MEDYATURK | Publié le . Mis à jour le

Medyacheck : Pourquoi le Figaro ment sur le statut de martyr en Turquie accordé au personnel soignant ?

figaro Turquie

Dans son édition du 19 mai, l’historien Thierry Zarcone, affirme que la volonté de la Turquie d’attribuer le statut de martyr au personnel soignant est une offensive des islamistes. Qu’en est-il vraiment de cette proposition de loi ? Notre service Medyacheck fait le point.

En premier lieu, il faudra rappeler que les médias français s’intéressent uniquement à la Turquie pour montrer les aspects négatifs ou attiser les haines envers son président Recep Tayyip Erdogan.

Ainsi, nous avons droit à un article par jour pour montrer combien la Turquie va mal et que le pays est sur le point de s’écrouler. En effet, le Figaro affirme que « derrière la décision turque d’honorer le personnel de santé mort du covid-19 en leur attribuant le statut de «martyr» se dissimule un important clivage politique. Selon l’historien Thierry Zarcone, ce choix lexical est une manœuvre du camp islamiste pour affaiblir la laïcité en Turquie ».

Et pourtant la proposition vient des laïcs !

L’article commence par préciser que « La Turquie fait partie des dix pays le plus touchés par l’épidémie de Covid-19 avec, à ce jour, environ 146 000 cas détectés et 4 055 décès ». Pour rappel, en France nous avons plus de 200 mille cas et pratiquement 30 mille morts.

Ensuite, l’article précise qu’à l’origine de ce projet se trouve Hayrettin Karaman, un théologien renommé en Turquie. Comme beaucoup d’opposants à la Turquie, l’historien n’oublie pas de placer « frères musulmans » entre les mots afin d’être plus crédible. En effet, quand vous utiliser ce mot tout devient véridique peu importe ce que vous racontez.

Enfin, l’auteur précise que les laïcs s’opposent à « cette politique qui s’inscrit dans la stratégie de réinstauration des valeurs culturelles, éthiques et sociales musulmanes encouragée par le parti de Tayyip Erdogan ».

Pourtant, dès le début de la pandémie l’opposition a toujours tenté de faire de la récupération politique auprès du personnel soignant. Ainsi elle a réclamé des augmentations des salaires pour « les soldats de la santé » et a souhaité que le gouvernement mette tout en œuvre pour améliorer leurs conditions de travail.

Le statut de martyr en Turquie

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en Turquie le statut de martyr n’est pas seulement un statut symbolique. Evidemment, sa représentation auprès de la population est très forte mais au-delà de cela attribuer ce statut a des conséquences économiques très importantes sur la famille du défunt.

Grâce à ce statut, les familles des martyrs en Turquie peuvent plus facilement accéder à la fonction publique, peuvent toucher des indemnités supplémentaires, peuvent prétendre à des réductions d’impôts.

Certains commerçants offrent même des produits et des écoles privées prennent en charge la totalité des frais d’inscriptions pour les enfants.

Le parti ultra nationaliste évoque en premier le sujet

Or, dès le 30 mars, comme le rapportent tous les médias Turcs, les vice-présidents de Iyi Parti (Bon Parti) de Meral Aksener, proposent que le statut de martyr soit attribué aux personnels soignants qui ont perdu la vie en Turquie.

En réalité, IYI parti est une scission du Parti du Mouvement National (MHP) suite à un désaccord sur le soutien accordé à Erdogan. Sa présidente, Meral Aksener, fervente opposante à Erdogan est une nationaliste kémaliste et ultra-laïque.

Le parti républicain dépose une loi

Une semaine plus tard le 5 avril, comme le souligne le journal d’opposition Sozcu, c’est autour du Parti Républicain du Peuple (CHP) d’évoquer le sujet dans ce sens.

Le journal explique que le CHP veut reconnaître « le travail sacré du personnel médical et qu’il faut protéger leurs droits ».

Par la suite le 7 mai, le Parti Républicain a officiellement présenté le projet de loi qui sera discuté dans les prochains jours.

En somme, elle a de fortes chances d’être adoptée dans la mesure où la proposition est très populaire auprès de l’opinion publique et surtout que le refus de la part du président Erdogan sera très mal perçu par les citoyens.

En conclusion, on peut voir qu’une fois de plus, cette affirmation de l’historien Thierry Zarcone est totalement mensongère et que la proposition de loi vient du camp ultra laïc et non des islamistes comme il l’affirme.

Fatih KARAKAYA

Pour d’autres fact checking consultez notre rubrique MedyaCheck