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« Nous pouvons venir une nuit inopinément »

Conflit turco grrec

D’où vient cette rhétorique utilisée par Recep Tayyip Erdoğan et faisant grincer des dents la Grèce et ses amis ?

D’abord un peu d’histoire :

L’île de Chypre fût sous administration ottomane de 1571 à 1878, date à laquelle elle fût louée au Royaume-Uni. En 1959 l’entente de Zurich donne l’indépendance à Chypre et prévoit un partage du pouvoir entre chypriotes turcs et grecs. Mais, venu de Grèce, le colonel Grivas ne l’entend pas de cette oreille et crée l’EOKA (Organisation Nationale des Combattants Chypriotes) ayant pour but de « purifier » l’île de « l’ethnie turque » en lançant le programme ENOSIS (Rattachement à la Grèce).

En 1963 cette milice commence à massacrer la population turque pour l’inciter à quitter l’île. Malgré les appels incessants de la Turquie à la communauté internationale pour stopper les massacres, ce dernier reste sourd.

D’où vient la formule ?

Tout en massacrant la population turque et voyant l’immobilisme des instances internationales, l’EOKA ne manque pas de narguer la Turquie la croyant incapable d’intervenir pour porter secours aux turcs chypriotes. Ainsi les ondes radiophoniques commencent à diffuser en boucle une chanson du grec Stelios Kazantzidis traduite en turc : « Je t’ai attendu mais tu n’es pas venu »

Ne pouvant rester spectateur, la Turquie se prépare au débarquement, on entend la réponse turque, reprenant les mêmes moyens grecs, une chanson de Rüştü Sardağ : « Je peux venir soudainement une nuit »

La chanson commence exactement de la manière suivante :

« Cesse de m’appeler du fond du cœur, je peux venir subitement une nuit ».

Pour rappel, étant un des 3 pays garantisseurs, avec le Royaume-Uni et la Grèce, l’intervention turque était conforme au droit Internationale, la Grèce n’ayant pas respecté les conditions.

Suite à la dictature des colonels en Grèce (1967 à 1974) ayant mis fin au statut indépendant de Chypre et à l’équilibre fragile du partage du pouvoir, mais surtout pour stopper les massacres sur la population turque, les troupes au croissant et à l’étoile débarquent la nuit du 20 juillet 1974. La guerre éclaire qui durera 4 semaines, se soldera par une défaite cuisante de l’armée grecque, le nord de l’île sera découpé, ce sera la fin des massacres sur les civils turcs chypriotes.

Qu’en est-il des îles grecques en question aujourd’hui ?

En 1923 le traité de Lausanne et en 1947 celui de Paris prévoient la rétrocession d’une multitude d’îles aux grecs par les turcs, certaines îles sont à quelques jets de pierre des côtes turques. Incompétence ou trop bonnes intentions turques, ces îles si proches des côtes turques posent aujourd’hui un problème de sécurité pour la Turquie.

En effet malgré la condition de démilitarisation prévue aux traités ci-haut, la Grèce a outrepassé ses obligations en déployant armes et soldats sur les îles. Pour cette raison, la Turquie estime que les statuts ayant changés, les compteurs sont remis à zéro, tout comme en Chypre, et se donne le droit d’intervenir, compris militairement.

RC