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Medyacheck : La Turquie a-t-elle interdit les applications étrangères aux fonctionnaires ?

Turquie applications étrangères

Marie Jégo, du journal Le Monde, affirme que la Turquie a interdit aux fonctionnaires les applications étrangères. Est-ce la vérité ? Medyacheck a vérifié les allégations.

Dans son édition du 30 juillet, le journal Le Monde rapportait la nouvelle loi sur les réseaux sociaux.

« Le Parlement turc a adopté, mercredi 29 juillet, une loi draconienne destinée à renforcer la censure sur les réseaux sociaux, refermant ainsi une soupape de la liberté d’expression dans un pays où les voix dissonantes pouvaient compter sur ce canal pour se faire entendre. Le même jour, la présidence turque a publié un décret qui interdit aux fonctionnaires de l’Etat d’utiliser des applications mobiles « d’origine étrangère », invoquant des problèmes de sécurité », écrivait Marie Jégo.  

La correspondante du journal, Marie Jégo, a repris sans vérifier les informations qui circulaient sur les réseaux sociaux. Pourtant, une simple recherche aurait démontré que la Turquie n’a jamais interdit des applications étrangères.

En effet, comme le révèle le site Teyit.org, affilié à l’International Fact-Checking Network (IFCN), cette affirmation n’était pas vraie.

Confidentialité des documents d’état

Le site affirme donc que l’interdiction concerne uniquement les informations confidentielles et le partage de documents via ces applications étrangères.

En réalité, il existe « un guide de la sécurité de l’information et de la communication », mise en place par l’Office présidentiel de la transformation numérique pour réduire les risques de sécurité numérique dans les institutions publiques. Ce guide a été d’ailleurs publié dans le Journal officiel en 2019 et non après la loi en question.  La circulaire présidentielle n° 2019/12 du 6 juillet 2019 sur les mesures de sécurité de l’information et de la communication détaille les risques de sécurité rencontrés dans le numérique et les moyens de les réduire. Dans cette circulaire, qui compte 21 articles, les autorités recommandent de ne pas partager les documents contenant des données confidentielles dans les institutions et organisations publiques via des applications mobiles.

Messagerie interne

Par ailleurs, certaines mesures mentionnent également la sécurité de la messagerie instantanée. Ainsi, l’office stipule « qu’aux fins de communication d’entreprise, des applications de messagerie dont les serveurs sont contrôlés par l’institution devraient être utilisées ». En revanche, si l’établissement ne dispose pas de sa propre application de communication, des applications avec des serveurs en Turquie sont recommandées.

Ainsi, il n’est nullement question d’interdire des applications au fonctionnaires mais de limiter leurs utilisations dans le cadre de la fonction publique afin de garantir les fuites de données. En revanche, les fonctionnaires peuvent utiliser toutes les applications qu’ils désirent dans le cadre privé.

Pour rappel, l’Allemagne et la France ont pris des mesures similaires. D’ailleurs, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information a publié un guide sur la « politique de sécurité des systèmes d’information de l’Etat » dès 2014. Ce guide explique les moyens de protection mis en œuvre afin d’éviter « les fuites d’information ».  

En conséquence, une fois de plus, Marie Jégo une occasion pour diffamer la Turquie. 100% des articles sont des critiques, loin de l’objectivité lais surtout des fakes news.