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Jean Luc Mélenchon, un soutien au terrorisme ? (opinion)

PKK France

Suite aux nombreux Tweets de Jean Luc Mélenchon en soutien au pkk, dont le dernier comparant son chef Öcalan à Nelson Mandela, voyons les motivations pour oser une telle comparaison. 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il serait convenable de préciser qu’à ce jour JLM, bien que franchouillard et un brin populiste, est à mon sens, une des rares personnalités politiques ayant gardé un minimum de dignité. En effet au regard de ses concurrents, toute tendance confondue, JLM est visiblement celui qui respecte le plus les Valeurs dites de la République et de sa devise « Liberté, Égalité et Fraternité ».

Certains diront que c’est de la com, à quoi je répondrai que vu la tendance raciste et islamophobe actuelle, s’il s’agissait réellement uniquement de com, JLM s’y prend mal. Pour ne pas heurter l’opinion « extrême droitisé » il pourrait au minimum éviter par exemple de défendre les réfugiés, il pourrait éviter de rappeler qu’il ne faut pas faire des amalgames tous azimuts, comme l’islam et l’islamisme, terrorisme et musulman. Il pourrait éviter de donner le vrai sens de la laïcité à l’agonie sous Macron.

JLM gardera-t-il le même cap s’il vient à être élu un jour ? La réponse n’est pas évidente, tant l’Histoire nous a démontré le contraire. Partant de l’exemple de notre Président actuel, alors candidat, ce dernier tenait un discours très édulcoré envers la communauté musulmane, mais qui une fois élu a fait de la France le symbole (parmi les pays se revendiquant démocratiques et respectueux des droits de l’Homme) du racisme et de l’islamophobie systémique. 

Au point que son Ministre de l’intérieur invective une Marine Le Pen de « molle ».

Ambiguïté à la française

Il ne faut pas s’étonner de l’aisance avec laquelle JLM soutient ouvertement l’organisation terroriste du pkk, quand on sait que malgré son interdiction officielle, tous les gouvernements depuis Mitterrand, ont fermé les yeux sur ses activités et son développement sur le sol français tant que le pkk ne porte pas atteinte aux citoyens français et à ses intérêts. Partant de ce constat, il serait « dommage » pour la France Insoumise, qui s’aligne sur la même idéologie du pkk, de ne pas exploiter une telle occasion sans prendre trop de risque. Ainsi le chef de file de la FI se pose en défenseur du peuple kurde qui serait opprimé (!) Sans oublier le ciblage de l’électorat proche du pkk.

Même si tous les partis français, et plus globalement l’opinion, ont une idée négative de la Turquie, les partis de gauche se montrent beaucoup plus virulents. Ceci est dû évidemment à une approche idéologique et électoraliste sous couvert d’humanisme. Paradoxalement cette agressivité verbale a même redoublé depuis l’arrivée de Erdogan. A en croire la propagande, le Président turc serait le pire cauchemar du peuple kurde.

Un peu d’Histoire pour mieux comprendre 

La rencontre des peuples turc et kurde est un exemple rare de fraternité dans l’histoire de l’humanité, depuis l’arrivée des turcs en Anatolie, voilà plus d’un millénaire, ces deux peuples sont devenus le symbole d’entente en bonne intelligence. L’ironie du sort est que la seule période où effectivement les kurdes ont connu des jours difficiles, fût au lendemain de la création de la République turque sous l’impulsion de Mustafa Kemal Atatürk, celui-là même tant vanté par l’occident, et notamment la France, pour son modernisme à l’occidentale et sa laïcité.

Précisons tout de même, que la répression n’a pas touché seulement les kurdes, mais presque toutes les composantes ethniques et religieuses, musulmans en premier lieu, ayant contesté les réformes du Père des turcs.

Comprenez par là qu’au-delà du racisme, les motivations étaient avant tout politiques, en effet Atatürk avait entrepris un changement de fond en comble de la société, où les revendications ethniques et religieuses n’avaient plus leur place. Depuis, même s’il y a eu des périodes d’accalmie, notamment avec Adnan Menderes (1950-1960), l’esprit kémaliste qui fera « juger », condamner et pendre le même Menderes, garda une pression énorme sur toute tentative de démocratisation avancée.

Qu’en est-il réellement aujourd’hui ?

Avec beaucoup d’habilité, dont je vous épargne les détails, Erdogan a réussi à briser l’influence de l’armée sur les affaires politiques et sociétales. Au risque d’en choquer plus d’un soumis au bombardement médiatique, la situation démocratique et les libertés se sont nettement améliorés, y compris pour les citoyens kurdes.

Voici quelques exemples de libertés retrouvées, confisquées depuis les années 1920 :    

  • Une chaîne publique diffuse en langue kurde (en plus de chaînes privées)
    • Les prénoms kurdes sont autorisés
    • L’apprentissage et le parler de la langue kurde, ainsi que la culture kurde sont autorisées
    • Les partis politique pro kurde sont autorisés (quelqu’un a parlé de séparatisme ?)

Précisons que l’Akp, accusé de racisme par les mouvements Marxistes-Lénisites, dont la FI, compte dans ses rangs des députés, ex-députés, Ministres, ex-Ministres de culture kurde. A savoir aussi que Turgut Özal, Premier Ministre puis Président de la Turquie de 1983 à 1993 était lui-même d’origine kurde. Nous sommes donc très loin de l’image qu’on nous dépeint de la Turquie d’Erdogan qui serait anti kurde.

Amalgame volontaire kurde/pkk

Cet amalgame volontaire ne vient pas de la Turquie, mais du pkk et ses soutiens, dont JL Mélenchon. Comme toute nation souveraine qui le fait ou le ferait, la Turquie lutte contre une organisation terroriste et séparatiste. Cette dernière a fait depuis 4 décennies plus de 40 milles victimes, dont des enfants et nourrissons, compris d’origine kurde. Depuis la création de cette organisation terroriste, tous les gouvernements, de gauche comme de droite, ont combattus cette organisation.

Les revendications de cette organisation qui ont fait sa force ne sont plus d’actualité en raison des changements réalisés sous Erdogan, nous aurions pu espérer que le sang aurait arrêté de couler, mais il n’en est rien. Il devient évident que ces revendications n’avaient rien d’humaniste, il s’agit seulement d’une déclaration de guerre ouverte dans les années 80 par un groupe de milicien sécessioniste. Par conséquent, comme rappelé plus haut, la Turquie comme tout pays souverain défend ses frontières, et malheureusement les guerres font des victimes.

J’entends bien sûr des voix qui me rappellent les journalistes et députés emprisonnés, auxquelles je précise que les journaux de l’opposition continuent leurs tirages et le Hdp, vitrine politique du pkk, siège toujours au parlement turc avec ses représentants, seuls ceux et celles s’étant rendu coupable d’apologie de terrorisme et collaboration avec le pkk sont inquiétés.

Pour mieux comprendre, il faut s’imaginer ce qui adviendrait d’un journaliste ou député basque ou corse ayant fait l’apologie du terrorisme, ou pire, ayant transporté des armes à l’ETA ou le FLNC ?

Faute ou méconnaissance de JL Mélenchon ?

J’ose espérer que M. Mélenchon ne connaît pas la réalité turque, que son aveuglement n’est que purement idéologique. Comparer un homme comme Mandela, qui certes avait pris les armes contre un des régimes les plus racistes et ségrégationnistes de l’époque, sans faire de victimes civiles. Et Öcalan, ayant fait plus de 40 milles victimes et ayant du sang de nourrissons sur les mains est une insulte à la mémoire de toutes les victimes de terrorisme à travers le monde. 

MB