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Quand le gouvernement se sert de la laïcité pour régler ses comptes

laïcité anti musulman

Les déclarations des membres du gouvernement français mettent à mal une laïcité française de plus en plus complexe mais surtout excluante. Cette laïcité sert désormais à régler ses comptes avec une partie de la société française.

« La France tu l’aimes ou tu la quittes », tel est le mot d’ordre de la majorité présidentielle et un grand nombre d’acteurs politiques, médiatiques, culturels et même économiques.

Cet « amour de la France » exige donc la soumission parfaite aux décisions du gouvernement, à la perception de la laïcité telle qu’elle est définie par une partie de l’élite. Cet « amour » ne vous permet plus d’avoir une opinion différente, un mode de vie au sens opposé de la majorité.

Cette conception propre à la France nuit gravement à la société française. Ainsi, les sorties fracassantes des ministres d’Emmanuel Macron, notamment Gérald Darmanin et Marlène Schiappa, donnent l’impression d’une chasse à l’homme et pas seulement des musulmans.

En effet, rappelez-vous que la loi sur le séparatisme devait viser les « islamistes » et prévenir contre les actions terroristes. Pourtant, au fil du temps, le gouvernement (mais pas que) use désormais de tous les moyens pour discréditer toute contestation politique.

Ainsi, toute personne ne se mettant pas d’accord avec les idées du gouvernement ou précisément celles de l’extrême droite devenues le programme politique de Macron, est considérée comme anti-républicaine, « séparatiste », « 5ème colonne » et « islamo- quelque chose », tant que la langue française permet d’inventer n’importe quel mot. D’ailleurs, l’UNEF un syndicat d’étudiants historique ne fait-il pas les frais de cette campagne de dénigrement ?

Islamophobie d’état

Ainsi, le gouvernement se cachant derrière « la dérive islamiste » réduit au silence la gauche et quelques contestataires de sa politique considérée comme étant « raciste » par certains. Il faut dire que depuis l’élection de Macron, on constate une libération sans précédent des propos racistes dans l’espace public.

On peut aussi citer l’exemple du mot islamophobie, qui désigne la haine anti-musulmane selon la définition des organisations internationales, et qui suscite un débat idéologique conduisant l’Etat à nier son existence. En plus de cette négation, le gouvernement de Macron sous traite désormais la gestion du racisme et de la discrimination à une association connue pour ses positions hostiles envers les musulmans.

En effet, la Ligue Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA) refuse la reconnaissance de l’islamophobie comme une haine envers les musulmans et accuse tous ceux qui soutiennent cette notion d’« idiots utiles de l’islamisme ».

La mosquée Milli Gorus de Strasbourg

Même si le gouvernement s’en défend et que le parti présidentiel, La République en marche (LREM), tente, à coup de communication, de dire que les musulmans ne sont pas visés par ces lois, les relations entre l’Etat français, sous l’emprise de l’extrême droite, et les musulmans semblent détériorées.

Il faut reconnaître que le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a nié cette réalité en mettant en avant la signature des chartes des imams par 5 fédérations sur 9 liés au Conseil français du culte musulman (CFCM). Mais aux dernières nouvelles, 4 fédérations dont la Grande Mosquée de Paris ont quitté le CFCM en accusant son président Mohammed Moussaoui de « gestion à sens unique ».

D’ailleurs cette même mosquée avait forcé les fédérations à signer ladite charte sans jamais consulter la base et surtout les imams, pourtant les premiers concernés. Cette charte censée venir des mosquées est pourtant imposée par le « haut », bafouant ainsi tout principe de laïcité. Gérald Darmanin a pourtant répété à maintes reprises qu’il s’agissait avant tout d’une initiative des fédérations du CFCM. Mais suite aux refus par trois des fédérations dont deux turques, le ministre n’a pas hésité à proférer des menaces de représailles. Cela a démontré une fois de plus que la charte provenait bel et bien d’en haut.

Ne digérant toujours pas ce refus, le ministre français s’est littéralement lâché sur Twitter en accusant la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian. En effet, le ministre écrivait sur Twitter « Même si la loi séparatisme n’est pas encore adoptée, devant la gravité des décisions prises par la municipalité verte de Strasbourg, j’ai demandé à la @prefet67 de déférer la délibération d’octroi de subvention devant le juge administratif ».

Une charte imposée par le politique par abus de pouvoir

En agissant de la sorte, Darmanin a prouvé les atteintes à la laïcité en imposant une charte qui s’apparente plus à un guide de « prêt à penser » pour les musulmans.

Darmanin accuse la mosquée turque de ne pas respecter les valeurs de la République. Pourtant, cette mosquée avait publié plusieurs communiqués expliquant les raisons, d’ailleurs légitimes, du refus de la signature de la charte. Non seulement, Darmanin n’a jamais réagi à ces interrogations des mosquées, mais il se comporte, de surcroît, comme si sa manière de voir les choses était la seule voie possible.

Pourtant, c’est bien lui qui avait pris position contre les mariages homosexuels. En effet, le site Huffingtonpost avait relevé plusieurs tweets de l’homme politique étiqueté à droite avant 2017. Ainsi, il écrivait : « #Mariage homosexuel et #adoption par les homosexuels, faut-il tout accepter sous prétexte que la société évolue ? »

darmanin mariage pour tous

Partant de ce constat, on peut donc clairement définir Gérald Darmanin comme un séparatiste refusant les valeurs de la République.

En conclusion, on peut en déduire que désormais le gouvernement français se sert de la laïcité pour régler ses comptes avec ses adversaires en utilisant la communauté musulmane comme bouc émissaire quitte à bafouer les principes mêmes de la laïcité et de la liberté d’opinion.