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Massacre 17 octobre 1961

Lors de son retour au pouvoir, le 2 juin 1958, le général de Gaulle doit gérer la situation Algérienne. L’armée se radicalise autour de l’idée d’Algérie française. Dans son discours du 29 janvier 1960,

« L’autodétermination est la seule politique qui soit digne de la France », « Je suis le responsable suprême. C’est moi qui porte le destin du pays. Tous les soldats français doivent donc m’obéir. », « Eh bien, mon cher et vieux pays, nous voici ensemble, une fois encore, devant une lourde épreuve. » déclare le général de Gaulle.

Presque 1 année plus tard, le 8 janvier 1961 aura lieu, le référendum sur l’autodétermination en Algérie. Il prévoit que, lorsque les conditions de sécurité le permettront, le destin politique de l’Algérie par rapport à la République Française sera décidé par les populations algériennes.

Les mois passent, et le référendum en Algérie n’arrive pas ce qui créer des tensions aussi bien en Algérie qu’en métropole. À la suite d’une décision, prise en conseil interministériel le 5 octobre, d’instituer un couvre-feu envers les seuls Algériens musulmans, le préfet de police Maurice Papon déclare que celui-ci est fait « dans le but de mettre un terme sans délai aux agissements criminels des terroristes algériens » et publie le communiqué suivant:

« Il est conseillé de la façon la plus pressante aux travailleurs algériens de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris et de la banlieue parisienne, et plus particulièrement entre 20 h 30 et 5 h 30 du matin» et «Il est très vivement recommandé aux Français musulmans de circuler isolément, les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police»

À l’appel du front de libération nationale (FLN), mouvement encadrant la révolution algérienne contre la France coloniale (1954-1962), des milliers d’Algériens sont sortis à Paris le 17 octobre 1961 pour boycotter le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé à eux seuls.

En représailles, la police française, sous les ordres de Maurice Papon, ouvre le feu sur les manifestants tuant une centaine parmi eux, tandis que d’autres, portés disparus, ont été jetés à la Seine.

Les habitants de la ville ont vu ce qui se déroulait sous leurs fenêtres, ils ont entendu les cris de douleur de ces milliers d’hommes sans défense. La population française de Paris savait et n’a, sauf en de rares exceptions, porté aucun secours aux victimes de ce massacre. Au contraire, beaucoup sont sortis aider la police dans son immonde entreprise.

Les journalistes non plus n’ont pas rapporté dans leurs colonnes le pogrom des Algériens. Au contraire, le lendemain, une campagne médiatique mensongère et enragée relaya le cours de ces massacres. Dans une grande unanimité, les journaux vont d’abord condamner les Algériens.

  • Paris-Jour annonçait que: «les agents de la force publique avaient complètement disparu».
  • L’Aurore s’interrogeait: «Paris est-il donc livré, avec d’aussi piètre protection, à qui veut la prendre ? N’avons-nous pas de ministère de l’Intérieur ?»
  • Le Figaro quant à lui titre sur les lés: «Violentes manifestations à Paris de Musulmans Algériens», à cela le quotidien ajoute qu’il: «rend grâce à la vigilance, à la prompte action de la police».
  • La palme du cynisme ira à Paris-Presse qui se félicite du travail des forces de l’ordre: «C’est une performance d’avoir pu arrêter et embarquer 11.538 manifestants».

Le référendum d’autodétermination en Algérie se déroule le 1er juillet 1962. Les accords d’Évian, mettent en théorie un terme à la guerre d’Algérie le 19 mars 1962.

Ce massacre, considéré par les historiens comme un « crime d’État », n’a pas été reconnu à ce jour par l’État français en dépit des appels d’intellectuels et de nombreuses associations de part et d’autre de Méditerranée.

Cinquante-six ans après les événements sanglants de la nuit du 17 octobre 1961 à Paris où de nombreux Algériens ont subi une violence inouïe de la part des autorités françaises, Alger attend toujours la reconnaissance de Paris pour ce « crime d’État ».

Malgré quelques voix isolées de politiques françaises, beaucoup peinent encore à reconnaître les crimes coloniaux commis à l’encontre des Algériens particulièrement ce massacre au « pont Saint-Michel » à Paris.

Alors que l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë (socialiste), a pu apposer une plaque commémorative à l’endroit du massacre, l’ancien président, François Hollande, avait publié un communiqué en 2012 évoquant «une sanglante répression», une année après avoir déposé une gerbe de fleurs sur le pont Clichy, alors qu’il était en campagne.

«La République reconnaît avec lucidité s’est faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes », avait écrit Hollande.

En visite en Algérie en février dernier, alors qu’il était en campagne pour la présidentielle, l’actuel président français, Emmanuel Macron, avait admis, lors d’une interview à une télévision privée, que «le colonialisme est un crime contre l’humanité ».

Mais depuis, face au tollé provoqué en France, notamment au sein de sa famille politique, le président Macron n’a pas «fait de gestes» malgré ses promesses.

Il y a une dizaine de jours, il a été sollicité, dans une lettre ouverte, par le collectif dit du « 17 octobre 1961 » pour faire connaître sa position «précise» sur les crimes d’État et notamment les massacres d’Algériens à Paris dans la nuit du 17 octobre 1961. Mais à ce jour, il ne l’a pas encore fait.

FTU