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Le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, démissionne

Le Roux donne sa démission après les révélations concernant l’emploi comme collaboratrices parlementaires, de ses deux filles lorsqu’elles étaient lycéennes puis étudiantes.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis de 1997 jusqu’à son entrée au gouvernement en décembre 2016, a employé ses deux filles en CDD, comme collaboratrices à l’Assemblée nationale, à plusieurs reprises pendant son mandat, sur des périodes de vacances scolaires.

Un emploi qui pose problème !

Au total, 24 contrats de travail (14 pour l’une, 10 pour l’autre) auraient été établis à leur nom entre 2009 et 2016, pour des salaires cumulés de 55 000 euros.

Bruno Le Roux donne sa vision avec des déclarations qui vont s’avérer ravageuses. «Pas d’amalgame (avec l’affaire du Penelogate). On parle d’un boulot d’été auprès d’un parlementaire. Et quand il faut faire du classement, quand il faut faire un certain nombre de tâches parlementaires, je trouve que c’est une bonne école de faire ça», explique-t-il alors.

Problème, certains des CDD effectués ont pu se superposer avec des stages en entreprise ou le temps universitaire (à l’été 2013 pour l’une des filles ; 20 jours en mai 2015 pour l’autre). Une des filles était en stage à plein temps chez Yves Rocher en Belgique… Ce qui interroge sur le caractère possiblement fictif de ces emplois.

Une affaire qui secoue la classe politique.

La classe politique prend la mesure de l’affaire. A droite, on peine à cacher les sourires de voir le gouvernement empêtré dans une affaire qui n’est pas sans évoquer les déboires de François Fillon. À gauche, la gêne est palpable lorsque Jean-Christophe Cambadélis doit monter au créneau pour défendre Bruno Le Roux. «Ne faisons pas démissionner les gens à partir d’un soupçon…». «Si les faits sont confirmés, je ne doute pas que Bernard Cazeneuve demande à M. Le Roux de quitter le gouvernement. La justice doit être la même pour tous. On l’a dénoncé pour Fillon, il faut le dénoncer pour Le Roux.», déclare Christophe Castaner, porte-parole d’Emmanuel Macron. François Hollande reçoit Le Roux en présence de Bernard Cazeneuve. L’entretien durera une demi-heure.

Ouverture d’une information judiciaire.

Mardi 21 mars 2017, à 15 heures, le parquet national financier annonce l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les emplois par le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux de ses filles comme collaboratrices parlementaires lorsqu’il était député. Les investigations sont confiées à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), précise le PNF dans un communiqué.

Benoît Hamon estime depuis Bruxelles que «la décision la plus prudente, la plus sérieuse» pour Bruno Le Roux serait de démissionner. «Je considère que l’exemplarité, elle s’applique à tous, et qu’il est difficile de demander une règle pour les uns et qu’elle ne s’applique pas aux autres». L’entourage du ministre de l’Intérieur indique qu’il fera une déclaration à 18 heures à Bobigny, son fief électoral.

À 18 heures, Bruno Le Roux se présente. «J’affirme mon honnêteté dans les rapports humains comme dans tous mes actes politiques. Ces contrats ponctuels et officiels, conformes aux règles juridiques des services de l’Assemblée nationale correspondaient tous bien sûr à des travaux effectivement réalisés. Ces moments de travail en commun étaient importants pour moi comme ils étaient formateurs pour elles», a-t-il fait valoir. «Dans mes responsabilités, le temps pour être ensemble n’est pas si fréquent.»

 

À 18 h 20, l’Élysée publie un communiqué. «Le Président de la République a reçu ce jour en présence du Premier ministre, M. Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur. Celui-ci lui a présenté sa démission afin de fournir toutes les précisions utiles à l’établissement de la vérité, dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet financier.» Bruno Le Roux aura été ministre 3 mois et 15 jours.

 

Par Mustafa Y.