Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a fustigé la propagation « comme un cancer » de la haine de l’Islam, en particulier en Occident, estimant qu’il s’agit d’une stratégie de « diabolisation des musulmans », développée par les États-Unis après les attaques du 11 septembre.
Dans un discours, prononcé mardi lors du 1er symposium sur les médias et l’islamophobie, organisé à Ankara, le Chef de l’État turc s’est longuement exprimé sur la montée de la haine de l’islam et l’islamophobie dans le monde, en particulier en occident.
Erdogan a d’abord fait le constat de la montée en puissance de la haine de l’Islam.
« Dans de nombreux endroits dans le monde, en particulier en Occident, la maladie de la haine de l’Islam se propage rapidement comme une cellule cancéreuse », a-t-il affirmé.
Pour le président turc, ce phénomène a pris de l’ampleur après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
« La stratégie développée par l’administration américaine après les attaques du 11 septembre, visant à ‘diaboliser les musulmans’, a joué le rôle de catalyseur du virus de la haine de l’islam, déjà présent dans le tissu culturel de nombreuses sociétés », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : « Les courants racistes, qui étaient encore hier perçus comme marginaux, se sont installés au centre de la politique. C’est la démonstration que l’Occident a choisi de s’enfoncer dans les marécages plutôt que de s’en sortir ».
Le Chef de l’État turc a ainsi dénoncé les choix politiques des dernières décennies, notamment en Europe, où les partis de gauche et de droite ont adopté le discours de l’extrême-droite, surtout contre l’Islam et les musulmans.
La France réduit la liberté religieuse
Il a fermement condamné la tendance, comme en France, qu’il a explicitement cité, des gouvernements à vouloir réduire les libertés religieuses des citoyens de confession musulmane, sous couvert de laïcité par exemple, tout en cherchant à imposer leur propre version de l’Islam formaté.
« Ceux qui tournent le dos à la réalité que la prospérité ne pourra survivre longtemps là où les libertés sont réduites, et qui agissent de manière hostile à l’Islam, menacent en réalité leur propre avenir », a-t-il lancé.
Et aussi d’ajouter : « En Occident, les autorités chargées de garantir la sécurité de tous les citoyens, sont quasiment toutes entrées dans une course à la haine de l’Islam ».
Il a partagé des statistiques révélatrices de la dimension de l’islamophobie en Europe.
« Ces 5 dernières années, les attaques racistes et islamophobes contre les musulmans ont augmenté de 250%, et le nombre de personnes qui ont été tuées dans ces attaques ont augmenté de 700% », a-t-il dit.
Il a également indiqué que lors des 5 dernières années, plus de 15 000 faits relatifs à la haine de l’Islam ont été référencés par des ONG dans les 5 plus grands pays de l’Union Européenne.
Islamophobie c’est la haine de l’Islam
Erdogan a fait le choix volontaire de parler de « haine de l’Islam » plutôt que d’utiliser la terminologie « islamophobie ».
« Même si les occidentaux essaient de minimiser la dangerosité de cette nouvelle forme de racisme en parlant ‘d’islamophobie’, nous savons bien qu’il s’agit en réalité de haine de l’Islam », a-t-il avancé, estimant que ce terme n’est pas assez fort pour définir le phénomène.
En Turquie aussi, la laïcité a été et est un prétexte avancé par certains milieux pour réduire voire interdire les libertés de croyance et de culte.
« Dans notre pays aussi, depuis de longues années, des tensions émergent lors de débats autour de la laïcité, alors que le but n’est pas de protéger les libertés religieuses, mais plutôt de les interdire », a-t-il dénoncé.
Le Président turc regrette par ailleurs que les différentes formes de racisme soient classifiées par certains.
« Ceux qui placent le génocide des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale dans une parenthèse spéciale, ont cette fois-ci placé les musulmans au centre de la cible », a-t-il notamment fait remarquer.
Erdogan a ensuite multiplié les appels à la communauté internationale pour mener un combat conjoint contre la haine de l’Islam et l’islamophobie.
« Nous devons créer des mécanismes conjoints pour favoriser les efforts de lutte contre la haine de l’Islam, un impératif pour le bien et la sécurité de l’ensemble de l’humanité. Tous les pays et toutes les sociétés victimes d’islamophobie doivent se réunir pour créer un réseau international solide de communication », a-t-il proposé.
Et de poursuivre : « Nous devons, à travers le monde, mobiliser tous les politiciens, intellectuels, membres des médias, religieux, habités de conscience pour lutter contre la maladie de la haine de l’Islam ».
Avant de conclure : « Nous devons expliquer aux 7,5 milliards de personnes dans le monde que la menace mondiale n’est pas l’Islam, mais la haine de l’Islam ».