La Turquie s’oppose à la création d’un état indépendant au Nord de l’Irak. Le Président Turc, Recep Tayyip Erdogan, a longuement expliqué les raisons de son refus. La raison principale est qu’après l’établissement de cet état, certaines organisations terroristes vont en profiter pour demander des territoires au Sud-Est de la Turquie.
D’ailleurs, comme illustre la photo de la une, Rudaw TV, présente le Sud de la Turquie comme étant un territoire du Kurdisatn irakien. Cela prouve les craintes des citoyens turcs.
Cette situation n’est pas tolérable au même titre que l’Alsace qui souhaiterait devenir indépendant. Depuis 2002, le gouvernement d’Erdogan a apporté des avancées considérables pour les droits des Kurdes. A l’époque où même l’utilisation des lettres W, Q (dans les noms kurdes), Erdogan a mis en place une chaîne publique en Kurde. Quand le célèbre chanteur Ahmet Kaya avait chanté en Kurde, tous les kémalistes l’avaient insulté. Aujourd’hui, tant qu’elles ne font pas la propagande du terrorisme, des dizaines de médias en kurdes produisent des contenus sans aucun problème.
Mais ce référendum est mal venu. Ni l’opinion publique ni le contexte est prêt. D’ailleurs le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan a déclaré au sujet du référendum dans le Nord de l’Irak, « De la sanction économique jusqu’au choix militaire, toutes les options sont sur la table. Mais j’espère qu’il ne sera pas nécessaire de les utiliser ».
Erdogan a prononcé un discours, mardi, au cours de la cérémonie d’inauguration de l’année académique qui s’est déroulé au palais présidentiel à Ankara.
Au coeur de son discours, le référendum sur l’indépendance tenu hier lundi dans le District Kurde du Nord de l’Irak.
Erdogan a affirmé que la tenue de ce référendum n’allait rien changer et qu’un Etat dans le Nord de l’Irak ne verra jamais le jour.
« Le Kosovo a été reconnu par 114 pays mais malheureusement n’a pas pu devenir un pays, il persiste toujours des difficultés. Que pense obtenir le District du Nord de l’Irak avec (le soutien) d’Israël ? Ils ne connaissent pas la politique. Il ne savent pas non plus comment on devient un pays. Ils pensent qu’en disant « nous l’avons fait, c’est bon » les choses vont se réaliser. Cela ne se réalisera pas. Ce n’est pas possible d’ailleurs » a t-il lancé.
Pour le chef de l’Etat turc, ce référendum soulève beaucoup de doutes lorsqu’on observe ceux qui le soutiennent.
« Si le référendum est organisé par les autorités du District Nord de l’Irak, que le seul soutien est Israël et que les résultats sont célébrés par le PKK avant même la fin du vote, cela veut dire qu’il n’y a ici ni innocence ni légitimité. Le taux de participation et les résultats annoncés sont douteux. Il est impossible de considérer ce référendum comme légitime particulièrement dans les zones où la population a été déplacée de force pour minimiser le poids des Arabes et des Turkmènes » a t-il avancé.
Et Erdogan de poursuivre :
« Ceux qui soutiennent les divisions et les séparatismes dans notre région, qu’ils l’appliquent d’abord chez eux. Qu’ils soient un exemple pour tout le monde. Mais vous ne verrez aucun effort et volonté dans ce sens. Je m’adresse à tous mes frères d’Irak et de Syrie qui possèdent un esprit éclairé, ne tombez pas dans ce piège. Ne vous faites pas instrumentaliser. Ceux qui aujourd’hui vous encouragent, ne seront plus là demain, mais nous, si Dieu le veut, nous continuerons à vivre ensemble encore pendant des millénaires. Ne sacrifiez pas l’avenir pour des ambitions. Les drapeaux israéliens que vous arborez ne vous sauveront pas, ne l’oubliez pas ».
En raison des bonnes relations politiques et économiques entretenues entre le District Kurde du Nord de l’Irak et la Turquie, le président turc a reconnu avoir pensé que Barzani ferait marche arrière pour ne pas nuire à ces relations.
« A vrai dire, jusqu’au dernier moment nous pensions que Barzani n’allait pas tomber dans cette erreur, mais nous nous sommes trompés. Le fait de prendre cette initiative, sans même nous consulter, alors que nous vivions la période le plus riche de notre histoire, constitue clairement une trahison envers notre pays » a t-il reconnu.
Erdogan a affirmé que toutes les options étaient actuellement à l’étude et que la Turquie ne resterait sûrement pas sans réaction.
« Lorsque nous commencerons à appliquer nos sanctions, vous allez vous retrouvez seuls. Il nous suffit de fermer une vanne et le travail est fait. Tous leurs revenus seront bloqués. Si les poids lourds ne vont plus dans le Nord de l’Irak, ils se retrouverons en pénurie de nourriture et de vêtements. Ils vont se retrouver dans une telle situation. Pour quelle raison? Nous sommes obligés de sanctionner. A ce moment comment Israël va leur envoyer quoi, comment et par quelle voie ? » a t-il demandé.
Et Erdogan de conclure :
« De la sanction économique jusqu’au choix militaire, toutes les options sont sur la table. Mais j’espère qu’il ne sera pas nécessaire de les utiliser ».
Introduction Fatih KARAKAYA
Source AA