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Pour faire face à la pénurie de main d’œuvre, nombreuses entreprises recrutent à l’étranger

recruter de Turquie

Alors que l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) table sur un taux de chômage de 8% en 2023 et 2024, la France n’a jamais été autant confrontée à une pénurie de main d’ouvres dans tous les secteurs de l’économie.

En effet, selon les médias français qui se basent sur des témoignages de représentants de secteurs, aussi bien les entreprises françaises que les organismes publics ont du mal à recruter. Le ministère de l’Education, par exemple, peine à trouver des enseignants. Au dernier concours d’enseignants, il y’avait moins de candidats aux concours que de places disponibles. Les autorités s’inquiètent ainsi du désamour pour le métier d’enseignant qui souffre du montant des salaires qui restent très bas même après des années de services.

Au-delà de ces métiers qualifiés, d’autres secteurs qui ne nécessitent pas de formations poussées souffrent également de manque de candidats.

Ainsi, selon la presse française, 8000 chauffeurs de bus scolaires manquent à l’appel pour la rentrée en septembre.

Une situation inédite qui risque de priver des milliers d’enfants de l’école, une anomalie supplémentaire qui s’ajoute aux problèmes récurrents de non remplacement des professeurs.

— Les autres secteurs qui souffrent

En dehors des organismes publics, le secteur privé aussi connait une situation alarmante.

D’après certains médias français, les restaurateurs avaient sonné l’alerte avant le début de la saison estivale. Pourtant, toujours selon les médias, les entreprises peinent à recruter dans la restauration allant du commis de cuisine au chef cuisinier.

Pourtant, les représentants du secteur avaient assuré aux médias avoir « énormément amélioré les conditions de travail en augmentant les salaires mais aussi en baissant les heures ».

Cela ne suffit pas, apparemment, à enrayer le phénomène puisque d’après les études des médias, les travailleurs ont tendance à démissionner et changer de métiers plus facilement. Parmi les secteurs qui ne dérogent pas à la règle, on retrouve également le bâtiment.

En effet, ce secteur connaît désormais une pénurie de main d’œuvre qualifiée.

« Poussé par les aides publiques, notre secteur ne s’est jamais aussi bien porté », explique à l’Agence Anadolu Mehmet qui emploie une dizaine d’ouvriers dans le secteur du bâtiment. Mais lui aussi se plaint de ne pas trouver « des ouvriers qui savent ce qu’ils font ».

— Se tourner vers l’étranger

« J’ai un carnet de commandes bien rempli et quand j’ai des nouveaux clients et que j’annonce des délais d’un an pour le début des travaux, ils refusent de signer », regrette le jeune chef d’entreprise.

Alors, pour pallier à ce manque, il a d’abord été séduit par le concept de « travailleurs détachés » en passant par des intérims spécialisés.

« J’ai fait appel à des ouvriers du Portugal, d’Espagne, de Roumanie et de Bulgarie », détaille l’entrepreneur avant de préciser qu’il a abandonné cela avant l’été.

En cause, les agences d’intérim qui ont commencé à augmenter énormément les prix sans pour autant « donner d’avantages aux ouvriers ». Alors, « le compte n’était pas bon pour le coût que cela a engendré ».

« C’était comme des gobelets jetables qu’on ne s’en serve qu’une fois », s’étonne d’ailleurs Mehmet. D’après lui, les ouvriers mal payés ne se sentaient pas bien et l’équipe changeait tellement souvent « qu’il était impossible de planifier quoi que ce soit » sur ses chantiers.

Alors, le chef d’entreprise a décidé de demander des autorisations de travail lui-même pour des étrangers hors de l’union européenne.

« Avant, il était très difficile de recruter à l’étranger et la procédure était compliquée. Désormais, toute la démarche se fait en ligne », se réjouit l’homme d’affaires qui travaille essentiellement en Alsace.

En effet, le ministère de l’Intérieur a mis en place un site internet dédié à la demande de ce fameux sésame. Mais pas question pour le ministère de faire ramener des ouvriers aux rabais. Ainsi, les autorisations sont soumises à des conditions drastiques comme l’application de conventions collectives, des salaires équivalents aux résidents français et paiement des charges sociales.

— Délais de visas trop longs

Malgré cette facilitation, les délais entre la demande et le début de travail varie de 6 à 12 mois. En cause, l’obtention des visas dans les pays d’origine des ouvriers. Après avoir obtenu l’autorisation, le consulat français se charge de contacter directement ces personnes pour les démarches d’obtention de visas. C’est ces délais qui sont très longs et empêchent les entreprises d’accepter des chantiers sans une visibilité à long termes.

« Si l’Etat pouvait réduire ces délais, ou au moins nous donner des dates exactes, on pourrait avoir de meilleurs prévisions », suggère le dirigeant de l’entreprise qui a obtenu 10 autorisations de travail il y’a trois mois.

Mais ces ouvriers n’ont toujours pas été contactés pour les visas.

D’après les derniers chiffres de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), le nombre d’emplois non pourvus en France s’élevait à 368 100 au 1er trimestre 2022, soit une hausse de 75% par rapport au 4e trimestre 2019. D’après la Dares et Pôle emploi, les deux causes majeures sont la précarité de l’emploi et les conditions de travail.

Conscient du problème, le 10 juillet dernier, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a annoncé des mesures dès la rentrée pour résoudre le manque de main d’ouvre. Mais selon le ministre, le problème est dans le système de chômage.

« Il n’y a rien de plus révoltant que d’avoir encore autant de chômage, parce qu’on n’est pas au plein emploi, et autant d’entreprises qui cherchent des salariés », s’insurgeait le ministre qui espère pousser les gens à travailler d’avantage.