L’AFFAIRE KOZA IPEK EN TURQUIE : PRESSE OU ORGANISATION ILLEGALE
La mise sous tutelle du groupe de médias KOZA IPEK en Turquie par une décision de justice et les réactions qu’elle a suscité, montrent encore une fois combien les enjeux des élections législatives du 1er novembre sont bien au-delà d’une simple compétition politique. Les images diffusées dans tous les médias turcs et internationaux, de l’intervention de la police dans les locaux du groupe, ne sont certainement pas en faveur du gouvernement. Elles servent, sans conteste, les détracteurs du gouvernement de l’AK Parti et du Président de la République, Recep Tayyip Erdogan, qui depuis un certain temps propagent dans l’opinion internationale l’idée que le président Erdogan se dirige tout droit vers un régime autoritaire, notamment en mettant en avant des présumés restrictions autour de la liberté de la presse. Mais en réalité, l’affaire est toute autre. Le groupe KOZA IPEK est accusé, par la justice, de dissimuler derrière une activité média un soutien financier illégal à l’organisation étatique parallèle, dont le leader Fethullah Gulen vit aux Etats-Unis depuis plusieurs années.L’organisation parallèle est accusée d’avoir chercher à prendre le contrôle du pouvoir et de l’état en s’infiltrant de manière minutieuse dans la police, la justice et toutes les autres instances décisives de l’état. Plusieurs affaires sont en cours dans les tribunaux turcs. L’organisation illégale parallèle est notamment poursuivie pour des actions visant à faire tomber le gouvernement, en mettant sur pied des complots menés par ses éléments infiltrés dans la police, chez les procureurs et dans la justice ; elle est également accusée d’avoir effectuée des centaines d’écoutes illégales, ou d’avoir procédé à de nombreux chantages envers des personnalités publiques, dont des politiciens, des journalistes et de nombreux autres. Le mouvement de Gulen est aussi suspecté d’avoir organiser des tricheries d’envergures tant dans l’éducation que dans les concours de la justice ou de la police par exemple. Les célèbres affaires Ergenekon et Balyoz, qui ont visé les militaires, ont été montées de toutes pièces avec des fausses preuves.Les enquêtes concernant de nombreuses autres affaires se poursuivent. L’organisation parallèle possède plusieurs médias, dont les journaux Zaman et des groupes tels que Koza Ipek. Les saisies et les perquisitions dans ce groupe ont mis en lumière de nombreuses irrégularités qui démontrent, selon les procureurs, que le groupe est le principal financier de l’organisation parallèle. Ce financement se fait en toute irrégularité. Dans le cadre de l’enquête, la justice décide donc de mettre sous tutelle le groupe. Même si les images de l’arrivée de la police ne sont pas valorisantes pour la justice, elles ne doivent pas faire oublier le fond de l’histoire, qui n’a absolument rien à avoir avec la liberté de la presse.
D’ailleurs, il est intéressant de voir cette intervention arrivée à quelques jours des élections. Est-ce que les derniers éléments de l’organisation parallèle se trouvant dans la police et la justice, ne se seraient pas arrangés pour que ces images controversées soient un « boulet » pour le pouvoir et pour qu’il soit la cible de critiques tant dans le pays qu’au niveau international. La question est légitime si l’on se repère aux agissements passés des Gulenistes. Dans ce cas, les médias de Gulen ne font pas une opposition à Erdogan, ils mènent clairement une guerre contre le gouvernement, l’état et le pays. Aujourd’hui, l’organisation parallèle s’affiche ouvertement auprès des terroristes. Elle est capable de mettre autour de la même table tous les partis d’opposition, qui en temps normal, sont incapables de se retrouver. Pour le mouvement Gulen, le pays peut être en feu et en sang, du moment que ça sert la chute d’Erdogan et de l’AK Parti. L’organisation parallèle est aujourd’hui très appréciée par tous les ennemis de la Turquie. Les représentants de ce mouvement sont dans tous les médias européens. Une large coalition à l’intérieur du pays et à l’internationale s’est formée contre Erdogan et son parti. Leur seul critère : « L’ennemi de mon ennemi est mon ami ». C’est pourquoi, ces législatives de dimanche 1er novembre sont terriblement importantes pour la stabilité de la Turquie et pour son avenir. Il s’agit de faire un choix entre une Turquie sous la tutelle des puissances internationales et de leurs pions, et une Turquie indépendante, libre de faire ses propres choix, et de décider de son avenir.