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Pays-Bas – Turquie : crise diplomatique après 405 ans de bonnes relations

Cassure entre les Pays-Bas et la Turquie

Retrait du droit d’atterrissage de l’avion du ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu

Mevlut Cavusoglu - Ministre des affaires étrangères turc

Mevlut Cavusoglu – Ministre des affaires étrangères turc

Le gouvernement néerlandais a décidé d‘interdire l’atterrissage du vol du ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, qui avait prévu de se rendre samedi aux Pays-Bas en vue d’un meeting en faveur du « oui » pour le référendum constitutionnel qui aura lieu le 16 avril 2017 en Turquie. Le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, avait annoncé mercredi que ce rassemblement était annulé, indiquant que le gérant de la salle où devait avoir lieu l’événement n’était plus disponible.

Mais pour les autorités néerlandaises, l’appel public aux Néerlando-Turcs à participer massivement à une manifestation publique avec le ministre Cavusoglu à Rotterdam le samedi 11 mars, compromet l’ordre public et la sécurité. « Les Pays-Bas regrettent le déroulement des faits et restent partisans d’une concertation avec la Turquie », a précisé le gouvernement néerlandais. Les Pays-Bas comptent près de 400.000 personnes d’origine turque, d’après l’Office néerlandais des Statistiques (CBS).

Expulsion de la ministre de la famille et des affaires sociales turque des Pays-Bas

Fatma Betul Kaya - ministre de la famille et des affaires sociales

Fatma Betul Sayan Kaya, ministre de la famille et des affaires sociales parlant aux policiers qui lui demandent de quitter le territoire.

Dans la soirée, la ministre de la famille et des affaires sociales Fatma Betul Sayan Kaya a souhaité se rendre au consulat de Turquie à Rotterdam mais elle a été empêché par la police. « J’ai reçu un ordre du ministère, vous devez quitter immédiatement la Hollande. Nous allons vous accompagner jusqu’à la frontière allemande » a indiqué le commandant du Service Spécial d’Intervention (DSI). Madame Kaya a refusé en répondant « Je vais entrer dans le bâtiment du consulat, il s’agit du consulat de mon pays dans lequel je suis ministre. Aucune convention internationale ne permet ceci, je n’accepte pas, je refuse ».

Les policiers ont souhaité en discuter avec leurs supérieurs. Fatma Beturl Sayan kaya s’est retiré dans son véhicule et a patienté pendant plusieurs heures. Par la suite,  le chef de la police s’est dirigé vers le véhicule de la ministre afin de l’avertir qu’elle sera conduite à la frontière allemande de gré ou de force, c’est-à-dire escorté par les forces de l’ordre ou tracté par une dépanneuse. La ministre Fatma Betul Sayan kaya ainsi que  Yalçın Topçu et les cardes du corps ministériel turc ont été reconduits à la frontière allemande.

Cavusoglu déclare : « Maudite soit leur élection. Qu’ils soient maudits les politiciens, qui en raison des élections dans leur pays, et pour ne pas perdre des voix face à l’extrémiste Wilders, agissent pire que lui. Ils sont vraiment tombés à un tel niveau de bassesse, au point d’interdire l’accès au consulat turc à notre ministre. Chacun de leurs actes, trouveront une réponse 10 fois supérieure. Nous n’avons pas peur de ça, mais ce qui vient d’être fait est inhumain. En raison de l’élection du 15 mars, le fait que des politiciens s’éloignent des valeurs humaines est une situation des plus étonnantes. Aucune raison ne peut rendre acceptable l’annulation du vol d’un ministre des affaires étrangères, mais interdire à notre ministre d’accéder à notre consulat, considéré comme notre territoire, est une honte pour l’Europe ». Le ministère turc des Affaires étrangères a également fait savoir que l’ambassadeur néerlandais à Ankara n’était plus la bienvenue.

5000 turcs étaient réunis devant le consulat de la Turquie à Rotterdam

5000 turcs à Rotterdam

5000 turcs à Rotterdam qui manifestent contre l’expulsion de la ministre Kaya et le retrait du droit d’atterrissage de l’avion de Cavusoglu.

5000 Turcs et Néerlando-Turcs se sont réuni à Rotterdam devant le consulat turc pour soutenir leurs ministres. Ce rassemblement a montré l’attachement du peuple d’origine turque à la liberté d’expression et à la démocratie rappelant les veillées effectuées après le coup d’état manqué le 15 juillet 2016. En effet, en Turquie pendant une quinzaine de jours à la suite de la tentative de putsch, les turcs ont littéralement monté la garde en restant éveillé dans chaque coin de rue de toutes les villes du pays pour éviter une éventuelle seconde tentative.

Violente dispersion de la foule par la police

De nombreuses forces de l’ordre ont été mobilisés afin de couvrir cette manifestation donc des policiers à cheval et des maîtres chiens. Afin d’éviter l’augmentation du nombre de manifestants tous les accès au consulat turc de Rotterdam ont été bloqué par les policiers. Ni les voitures ni les piéton ne pouvait circuler. Les forces de l’ordre n’ont pas hésité à charger la foule à l’aide de leurs matraques et des chiens pour les disperser.

Chien de la police mordant un manifestant turc à Rotterdam

Chien de la police mordant un manifestant turc venu contester l’expulsion de la ministre turque de la famille et des affaires sociales et le retrait du droit d’atterrissage de l’avion du ministre turc des affaires étrangères.

Persona non grata à Rotterdam, Cavusoglu effectuera un meeting ce dimanche à Metz

Au nom du droit à la réunion, la France n’a pas agit de la même manière que les Pays-bas en autorisant le meeting du ministre turc des affaires étrangères organisé par l’UETD (Union Européenne des Turcs Démocrates) dans la ville de Metz (Moselle, Lorraine) située dans le Nord-Est de la France, proche de la frontière allemande. Il sera donc accueilli au centre des congrès de la ville. Metz est une ville stratégiquement bien située car une très forte communauté turque vivant dans les alentours pourra s’y rendre facilement. On peut noter également que les pays frontaliers comme l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont également de nombreux ressortissants d’origine turque qui se déplaceront non seulement pour le discours de Cavusoglu mais également pour affirmer leur soutien.

 

Auteurs : Mustafa Y. , Deniz Ö. et Fatih T.