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Raillé et menacé, Burak Bayirli chrétien turc témoigne

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En Occident, les médias alimentent une certaine idée de la Turquie et de son président Recep Tayyip Erdogan notamment sur le respect de ses minorités.

Selon les détracteurs, la Turquie serait un pays où la liberté religieuse n’existe pas pour ceux qui ne sont pas musulmans sunnites. Ainsi, les chrétiens vivraient un calvaire. Pourtant, la réalité sur le terrain est très différente.

Même si, l’approche idéologique des médias empêche une vision apaisée du pays, la majorité conteste cette version biaisée.

Pour illustrer cela, les exemples ne manquent pas. Le 7 janvier 2018, le président Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre de l’époque, Binali Yildirim participaient aux côtés du Premier ministre de Bulgarie, Boïko Borissov, à l’inauguration de l’église bulgare Saint-Étienne d’Istanbul connu sous le nom de l’église de Fer, après 7 ans de travaux de rénovation entièrement pris en charge par la Turquie.

Par ailleurs, la Turquie avait voté la remise des biens confisqués aux minorités religieuses après la déclaration de la République.

De même, le 3 août 2019, Erdogan était présent avec le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, à la pose de la première pierre de l’église Assyrienne qui sera la première construite dans la République moderne. Deux ans plus tard, le chantier se poursuit et une grande partie des travaux a été accomplie.

En outre, Erdogan rencontre régulièrement des responsables des minorités religieuses, dont les Arméniens, et présente ses vœux lors des cérémonies importantes.

Malgré cela, les médias présentent la Turquie de manière péjorative. Face à cette désinformation, un jeune chrétien qui se considère comme « un Arménien de l’Empire ottoman » a tenu à témoigner à l’Agence Anadolu.

« Je suis un chrétien orthodoxe »

Burak Bayirli, un jeune homme de 26 ans s’est fait surtout remarquer sur Twitter. Sur son profil, il écrivait qu’il était orthodoxe avec un message de soutien au Président Erdogan.

Au départ, beaucoup de personnes ont estimé qu’il s’agissait d’un troll (faux compte) visant à participer à la propagande d’Erdogan. Mais rapidement, le jeune ingénieur en développement informatique dans le domaine de la défense a publié plusieurs photos de lui en révélant sa vraie identité.

Aussitôt, il a essuyé des critiques, voire des menaces, de la part des anti-Erdogan qui ont « jugé qu’il n’était pas possible d’être chrétien et de soutenir Erdogan ».

Dans cet entretien accordé à Anadolu, Burak Bayirli explique qu’il habite dans la ville d’Izmir (Ouest), fief de l’opposition kémaliste et « se considère comme une richesse de ses terres (Turquie) ». Quant à son identité, il préfère se définir « comme un chrétien orthodoxe et Arménien de l’Empire ottoman ».

Est-ce difficile de vivre en Turquie en étant chrétien, souhaitons-nous savoir. « J’ai entendu dire que c’était difficile dans la vieille Turquie, C’est ce qu’on m’a raconté. Parce qu’à l’époque, les gouvernements de gauche ont confisqué nos biens, ont fermé nos églises et ont marqué avec un signe distinctif nos maisons. Mais maintenant, dans la nouvelle Turquie, il serait tout à fait inapproprié de répondre à cette question parce que nous ne nous voyons pas différents des autres citoyens et nous avons les mêmes droits que chacun d’entre eux. Je peux affirmer que notre État et le gouvernement actuel ne font pas de discrimination et donc ma réponse est : non, ce n’est pas difficile », affirme Burak Bayirli .

Un chrétien peut-il soutenir Erdogan « l’islamiste » ?

Très actif sur les réseaux sociaux, le jeune ingénieur passe son temps à défendre les actions et le bilan du Président Erdogan. Chaque post qu’il publie suscite plusieurs « likes » et « retweets » avec des dizaines de commentaires parfois très encourageants mais surtout insultants. Beaucoup de personnes pensent qu’il n’est pas compatible d’être « chrétien turc » et de soutenir un président « islamiste » comme le définissent ses détracteurs.

Pourtant lui, il n’est pas de cet avis. « Le Président Erdogan a un problème qu’il doit combattre : les extrémistes de gauche et les laïcs qui se considèrent comme des intellectuels l’accusent d’être trop islamiste, alors qu’ils n’ont aucune preuve. Mais, ils ne cessent de le répéter et à le blâmer en espérant que les gens finissent par le croire. Tout à l’heure, j’ai volontairement utilisé le terme de « nouvelle Turquie ». Le Président Erdogan est le chef fondateur de cette « nouvelle Turquie » , apportant un nouveau visage à l’État ».

Pas de discrimination en Turquie pour les Chrétiens

Selon lui, Erdogan « ne fait aucune discrimination et respecte les droits de chacun ». Le fait que le Président Erdogan, « accusé d’être un islamiste extrémiste construise une église pour la première fois depuis la création de la République de Turquie », illustre parfaitement « cet « état d’esprit ».

Par conséquent, ceux qui trouvent cela étrange « ne sont pas favorables à la liberté de croyance en Turquie », s’insurge le jeune homme. Il remarque aussi que ces mêmes personnes « ont fait pression sur les musulmans de Turquie en les empêchant d’aller à l’école avec le voile et des hommes pieux n’avaient pas accès à la fonction publique ».

les chrétiens en Turquie

Justement, c’est cette vision de la Turquie qui lui vaut des railleries et des insultes allant même parfois à des menaces. L’étonnement ne vient pas toujours des pro-kémalistes mais parfois des pro-Erdogan aussi. Même s’il reçoit beaucoup de messages de soutien, parfois il doit aussi se justifier auprès de certains électeurs de l’AKP. Sans jamais se lasser, il n’hésite pas à réexpliquer ses positions tout en faisant face aux insultes de certains opposants.

Pour lui, il y’a une certaine croyance en Turquie qui « prévaut que la liberté de religion c’est de ne pas avoir de religion ». « En Turquie tout le monde est libre d’être non-croyant et de vivre sa vie de la même manière que les religieux peuvent le faire », confie Burak.

Il estime d’ailleurs que « ceux qui le lynchent sont ceux qui veulent semer le chaos en Turquie, diviser le pays et empêcher son développement ». De toute évidence, le jeune homme pense que ces personnes « ont pu garder le pays sous contrôle de cette manière pendant des années, empêchant ainsi son développement ». Toutefois, il constate que « la nouvelle Turquie avance rapidement vers son objectif ».

Les attaques des médias français

Le jeune homme suit aussi de près l’actualité internationale notamment celle française. « J’observe également la montée de l’islamophobie politique en France », regrette l’ingénieur. Il ne comprend pas les attaques des médias français et conteste avec insistance leur vison de la Turquie. « Nous vivons et pratiquons librement notre religion dans notre pays. La Turquie a surmonté ces problèmes » insiste le jeune homme avant d’ajouter que « désormais c’est l’Occident en général et la France en particulier qui sont confrontés à un manque de liberté ». Il n’hésite pas d’ailleurs, à leur suggérer « de regarder dans le miroir ».

Son amour pour la Turquie est tel qu’il explique ainsi que « s’il devait renaître et avoir le choix, il n’hésiterait pas une seule seconde à renaître en Turquie et à l’époque d’Erdogan ». « Pourtant », poursuit le jeune homme, « si j’étais né en tant que musulman en France, je ne pense pas que je serais autant libre ». Sûr de lui, Burak Bayirli tient à envoyer, tout de même, un message de réconciliation. « J’espère que les Français se débarrasseront de ce marais islamophobe dans lequel est tombée la France ».

Pour conclure, il voudrait s’adresser aux citoyens turcs en leur « implorant d’arrêter de mendier la démocratie Occidentale ». « Nous sommes la Turquie et ensemble nous construirons une Turquie forte », souligne le jeune homme.

Il ajoute que pour lui « l’Occident a toujours été un menteur et le restera toujours » et souhaite aussi que « la Turquie s’émancipe toute seule ».

Il termine en rappelant « qu’en tant que chrétien et ancien opposant à Erdogan », il invite chacun à « comprendre et aussi à soutenir le président de la République ».