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Coup d’État du 28 février en Turquie

Erbakan Erdogan

Le 28 février 1997, la Turquie a connu son premier coup d’état post-moderne après 3 coups militaires.

Il faut rappeler que la Turquie a été secouée par l’impact de divers événements et organisations. Ainsi depuis la déclaration de la République après la Première Guerre mondiale, la Turquie est devenue laïque.  

Bien que cette évolution ait provoqué diverses confusions dans le pays, la population l’a maintenant accepté et a développé un système en conséquence. 

Pourtant l’islam, la croyance d’une grande partie de la population vivant en Turquie, était à pied et constituait le mode de vie de la majorité de la population générale. 

Fraîchement sorti de la guerre, le pays était insuffisant et soumis au bon vouloir des puissances étrangères. D’ailleurs la Turquie, dont la dette était beaucoup plus élevée que les revenus de l’Etat, était en quelque sorte dépendante des pays étrangers et, dans certains ouvrages, soumise aux exigences des puissances étrangères.

Utilisation de la Laïcité à des fins malhonnêtes

Ainsi, dans ce climat, certaines personnes qui ont détourné le système anti-islamique et laïc harcelaient les musulmans et allaient même parfois jusqu’à la torture. 

La situation s’est transformée en un chaos imparable au fil du temps et les étudiantes voilées ont été les premières victimes, aussi bien dans les lycées Imam Hatip que les facultés de théologie. En conséquence, des milliers de filles portant le foulard ont été expulsées des institutions privées ainsi que des organismes publics toujours à cause du foulard.

Les musulmans persécutés

Les feuilles de calendrier indiquaient la date du 28 février 1997. Ce fut un événement scandaleux pour la République de Turquie. Le pays dirigé par le gouvernement du Premier ministre Necmettin Erbakan était confronté à un problème majeur. 

L’armée considérait le foulard devient de plus en plus comme un problème et le système laïc a créé un statut différent pour les musulmans. Face à cette situation, les musulmans et les musulmanes se trouvaient dans une situation socialement désespérée.

Coup d’État du 28 février

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Necmettin Erbakan, le Premier ministre de l’époque, a été contraint de démissionner par les militaires, La raison pour laquelle il a été contraint de démissionner était qu’il venait du Refah Partisi, qui avait ambition de rendre la liberté aux religieux.

En janvier 1997, le mois précédant février, le premier ministre Necmettin Erbakan a organisé un dîner d’iftar (jeûne) dans un bâtiment public dont les convives étaient des responsables religieux. Cela fût le point de rupture avec les militaires après plusieurs autres incidents. 

Les médias ont largement relayé « l’incident » et ont parlé de «Iftar pour les chefs de secte». D’ailleurs, le secrétariat général du CHP a déposé plainte auprès du procureur général d’Ankara pour atteinte à la laïcité .

Les médias ont continué à s’attaquer au gouvernement de Necmettin Erbakan et ont joué sur la peur en disant « La charia arrive dans le pays ». 

Après cela, ceux qui ont défendu la soi-disant laïcité dans le pays ont empêché les droits du peuple musulman et ont imposé une interdiction du port du voile. 

L’armée craintive et ses partisans ont lancé une campagne de lynchage contre celles qui voulaient étudier avec le foulard. 

Les filles originaires des « imam Hatip » et portant le foulard, qui étudiaient dans les universités, ont été expulsées des écoles une par une.

Celles qui refusaient de se soumettre au diktat de la police vestimentaire se voyaient enfermées dans des classes à part pendant des heures afin de mettre la pression pour qu’elles acceptent de le faire. Certaines filles avaient fait le choix de porter une perruque, d’autres ont décidé de partir étudier à l’étranger.

La même année, la première du département d’infirmières de l’Université Sivas, n’a pas été autorisée à assister à la cérémonie de remise du diplôme en raison de son voile. 

D’autres écoles ont commencé à prendre des mesures similaires en interdisant le voile et les barbes pratiquement dans toutes les écoles. D’ailleurs, ces personnes étaient déclarées terroristes par les médias et les politiciens qui ne supportaient pas de voir des femmes voilées s’émanciper.

La résistance s’organise

Le climat était très tendu dans le pays. Une grande partie de la population était rejeté par une minorité qui avait l’habitude de reigner sans partage et imposer des lois liberticides.

Face à cela, les gens ont commencé à réagir contre l’interdiction du port du foulard et ont pris diverses mesures. Des manifestations pacifiques s’organisaient dans tout le pays. La démocratie souffrait énormément. 

Du côté des militaires, bien décidés à régner seuls, la contre attaque s’organisait également. Ainsi, ils avaient décidé d’en finir avec le gouvernement et, en février 1997, des chars militaires ont commencé à affluer dans les rues de Sincan à Ankara. 

Alors, qu’il avait subit plusieurs revers de la part des militaires, le président de la République Süleyman Demirel, était le plus grand soutien de l’armée.

Demirel a ainsi envoyé des lettres d’avertissements au Premier ministre, Erbakan. 

Il exhortait, dans ces lettres, Necmettin Erbakan à respecter la vie séculaire tout en discriminant les pratiquants.  Le Conseil national de sécurité s’est réuni avec l’ordre du jour «extrémisme». 

Les militaires ont imposé 18 articles au gouvernement civil de l’époque. Parmi ses exigences, l’armée souhaitait la fermeture des collèges Imam Hatip, l’interdiction total du foulard y compris dans les cours de religions.

Effectivement, malgré cette volonté d’imposer une laïcité dure, l’armée voulait quand même garder le contrôle sur les religieux en imposant des cours de religion.

Face à ces pressions, et refusant de signer l’injoction de l’armée, Necmettin Erbakan a décidé de passer le pouvoir à sa vice-première ministre Tansu Ciller.

Mais, Demirel a décidé de charger Mesut Yilmaz, 3ème parti du pays, à former un gouvernement.

Par la suite, les deux partis de Necmettin Erbakan ont été dissouts.

Désormais, la Turquie considère, le 28 février 1997 comme un coup d’État postmoderne anti-démocratie, anti-laïque et anti-musulman, qui qualifie les actions des musulmans de fondamentalisme au nom de laïcité.

Ramazan Calli