasion nucléaire des États-Unis. C’est une inertie bureaucratique et quelques vagues préoccupations dissuasives prolongées qui les gardent là », a déclaré Cirincione.

Déménagement des troupes

Au-delà du problème nucléaire, les États-Unis devraient explorer la relocalisation des 2.500 soldats américains à Incirlik, ont annoncé les anciens commandants militaires.

La base aérienne a joué un rôle-clé en tant que poteau de lancement pour les avions de surveillance et de combats effectuant des sorties contre les positions de DAESH en Syrie.
« Une alternative à considérer immédiatement serait la Grèce, qui a certainement d’excellentes installations sur une base en Méditerranée en Crète et sur le reste du territoire en général », à déclaré Stavridis, doyen de la Fletcher School of Law and Diplomacy à l’Université Tufts dans le Massachusetts.

« Je pense que nous pouvons aller dans d’autres endroits, comme la Jordanie où sont allé les Allemands », a déclaré Charles Wald.

Pour l’instant, il n’y a pas de signe que le Pentagone souhaite quitter la Turquie. Cependant, des dirigeants comme le général Curtis M. Scaparrotti d’EUCOM critique en public la Turquie.
Maintenant, après plus d’une décennie au pouvoir, Erdogan est soutenu par son peuple ce qui le rend imprévisible, a déclaré Wald.

FTU