Alors que les relations entre la France et la Turquie sont souvent marquées par des tensions, les conflits en Ukraine et à Gaza ouvrent une voie de coopération diplomatique inattendue entre Paris et Ankara. Les deux pays, bien que parfois en désaccord stratégique, partagent aujourd’hui une volonté commune : contribuer activement à la paix dans ces zones de crise majeures.
La Turquie se positionne en médiateur, la France appelle au cessez-le-feu
En mai 2025, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a proposé à Emmanuel Macron que la Turquie accueille des négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie d’Ankara de jouer un rôle central dans la résolution du conflit, tout en maintenant ses relations avec les deux belligérants.
De son côté, la France a réaffirmé sa volonté d’un cessez-le-feu immédiat et sans condition préalable, afin de permettre des négociations équitables pour Kiev. En avril, un sommet de sécurité s’est tenu à Ankara, réunissant des représentants militaires de Turquie, d’Ukraine, du Royaume-Uni et de France, pour discuter de la stabilité future du bassin de la mer Noire.
Les discussions visent à poser les bases d’une coalition internationale de sécurité post-conflit, une idée portée par la France et le Royaume-Uni, et soutenue avec prudence par la Turquie.
Gaza : une vision commune pour une sortie de crise humanitaire
Sur le dossier de Gaza, la convergence diplomatique est encore plus marquée. Lors du sommet de l’OTAN à La Haye en juin 2025, le président Erdoğan a appelé à un cessez-le-feu permanent entre Israël et l’Iran, ainsi qu’à Gaza, soulignant l’urgence humanitaire de la situation.
La France, elle, s’est engagée dans une campagne diplomatique d’envergure. Emmanuel Macron a annoncé que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Une décision symbolique forte, saluée par de nombreux pays du Sud global et alignée avec les appels turcs en faveur d’une solution à deux États.
En parallèle, la diplomatie française a vivement critiqué le système d’aide humanitaire en vigueur à Gaza, qualifié de « scandaleux » par le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. Paris prévoit d’acheminer 40 tonnes d’aide via la Jordanie pour répondre à l’urgence.
Une coopération pragmatique malgré des divergences persistantes
Malgré des différends sur des sujets comme la Syrie, la Méditerranée orientale ou la politique intérieure turque, Paris et Ankara montrent qu’une coopération ponctuelle est possible lorsque les intérêts humanitaires et sécuritaires convergent.
En Ukraine, la Turquie propose une plateforme de dialogue. En Palestine, elle partage avec la France l’objectif d’un cessez-le-feu durable et d’un règlement politique. Ces rapprochements, bien que fragiles, témoignent d’une volonté diplomatique de construire des ponts au cœur d’un monde en recomposition.
Ramazan Calli